Quand le premier ministre belge Charles Michel ignore la volonté populaire au Burundi

Le Premier ministre Charles Michel (fils de Louis Michel qui a fait fortune comme faiseur de rois en Afrique des Grands Lacs) a prononcé un discours à la tribune de l’ONU à New York le mercredi 30 septembre 2015. Il consacre l’entrée de son discours sur le continent africain. A première vue, on dirait un philanthrope. Un esprit dépourvu de duplicité, d’opportunisme! Hélas, tel père, tel fils! « Je n’ai pas connu l’époque de la colonisation. Je ne connais que des Etats africains libres et indépendants. Je n’ai donc ni sentiment de nostalgie, ni sentiment de culpabilité. J’ai un sentiment de responsabilité. »

Mais les affaires qui éclaboussent son père en Belgique et en Afrique, Charles Michel ne peut pas faire semblant d’en être vacciné! Il n’est pas responsable des actes de son père mais il ne peut pas non plus faire croire que l’Afrique n’ait jamais été indépendante! Pas du tout pour les Burundais qui savent le rôle joué par la Belgique dans l’assassinat du Prince Rwagasore. Pas du tout pour les Congolais qui pleurent encore Patrice Emery Lumumba tué par la Belgique et la CIA! Juste des périodes d’accalmie aussi longtemps que Buyoya, Mobutu, Habyarimana, Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso ne menaçaient pas les intérêts des Occidentaux! Et dans son discours, Charles Michel ménage Paul Kagame du Rwanda alors qu’il est un tyran qui musèle la presse, pourchasse les opposants même à l’étranger et se permet de modifier la constitution pour se maintenir au pouvoir!

Charles Michel, 40 ans, n’a connu que l’Afrique libre comme la voulait son père et non les Africains! Pathétique..

Son discours tombe au moment où l’Union Européenne est en train de prendre des sanctions symboliques contre le gouvernement de Bujumbura accusé de refuser le dialogue avec les insurgés,

Et Charles Michel ose pourtant déclarer:  »
Je veux une relation sincère et franche, d’égal à égal. Un partenariat dans lequel chacun est pleinement respecté. » Dans une relation d’égal à égal, on ne traite pas un pays souverain comme un criminel! Et Charles Michel, qui dit n’avoir aucune nostalgie de la colonisation donne des leçons aux Burundais qui ont commis le crime de répondre aux élections en juin et juillet 2015:  »
Au Burundi, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour faire respecter la constitution et les accords d’Arusha. L’entêtement à se maintenir au pouvoir et une certaine forme d’aveuglement ont gravement perturbé les équilibres. Le pays est aujourd’hui profondément divisé. Les citoyens burundais, dont de nombreux réfugiés, en sont les premières victimes. Nous appelons de toutes nos forces au dialogue politique entre gouvernement et opposition sous les auspices des pays de la région, dans le cadre de la Communauté Est-Africaine.  »

Pour Charles Michel, l’écrasante majorité des Burundais (70% des électeurs) qui a choisi de voter se maintient au pouvoir au mépris des instructions des Occidentaux. Donc, elle est aveuglée par le pouvoir! Il faut dire que ce n’est ni à la Belgique ni aux Occidentaux d’interpréter la constitution du Burundi. Si Charles Michel respecte le Burundi, il doit d’abord respecter les institutions compétentes du Burundi en la matière. Les équilibres d’Arusha sont toujours respectés: au gouvernement, au sénat, à l’assemblée nationale! Mais comme les marionnettes des Occidentaux se désespèrent en Europe, la Belgique doit s’en préoccuper et user de propagande à la tribune de l’ONU! Malheureusement pour Charles Michel, l’Afrique n’est plus dupe. Les 11 Etats membres de la CIRGL (sauf le Rwanda) reconnaissent les autorités burundaises. La Communauté Est-Africaine (moins le Rwanda) reconnaît que le processus électoral s’est bien déroulé au Burundi et que les Burundais vont régler leurs différends à travers le dialogue interne. Les observateurs de l’ONU ont conclu que le processus électoral au Burundi a été pacifique malgré quelques tensions surtout à Bujumbura. Normal car les diplomates occidentaux et les ONG surtout belges étaient derrière les fauteurs de troubles et ils leur fournissent encore des financements et des visas pour se rendre en Europe ou évacuer les membres des familles des ténors de l’insurrection. En 2015, les Africains ont plutôt l’attitude de Lumumba lors de la proclamation de l’indépendance du Congo et en présence du roi des Belges pour pointer du doigt sans détour toutes les tragédies que les Occidentaux provoquent en se faisant passer pour des bâtisseurs d’un monde de paix et de bonne gouvernance!

Encore un passage du discours de Charles Michel qu’il faut décortiquer:  » La Charte des Nations-Unies consacre la souveraineté de chaque Etat. Cette souveraineté est d’abord une responsabilité. Celle de conduire le pays dans l’intérêt général. En aucun cas, la souveraineté ne peut être un prétexte pour l’oligarchie. » Pour le cas du Burundi, qui défend vraiment l’intérêt général? Le gouvernement issu des élections ou le CNARED qui est une nébuleuse venue de nulle part? Et l’oligarchie dont parle Charles Michel, elle survient ainsi parce que les Burundais choisissent de renouveler leur confiance dans le système mis en place par les anciens rebelles qui ont restauré la démocratie décapitée en 1993 dans l’indifférence des Belges? Dix ans au pouvoir pour la majorité des Burundais crée une oligarchie indésirable pour les Belges! Il faut lire entre les lignes. Mais ce n’est pas par les mensonges, une propagande ridicule et des intimidations des temps de la conquête des colonies africaines que Charles Michel pouvait impressionner les leaders africains présents à New York! La Belgique qui donne des leçons a d’ailleurs du mal à défaire de ses propres démons.

Bacinoni Roberto