Discours de Son Excellence Pierre Nkurunziza, Président du Burundi à l’occasion du lancement officiel des travaux de la Commission Nationale du Dialogue Interbururundais.

Distingués invités,

Chers compatriotes,

1. Nous commençons par rendre grâce à Dieu Tout Puissant qui nous a guidés jusqu’à cette étape combien importante sur la route de la consolidation de la paix, le renforcement de la sécurité et le rétablissement du dialogue entre tous les Burundais.

2. Comme vous le savez tous, nous venons récemment de mettre en place la Commission Nationale du Dialogue Interburundais, composée de 15 membres de diverses origines. Aujourd’hui, Nous allons procéder au lancement des activités de cette Commission, en même temps que nous lui rappelons ses missions.

3. Nous félicitons vivement ceux-là qui ont eu l’honneur de faire partie de cette Commission, mais nous leur demandons de travailler très consciencieusement, prenant pour références le respect des droits de la personne humaine, les lois et règlements de notre pays, la réconciliation nationale ainsi que la consolidation de la paix et de la sécurité au Burundi.

Distingués invités,

Chers compatriotes,

4. Dans notre pays, le Burundi, le dialogue et la concertation ont toujours existé. Dès qu’un point de désaccord se faisait remarquer, les gens se mettaient autour d’une table et échangeaient. Ils se levaient après avoir pris une décision de commun accord. C’est cela que nous voulons appuyer et faire revivre, afin que les citoyens puissent partager leur vision.

5. Cette excellente démarche de nous asseoir autour d’une table pour construire notre pays ne date donc pas d’aujourd’hui. Elle était vive avant l’arrivée du colonisateur au Burundi, elle s’est poursuivie même durant la période d’occupation. Les Burundais ont toujours mis en avant le dialogue et la concertation de concert avec le Roi.

6. Après l’indépendance, les Burundais ont continué à soutenir le dialogue et la concertation, trouvant des solutions à leurs problèmes sans aucune pression extérieure. Le colonisateur est venu détruire ce que les Burundais avaient élaboré, au point que les conséquences de l’assassinat du héros national, le Prince Louis Rwagasore, qui avait milité pour l’indépendance de notre pays, sont observables jusqu’à nos jours.

7. Nombre de Burundais ont toujours manifesté un comportement patriotique. Venez donc ! Renforçons et traduisons toujours en actes cet éternel héritage nous légué par nos grands- pères ainsi que les pionniers de l’Indépendance et de l’avènement de la démocratie au Burundi. Aimons donc notre pays, car c’est notre berceau à nous tous. Que le Prince Louis Rwagasore et le héros de la démocratie, Son Excellence Ndadaye Melchior, nous servent d’exemples ; Que le courage qu’ils ont manifesté nous soit une leçon dans le perfectionnement de notre amour de la patrie.

8. Et même bien avant eux, rappelons-nous la ténacité avec laquelle le Roi Ntare Rugamba, appuyé par ses soldats et par toute la population, a combattu l’ennemi jusqu’à ce que le Burundi ait ses frontières fixes. Rappelons-nous également comment le Roi Mwezi Gisabo a commbattu l’esclavagiste RUMALIZA, comment il a affronté les Allemands, toujours soutenu par son armée et par la population, tous travaillant la main dans la main, à cause de leur esprit patriotique.

9. Jamais donc il n’y a eu de groupuscules qui ont réussi à faire ce qu’ils voulaient, car le peuple burundais, en union avec ses dirigeants, se levait vite pour combattre l’ennemi. Venez alors, sur les traces de nos pères, mettons-nous ensemble et discutons, pour trouver des solutions à nos problèmes sans que personne ne s’en dérobe, respectant dans son intégralité le schéma nous laissé par nos ancêtres.

10. Gardons à l’esprit que toutes les fois que les Burundais se sont assis ensemble, ils ont trouvé des solutions durables aux problèmes qui les opposaient. N’oublions pas que ce sont les divisions qui sont toujours à l’origine de la dégradation d’une nation, et entraînent son déclin.

11. Il est fort pénible de voir qu’il y a des Burundais, nos frères, qui se rendent irresponsables, au point que certains passent pour de véritables mercenaires dans leur propre pays. Revenons tous aux valeurs positives nous laissées par nos grands – pères qui mettaient en avant le dialogue et la concertation, et même Dieu approuve l’esprit de la concorde.

Distingués invités,
Chers compatriotes,

12. Depuis très longtemps, les Burundais ont toujours effectué des déplacements vers des pays étrangers, que ce soit en Afrique, en Europe, en Amérique, en Asie, partout dans le monde. Les nouvelles connaissances acquises, ils venaient les utiliser à la construction de leur pays natal, et le développement se manifestait essentiellement à travers les nouvelles architectures ou dans d’autres domaines.

13. Nous saisissons d’ailleurs cette occasion pour remercier bon nombre parmi les Burundais de la diaspora qui ont montré qu’ils gardent à cœur le développement de leur pays. Ils y ont contribué en appuyant leurs frères, soit en participant aux travaux communautaires, soit en intervenant dans les secteurs de la santé publique, de l’environnement, de l’économie, le développement de la science et de la recherche, etc.

Qu’ils gardent cet esprit, c’est cela l’amour de la patrie. Bien plus, ils ne cessent de venir contribuer au développement de leurs provinces et de leurs communes d’origine. Nous les encourageons et leur en sommes reconnaissants.

14. Cependant, ce n’est pas le cas de certains autres Burundais qui sont à l’étranger, fuyant la justice à cause des délits dont ils se sont rendus coupables ; fuyant sans que personne ne les pourchasse. Pour d’autres, il a été révélé qu’ils sont impliqués dans la tentative de renversement des Institutions démocratiquement élues. Enfin il y en a d’autres encore qui sont pointés du doigt et cités dans les différents rapports de l’ONU comme perturbateurs de l’ordre dans notre région.

15. Le Gouvernement du Burundi voudrait rappeler encore une fois que ce dialogue, quelque inclusif qu’il soit, ne viendra nullement occulter l’action de la justice, ni consacrer l’impunité dans notre pays.

16. Par ailleurs, il existe un autre groupe de Burundais qui se sont rendus à l’étranger, sur les frais de l’Etat. Certains parmi eux disposaient d’une double nationalité, et ont rejoint leurs familles là-bas. Qu’ils cessent donc de distraire la Communauté Internationale, car le Gouvernement s’est même engagé à protéger et veiller sur leurs biens restés au Burundi. Bien plus, les membres de leurs familles élargies sont ici, et ils oeuvrent tranquillement au développement du pays comme tous les autres citoyens.

17. Ce n’est donc plus un secret pour personne, parmi les Burundais qui vivent à l’extérieur, il est apparu clairement que certains ont la volonté de construire leur pays natal ; mais malheureusement, d’autres veulent encore voir le Burundi sombrer. A ceux-là, nous les exhortons à revenir à la raison.

18. Qu’aucun Burundais vivant à l’étranger ne se considère plus comme supérieur à ses concitoyens restés au pays, surtout que la plupart d’entre eux ont laissé toutes leurs familles au pays.

19. C’est dans cette optique de privilégier le dialogue et la concertation que nous avons mis en place cette Commission, pour que même ces gens se ravisent et s’unissent aux autres dans l’œuvre de reconstruction de notre chère patrie, car le pays a besoin de nous tous.

20. Chers compatriotes, et surtout vous qui avez eu l’honneur d’être désignés pour piloter cette commission, nous vous rappelons encore une fois que les regards de tous les Burundais sont tournés vers vous, et qu’ils attendent de vous un signe d’impartialité. Dans vos prestations, vous êtes appelés à organiser des séminaires d’échange à travers tout le pays à l’intention de toute la population, sans oublier nos concitoyens de la diaspora.

21. Vous aurez à aborder des questions ayant trait à la politique, aux relations sociales, à l’économie, à la consolidation de la paix et de la sécurité, à l’Accord de paix d’Arusha, la constitution, l’Accord global de cessez-le-feu, la Charte de l’Unité Nationale du Burundi, le programme d’éducation et de formation patriotique, etc.

22. Cette Commission que vous constituez a un mandat d’une durée de 6 mois, mais il peut être renouvelé. La Commission produira tous les trois mois un rapport qu’il va soumettre au Chef de l’Etat pour disposition et compétence. Les copies de ces rapports seront remises à l’Assemblée Nationale et au Sénat pour information.

23. Avant de terminer, Nous voudrions encore une fois remercier les amis et les partenaires du Burundi et tous ceux qui ne cessent de nous appuyer dans notre programme de recherche d’une paix durable pour notre pays.

24. Nous invitons tous les Burundais, ceux qui résident au Burundi et ceux de la diaspora, à apporter leur contribution pour que ce programme de renforcement de la paix soit concrétisé, surtout en participant activement à toutes les rencontres qui seront organisées dans tout le pays. En ce qui nous concerne, le Gouvernement ne ménagera aucun effort pour que ce dialogue inter-Burundais soit couronné de succès.

25. Pour clôturer, nous voudrions remercier tous les Burundais, surtout les Forces de Sécurité, pour leur engagement dans la sauvegarde de la paix et la sécurité de leur patrie ; ayez toujours à l’esprit que personne d’autres n’aimera le Burundi plus que ses propres fils, ainsi que le Dieu qui l’a créé.

26. C’est sur ces mots que nous déclarons solennellement lancés les travaux de la Commission Nationale du Dialogue Interburundais.

QUE DIEU VOUS BENISSE, JE VOUS REMERCIE