Un groupe de Burundais ayant vécu en occident a animé ce mardi 17 novembre une conférence de presse. Ils ont fustigé les propos tenus par l’euro-parlementaire Louis Michel.
Emmanuel Bamenyekanye : «La Belgique et Louis Michel font partie du problème burundais»Emmanuel Bamenyekanye : «La Belgique et Louis Michel font partie du problème burundais»
D’entrée de jeu, ce groupe de Burundais ayant vécu en occident a indiqué son soutien indéfectible au parti au pouvoir : «Les dirigeants actuels du Cndd-Fdd viennent pour la plupart des milieux inconnus des occidentaux. Ils sont convaincus d’être arrivés au pouvoir sans l’appui des occidentaux. Ils ne se sentent pas liés aux Européens dans la gestion de la chose publique. Ils ne sont pas redevables», soutient Emmanuel Bamenyekanye, directeur du département Pharmacie au ministère de la Santé, au nom de ce groupe.
Ces anciens membres de la diaspora burundaise n’ont pas manqué d’insister sur la ’’souveraineté’’, un vocable aujourd’hui cher au parti au pouvoir: «Jusqu’à preuve du contraire, le Burundi est un pays souverain et indépendant où il y a eu un processus démocratique avec des élections libres, régulières et transparentes. On se demande pourquoi la question des mandats pose problème au Burundi et pas ailleurs ? Les institutions qui dirigent le pays de la base au sommet sont légales et légitimes», argumente Emmanuel Bamenyekanye.
«Plus paradoxal est la sympathie que certains Occidentaux témoignent aux manifestants, jusqu’à leur donner arme et arguments pour refuser la candidature de Nkurunziza», a-t-il lancé. «Les Occidentaux, Louis Michel en tête, devraient nous aider à ramener la paix et la sécurité dans les quartiers contestataires», appellent ces Burundais à la double nationalité.
«Que conseillerait Louis Michel à son fils Premier Ministre belge en cas de manifestations insurrectionnelles à Bruxelles dans des quartiers de Molenbeek, Schaerbeek ou Saint Gilles ? », s’interrogent-ils avant de tenter une réponse : «Ceci nous renvoie aux mesures prises actuellement par le gouvernement français après les attentats de Paris. On ne négocie pas avec les terroristes. La sécurité ne se négocie pas», a martelé Emmanuel Bamenyekanye au nom de ce groupe.
Dans la foulé des manifestations violentes, insiste-t-il, l’Europe a décidé de condamner la police et des sanctions ont été prises pour certains dignitaires burundais sans aucune possibilité de se défendre. «La Belgique et Louis Michel usent et abusent de la position dominante au lieu de privilégier la paix et la réconciliation entre citoyens burundais.»
Et ce n’est pas tout comme reproches: «La Belgique et Louis Michel en tête devraient savoir que ni le génocide, ni les massacres à grande échelle qu’ils veulent vendre à la Communauté internationale ne sont pas possibles au Burundi.»
Ces Burundais ne sont pas opposés au dialogue inclusif, ils demandent qu’il y ait des ’’garanties pour les personnes devant venir de l’étranger’’. «Mais brandir des sanctions est contreproductif», affirment-ils. Ils encouragent le gouvernement à continuer le processus de dialogue inclusif et explorer les voies de faire participer les Burundais représentatifs de la diaspora.
Louis Michel fait partie du problème burundais
Ces Burundais ayant vécu en l’occident réclament également que l’assassinat du prince Louis Rwagasore soit élucidé. Ils accusent Louis Michel d’avoir tout fait lors des négociations de l’Accord d’Arusha pour que ’’la CVR ne recule pas au-delà de la date de ce meurtre’’. «La Belgique et Louis Michel font partie du problème et ont une grande responsabilité dans la situation actuelle…»
Cette conférence de presse s’est terminée par quelques recommandations aux pays occidentaux. Ils ont ’’condamné les putschistes du 13 mai et leurs alliés, encouragé les forces de l’ordre à continuer le désarmement professionnel et respectueux des droits de l’Homme jusqu’à ce que la dernière arme détenue illégalement soit récupérée’’.
Selon ces anciens membres de la diaspora burundaise aujourd’hui proche du pouvoir, l’UE, la Belgique et Louis Michel devraient soutenir le gouvernement sur les mesures déjà prises pour désarmer les civils qui détiennent illégalement des armes.
Ce groupe de Burundais ayant vécu en occident recommande à la Communauté internationale de ’’condamner les propos incendiaires de Louis Michel et de lui demander de présenter des excuses au Burundi et à ses dirigeants nouvellement élus’’.