Crise au Burundi: l’attitude de la Belgique dénoncée pour « entrave à la réconciliation »

La prise de position du gouvernement belge dans le conflit burundais « en faveur des personnes ou des milieux impliqués dans les violences actuelles » constitue une véritable entrave à tous les efforts de réconciliation du peuple Burundais, a affirmé mardi le gouvernement burundais, au lendemain de déclarations du chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, en faveur d’une action de la communauté internationale dans ce pays plongé dans une grave crise politique.

« Le gouvernement du Burundi invite la Belgique à se rappeler de sa responsabilité historique sur le passé et le présent du Burundi, son ancienne colonie, et qu’au lieu de se tenir en accusateur, son rôle devrait plutôt être son avocat auprès de l’Union européenne », a indiqué son porte-parole Philippe Nzobonariba, dans un communiqué.

« La prise de position du gouvernement belge dans le conflit burundais, et ce en faveur des personnes ou des milieux impliqués dans les violences actuelles constitue une véritable entrave à tous les efforts de réconciliation du peuple Burundais, et la Belgique en portera toute la responsabilité », a ajouté M. Nzobonariba.

Le chef de la diplomatie belge avait appelé lundi la communauté internationale à agir au Burundi, un pays d’Afrique centrale plongé dans une spirale croissante de violences.

Près de 90 personnes ont été tuées vendredi pendant et après des attaques coordonnées contre trois camps militaires au Burundi, selon un bilan de l’armée faisant état du décès de 79 « ennemis » et de huit soldats et policiers. Ces violences sont les pires enregistrées au Burundi depuis un coup d’Etat manqué en mai, déclenché par la candidature controversée du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, qu’il a obtenu à l’élection qui a suivi en juillet.

Selon M. Nzobonariba, le gouvernement de Bujumbura « s’étonne de l’amalgame » entretenu par la Belgique à travers les déclarations de M. Reynders, qui, « tout en condamnant les violences de ceux qu’il appelle les assaillants, affirme en condamnant gratuitement les forces de sécurité burundaises d’usage de forces disproportionnées dans leur riposte ».

« Comme si la Belgique connaissait la nature, la qualité et la quantité des armes utilisées par les terroristes pour affirmer la disproportion de la riposte », souligne le communiqué.

Le porte-parole du gouvernement dénoncé aussi l’appel à l’action lancé par le ministre belge à l’adresse du Conseil de sécurité des Nations unies et du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine (AU) afin de prendre les mesures de protection de la population qui s’imposent.

« Il apparaît clairement que la Belgique feint d’ignorer que le Burundi est un Etat souverain qui dispose des forces de défense et de sécurité, composées dans l’esprit d’unité nationale inspiré des Accords d’Arusha contrairement à celles des régimes précédents, et qui sont donc capables de sécuriser la population et les institutions du pays comme elles l’ont prouvé en déjouant rapidement et avec efficacité le putsch du 13 mai 2015 », poursuit M. Nzobonariba.

Selon lui, « il serait donc hors propos de parler d’amener des forces étrangères au Burundi alors que ce dernier est le premier pays d’Afrique fournisseur de troupes de maintien de la paix dans le monde ». « Ceux qui le préconisent cachent bien d’autres intentions », estime le porte-parole du gouvernement burundais.