La quasi-totalité des reporters du « New York Times », du « Wall Street Journal » et du « Washington Post » sont concernés. Par Frédéric Lemaître Publié La rivalité entre Pékin et Washington vient de faire de nouvelles victimes : les journalistes américains basés en Chine. Ce mardi 17 mars 2020, le ministère chinois des affaires étrangères a donné dix jours aux reporters travaillant dans le pays pour le New York Times, le Wall Street Journal et le Washington Post « dont la carte de presse expire en 2020 » pour rendre celle-ci. « Ils ne seront plus autorisés à travailler comme journalistes en République populaire de Chine, y compris dans les régions administratives spéciales de Hongkong et de Macao », a déclaré le communiqué du ministère. Les journalistes étrangers installés en Chine se voyant délivrer – dans le meilleur des cas – une carte de presse annuelle, la quasi-totalité des reporters américains de ces trois médias sont concernés. Par ailleurs, ces trois entreprises de presse, ainsi que Voice of America et Time, doivent fournir par écrit des informations sur leurs effectifs, leurs finances, leurs activités et leurs biens immobiliers en Chine. Enfin, Pékin va prendre « des mesures contre les journalistes américains », « en réponse aux restrictions discriminatoires que les Etats-Unis ont imposées aux journalistes chinois ». Ces différentes annonces constituent, selon le communiqué, des « contre-mesures contre les dispositions restrictives prises par les Etats-Unis envers les agences de presse chinoises ». Une « mentalité de guerre froide » Le 18 février 2020, l’administration américaine avait annoncé que l’agence Chine nouvelle, la télévision CGTN, Radio Chine internationale et les journaux China Daily et Le Quotidien du peuple seraient désormais considérés comme des missions diplomatiques et non plus comme des médias par le département d’Etat. Le 2 mars, il avait été précisé que ces organes « de propagande » ne pourraient plus employer que 100 ressortissants chinois au maximum à partir du 13 mars, contre 160 fin février. Chine nouvelle, avec 59 employés concernés, est la plus affectée par cette décision, devant CGTN (30), le China Daily (9) et Radio Chine internationale (2). Le distributeur américain du Quotidien du peuple ne semble pas employer de Chinois. Pékin avait alors dénoncé « la mentalité de guerre froide et un parti pris idéologique » des Etats-Unis et avait annoncé une riposte. Le 19 février, la Chine avait donné cinq jours à trois journalistes du Wall Street Journal – deux Américains et un Australien – pour quitter le pays. Il ne s’agissait pas explicitement d’une réponse à la décision américaine annoncée la veille mais une réaction à un point de vue publié le 3 février par le quotidien américain titré : « La Chine, homme malade de l’Asie. » Un titre jugé « raciste » par Pékin qui a exigé – en vain – des excuses de la part du Wall Street Journal. Ildephonse Murayi-Habimana |