Les coulisses du dialogue inter burundais

L’ajournement sine die des négociations inter burundaises à Arusha a poussé notre rédaction à faire une petite analyse approfondie sur la situation politique au Burundi pour tenter d’expliquer certains faits et gestes des politiciens burundais ainsi que leurs amis qu’ils soient africains ou occidentaux.

A Bujumbura, les amis du président NKURUNZIZA ne sont pas au repos … ils sont à l’œuvre. Des informations fiables nous font état d’une rencontre entre les partis politiques qui ont participé aux élections de 2015 avec le bureau de la facilitation avant la reprise des négociations. On peut même qualifier cette rencontre comme étant plus une rencontre entre les parties qui soutiennent le CNDD-FDD dans sa démarche politique plutôt qu’autre chose.

Fier du soutien des pays de la région à la sortie du dernier sommet des chefs d’Etats de l’EAC, le camp NKURUNZIZA sera réconforté par le fait que pour l’EAC et donc pour la Médiation, la question du troisième mandat et celle d’un gouvernement transition ne reviendront jamais à la table des négociations d’Arusha. C’est un acquis, semble-t-il pour le camp NKURUNZIZA.

La seule question abordable est celle de la gestion de la situation actuelle. C’est ce que même le CNARED a seulement eu l’occasion de présenter devant le médiateur à Bruxelles.

Les pressions que connait aujourd’hui le gouvernent de Bujumbura est uniquement sur une demande d’ouverture envers certains membres de l’opposition comme le stipule bien la constitution. Cette constitution est aussi soumise à des négociations car le gouvernement et la région sont d’accord sur un fait, elle semble être codée et doit être soumise à des changements pour avoir plus de clarté sur certains points qui font débat. Des tractations seraient en cours et seront bientôt présentées au public.

Si le CNARED a comme arme de défense la récursion du secrétaire général de l‘EAC en la personne de BAPFUMUKEKO Libérât, les amis du président ont décidé, eux aussi, de demander à la médiation que les européens n’entrent plus dans la salle des négociations. C’est une affaire entre burundais et les européens n’y ont rien à faire selon les amis de NKURUNZIZA.

Cette stratégie tombe au moment où certains pays de l’UE commencent à reconnaitre le régime de NKURUNZIZA. C’est notamment le cas de la Norvège et de la Suisse qui ne cachent plus leur sympathie au président burundais.

Il faut aussi savoir que le refus du secrétaire général de l’EAC est une affaire très compliqué. Le CNARED est très loin d’avoir gain de cause. Le mandat de la médiation est sous la houlette de l’EAC. Pour récuser le secrétaire général de l’EAC, il faut d’abord remettre en cause l’autorité du président en exercice de l’EAC le tanzanien MAGUFULI. Ce n’est pas tout, il faut aussi remettre en question les recommandations du dernier sommet des chefs d’Etat de l’EAC. Cette démarche peut prendre facilement cinq ans. Le CNARED peut déchanter.

Aujourd’hui le CNARED est en débandade, NKURUNZIZA est en bonne posture. Il n’a pas d’opposition. Le CNARED qui avait menacé les partis prenant part à cette plateforme vient d’essuyer un échec cuisant quant à sa participation comme une entité. Les partis FRODEBU, CNDD, UPRONA, PARENA, MRC, RADDES ont répondu favorablement à l’invitation du médiateur malgré les menaces du directoire du CNARED.

Nous apprenons aussi que plusieurs partis politiques membres du CNARED n’ont jamais signé le fameux acte d’engagement qui les interdisait de participer aux négociations en dehors de cette coalition. Il ne reste que des partis sans légitimités et qui comptaient sur le CNARED pour leur donner un semblant de vie politique.

Quelques acteurs politiques sont également en difficulté. C’est le cas de MINANI Jean, le président du CNARED, qui n’a plus de parti politique. NDITIJE Charles n’a aucune assise politique au Burundi. Madame Concilie NIBIGIRA gère le parti UPRONA avec les moyens que l’on connait. Les frondeurs n’ont aucune légitimité. Des informations à prendre au sérieux nous confirment que le parti au pouvoir est prêt à pardonner les frondeurs. Les tractations sont déjà très avancées selon notre source.

Reste SINDUHIJE Alexis. SINDUHIJE est devenu indésirable partout depuis qu’il a brandit la barbarie et le terrorisme comme son arme fétiche pour chasser NKURUNZIZA du pouvoir. Avec cette vision, il se voit freiné dans son envole par les résolutions des nations unies qui stipulent qu’on ne peut pas négocier avec les terroristes. Ce stratagème met en péril plusieurs autres acteurs surtout de la société civile en exil qui semblent être accusés de participation au putsch de mai 2015.

En ce qui concerne NZOMUKUNDA Alice et BASABOSE Matthias, leur parti n’est que l’ombre d’eux mêmes. En plus, un congrès de ce parti risque d’avoir lieu dans les prochains jours pour les chasser à l’instar de ce qui s’est passé pour MINANI Jean.

Seul NYANGOMA Leonard est en bonne posture. Il semble jouir d’une aura favorable dans toutes les sphères de stratégie politique. Son parti est solide et fait une politique classique. Son passé lui donne une avance sur beaucoup de ses compères qui sont avec lui dans l’opposition.

Quant aux membres de la société civile qui sont NININAHAZWE Pacifique et NSHIMIRIMANA Vital, leurs mensonges les ont rattrapés avec le temps. Ils craignent plus les familles des jeunes qu’ils ont envoyé à la boucherie que le pouvoir de Bujumbura. Aujourd’hui, d’après le constat de nos investigations, les jeunes tutsi de la capitale qui ont été manipulés pendant les manifestations jurent de se venger.

En ce qui concerne le Major BUYOYA Pierre, les choses ne sont pas mieux pour lui. Le régime de Bujumbura va bientôt rouvrir le dossier du putsch qui a couté la vie du président NDADAYE Melchior en 1993. Dans cette foulée, le vice-président du CNARED, le Major BUSOKOZA Bernard, ne sera pas en reste.

Avec tous ces éléments, le régime de Bujumbura se sent très conforté et risque de remettre en question les négociations d’Arusha. Dans son discours du 1er juillet, le président burundais a sorti des vérités qui ont donné froid au dos aux ambassadeurs des pays de l’UE présents dans les tribunes. Il leur a rappelé que leur plan a échoué. Et les jours qui ont suivi certains diplomates ont rencontré le président en lui confirmant leur soutient dans les audiences qu’il leur a accordé.

Seul la Belgique reste en disgrâce avec le Burundi. Les informations que nous avons font état de la non-accréditation de l’ambassadeur belge à Bujumbura. Il est officieusement accusé d’être un homosexuel, ce que le président ne tolère pas. Mais en réalité, le Burundi ne veut pas d’ambassadeur de Belgique au Burundi.

Si cette situation reste comme telle, les négociations risquent de ne plus avoir raison d’être … L’opposition a du pain sur la planche !

La Rédaction de Bujumbura news