Des généraux entrent dans le Stade Ingoma sur le rythme de la fanfare. Au milieu d’entre eux, le cercueil transportant la dépouille de feu Pierre Nkurunziza, ancien président de la République. L’émotion est palpable dans les gradins du stade. Des gens éclatent en larmes. Des visages ébahis. «Finalement, il est mort. Je n’y avais pas encore cru», indique un citoyen venu de la province Ruyigi.
Dans le stade, les invités étaient installés par provinces d’origine, comme lors de l’investiture du président Evariste Ndayishimiye. Ce dernier est au bord des larmes pendant qu’il fait son discours. Il rappelle les années de guerre. «Il m’a beaucoup appris Sogokuru (Grand-père). On a longuement discuté». Sa voix se casse. Le cœur du président de la République est en émoi. Il se reprend. Mais l’émotion est là.
Le cercueil est placé devant la tribune d’honneur. Les gens sont sous le choc. L’ancienne première dame, Denise Nkurunziza, est assise à côté de celui qui a succédé à son mari, le Général-Major Evariste Ndayishimiye.
Très calme, avec grâce selon certains, ses paroles sont profondes, dignes : « Il y a des gens que nous avons perdus et que nous n’avons pas enterré, il y en a qui ont perdu les leurs mais qui n’ont pas pu les enterrer, ils savent à quel point ça fait mal. Nous avons eu la grâce, je voudrais exprimer ma reconnaissance avant l’enterrement ». Elle ajoute : « Ne pleurez pas pour le défunt, mais pleurez plutôt pour vous-mêmes. C’est le moment de faire un examen de conscience, Posez-vous des questions: qu’est-ce que je suis en train de faire ? Où est-ce que j’en suis dans mes responsabilités ? ».
Des chuchotements fusent un peu partout dans le stade . «Toujours égale à elle-même», commente avec admiration un participant aux cérémonies. Altière, dans ses discours au Stade Ingoma et au lieu de l’enterrement, Denise Nkurunziza forcé l’admiration . Elle n’a pas tari d’éloges à l’égard de son défunt mari.
Avec son fils aîné Kelly, en grande tenue d’officier , Denise Nkurunziza et les quatre autres enfants du défunt sont arrivés au stade sereins. Au monument du combattant, sur la colline Musinzira, Denise Nkurunziza et les enfants ont salué le corps du défunt.
Les journalistes n’avaient pas le droit de filmer la mise en terre. 21 coups de canons ont retenti dans la ville de Gitega. Plusieurs personnes se sont évanouies et évacuées par la Croix-Rouge.
Plusieurs invités de marque étaient présents, on peut citer le Premier ministre tanzanien et l’ancien président de la République de Tanzanie, Jakaya Kikwete. Ce dernier était déjà présent à l’investiture du président de la République, Evariste Ndayishimiye. Tous les invités garderont le souvenir d’une famille digne et sereine dans ces moments difficiles.