Quarante-quatrième Session du Conseil des droits de l’homme: déclaration de l’Ambassadeur, Représentant permanent de la République du Burundi à Genève, à l’occasion du dialogue interactif avec la commission d’enquête sur le Burundi lors de la présentation de son 2ème rapport oral.
Genève, Palais des Nations – salle XX, le 14 juillet 2020
Madame la Présidente,
- La délégation du Burundi se réjouit de participer à cette 44ème session du Conseil des Droits de l’homme et vous félicite de la sagesse avec laquelle vous conduisez les travaux de cette session.
- Cette session se tient au moment où le Burundi pleure encore la disparition inopinée de son Excellence Monsieur Pierre NKURUNZIZA, ex-Président du Burundi. Nous voudrions demander à la Plénière de se joindre au peuple burundais pour observer quelques secondes en mémoire de l’Illustre disparu. (Merci)
- Le rapport oral présenté est un rapport qui vient de clarifier enfin le vrai mandat de cette Commission et qui mérite d’être simplement rejeté. En effet, cette commission affirme que « Si la communauté internationale est réellement soucieuse de voir la situation des droits de l’homme évoluer positivement au cours des prochains mois et années, elle doit rester vigilante car le système de gouvernance mis en place au profit du parti CNDD-FDD reste en place ».
- Bref, ce clin d’œil constitue une preuve suffisante que le vrai mandat de la Commission est de tout faire pour faire changer le système de gouvernance au Burundi, et tout le monde comprend ce que cela signifie.
- Le Burundi a toujours clamé haut et fort que cette commission n’est pas un mécanisme d’enquête onusien et objectif avec un mandat temporaire tel qu’il est écrit et connu, mais plutôt un mécanisme sui generis avec un agenda géopolitique minutieusement et librement accompli au profit notamment de l’opposition politique burundaise.
- Certes, le Burundi reste conscient du rôle crucial que doit jouer le Conseil des droits de l’homme dans le renforcement, la promotion et la protection des droits de l’homme dans le monde, mais ne peut pas accepter des mécanismes de type gendarme, des mécanismes qui se permettent de s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats jusqu’à diffamer et injurier les autorités publiques sous la bénédiction dudit Conseil et en violation flagrante de la Charte des Nations Unies.
- Le contenu des rapports de cette Commission n’offre pas l’odeur et la qualité d’une expertise onusienne neutre, qui honore le Conseil des droits de l’homme. C’est pour cette raison que le Burundi réaffirme son refus de coopérer avec une telle Commission.
- Le Burundi voudrait aussi en appeler à la conscience de la Communauté internationale pour songer à d’autres canaux de coopération positive et sereine, répondant aux aspirations du peuple burundais plutôt que de se laisser embarquer par une commission au langage d’opposant politique. Et pour cause, quel est l’intérêt direct pour cette Commission « …d’attirer l’attention sur la responsabilité de tous les partenaires techniques et financiers du Burundi de s’assurer que leur assistance au développement du pays ne puisse pas contribuer d’une manière ou d’une autre à la persistance des violations des droits de l’homme » au Burundi, et « qu’il serait prématuré de se prononcer sur la possible évolution de la situation avec les nouvelles autorités ?»
- Un tel langage n’est pas de nature à favoriser un bon climat entre le Burundi et le Conseil des droits de l’homme. Les Nations Unies sont par ailleurs appelées à vérifier la nécessité et l’utilité de cette Commission. Pour rappel, les scénarios apocalyptiques de violations massives de droits de l’homme, présentés par cette Commission dans ses précédents rapports et basés sur des soi-disant facteurs de risque à l’occasion des élections de 2020, ont été balayés d’une main par le peuple burundais qui a plutôt défié cette Commission et témoigné de sa maturité à prendre en main sa propre destinée.
- Par les élections de 2020, le Burundi vient de marquer l’histoire et tourner la page avec la transition pacifique au sommet de l’Etat et la mise sur pied d’un nouveau gouvernement. Les différents partenaires techniques et financiers sont dès lors invités à changer de vision et poser des gestes de bonne coopération au développement répondant aux priorités de la population bénéficiaire telles que détaillées dans le Plan National de Développement (PND) de 2018-2027.
- Le Burundi reste disponible à renforcer sa coopération avec les Nations Unies dans le strict respect de l’art.2 de la Charte des Nations Unies qui recommande de « Développer entre les nations des relations amicales fondées sur le respect du principe de l’égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes (…) ».
- En rapport avec la pandémie de covid-19, le Burundi voudrait inviter la Commission à se garder de politiser et de dramatiser la situation. Par ailleurs, le sadisme avec lequel cette Commission manifeste sa satisfaction de la gestion de cette covid-19 par rapport au décès du Président Pierre NKURUNZIZA, témoigne d’un déficit d’humanité. Le Burundi voudrait informer que, jusqu’à preuve du contraire, le Président Pierre NKURUNZIZA n’est pas mort de la covid-19. Tous les pays du monde ont été touchés par cette maladie, et la situation au Burundi est aujourd’hui maitrisée. Les structures sanitaires sont à l’œuvre et les malades guérissent.
- En terminant, nous voudrions rappeler au président de cette Commission, Monsieur Doudou Diène, qu’aucune prérogative ne lui donne le droit de diffamer les membres du gouvernement et des hauts fonctionnaires en les mettant au mépris du monde entier par des imputations de possibles détournements de fonds de l’aide publique au développement, d’enrichissement illicite, de prise illégale d’intérêt et de corruption, et qu’il peut être sommé de fournir des preuves irréfutables devant une instance judiciaire habilitée. Les Nations Unies doivent accepter de sauvegarder l’honneur des Etats membres contre le manque de respect de certains de ses fonctionnaires. JE VOUS REMERCIE