Kazakhgate: nouvelles révélations embarrassantes pour De Decker et… Reynders

L’affaire « Kazakhgate » qui secoue la France depuis quelques années concerne des pots-de-vin versés par des proches de Nicolas Sarkozy à diverses personnes afin de faciliter la vente d’hélicoptères français au Kazakhstan de Noursoultan Nazarbaiev. Armand De Decker, déjà mis en cause par le Canard Enchaîné, est à nouveau dans la tourmente. Mais Didier Reynders est également cité.
Pour rappel, le bourgmestre d’Uccle Armand De Decker (MR) avait été mis en cause voici 4 mois par le Canard Enchaîné (les détails ici). L’hebdomadaire évoquait le rôle qu’aurait joué dans cette saga l’homme politique belge. Selon le Canard, l’avocate niçoise Catherine Degoul, qui serait intervenue dans le dossier, aurait touché plus de 7,2 millions d’euros de commissions avant d’en reverser 3 millions à un cabinet d’avocats bruxellois et 734 346 à M. De Decker, avocat lui aussi mais également vice-président du Sénat à l’époque.

Pourquoi ce versement à Armand De Decker? Il s’agirait d’un « remerciement » pour avoir fait en sorte, en 2011, que le Parlement belge accélère l’examen de la proposition sur la transaction pénale élargie. Objectif: servir les intérêts économiques de Nicolas Sarkozy, qui espérait vendre 45 hélicoptères français au Kazakhstan. Le président de ce pays d’Asie centrale aurait en effet conditionné cette vente à la fin des poursuites pénales par la justice belge à l’encontre de son ami, le milliardaire belgo-kazakh Pathok Chodiev.

De Decker avait alors réagi aux accusations: « J’ai bien reçu des honoraires et pas une soi-disant récompense, mais j’ai payé des impôts là-dessus. La somme reçue est importante car le dossier est important, mais n’est pas du même ordre que ce qui est paru dans la presse! » (sa réaction complète ici).

Mais ce vendredi, c’est le journal Le Monde qui en ajoute une couche dans son magazine « M », laissant sous-entendre de forts soupçons contre Armand De Decker. En effet, le juge en charge de l’enquête en France Me Grouman a constaté qu' »aucune note d’honoraires émanant du cabinet de Me De Decker n’avait été découverte et qu’il ne fallait pas que Me De Decker apparaisse. » Or, d’autres avocats intervenus dans le dossier ne se sont pas cachés, eux.

Le magazine rappelle également – comme le Canard Enchaîné plus tôt – que « pour résoudre cette affaire [en 2011], un texte de loi a été voté à la hâte, organisé et suscité par Armand De Decker, qui a sensibilisé 3 ministres: justice, finances et affaires étrangères ». A cette époque, Stefaan De Clerck , Didier Reynders et Steven Vanackere exerçaient respectivement ces fonctions.

Enfin, l’article du « M » épingle encore D. Reynders en donnant la parole à un ingénieur belge qui aurait joué les intermédiaires entre les Kazakhs et l’Elysée. Selon cet homme, Guy Vanden Berghe, De Decker aurait été mis en contact avec l’avocate niçoise Catherine Degoul (au centre du dossier) via Didier Reynders et Claude Guéant.