Burundi : Pourquoi Pierre Claver Mbonimpa a été arrêté ?

L’homme qui a fondé et préside une organisation dont l’objectif principal est la défense des prisonniers, a été arrêté jeudi 15 mai 2014 dans la soirée, alors qu’il tentait de fuir le pays. Il était à sa troisième convocation ce jour même, au lieu de se présenter personnellement , il a délégué son avocat de défense Me Armel Niyongere qui dira a l’officier de la police judiciaire des parquets que son client est en mission à l’étranger(sic). « Mon client n’a pas pu se présenter car, il est en mission à l’étranger ». On comprend bien ce subterfuge tactique puisque son avocat ne souhaitait pas que l’un ou l’autre officier de la police ait l’idée saugrenue d’aller le chercher et qui l’aurait arrêté. Il a fallu pour Pierre Claver Mbonimpa un peu du temps pour brouiller les pistes d’une enquête sérieuse déjà ouverte. Pourquoi son arrestation ? Accusé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat pour avoir tenté d’inciter la population à la révolte contre les pouvoirs publics délit passible de trois ans de prison. Ensuite d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat pour avoir tenté de créer une crise diplomatique entre le Burundi et la République Démocratique du Congo (RDC). Délit passible de cinq ans de prison ainsi que le faux et usage de faux. Ce sont les trois délits dont s’est rendu coupable l’ancien prisonnier, a indiqué le procureur de la République en Mairie de Bujumbura, Arcade Nimubona. Ayant comparu à deux reprises devant l’officier de la police judiciaire des parquets pour apporter les preuves de ses allégations lourdes de conséquences pour le Burundi et les Burundais, il a seulement présenté quatre photos dont des guériollos et des cadavres non identifiés qu’il présente comme des jeunes Imbonerakure affiliés au parti CNDD-FDD. N’étant pas parvenu à convaincre l’enquêteur, pour se tirer des griffes de la justice, il a usé d’une astuce arguant comme quoi, il était en possession d’autres preuves. Chose accordée et le prochain rendez-vous fixé jeudi le 15 mai 2014, celui-ci constituait pour lui une marge de manœuvre pour plier ses valises et prendre la fuite. Dans la foulée, à l’instar de Sinduhije Alexis, il a essayé de se justifier d’une façon peu claire, pour n’avoir pas comparu devant la police, tantôt comme un empêchement dû à sa mission à l’étranger, tantôt suite à la peur de la décision issue d’une réunion tenue par les hauts gradés de la police mercredi 14 mai 2014, une rencontre visant son arrestation. Au lieu de recourir à toutes ces manœuvres , Me Armel Niyongere aurait mieux fait d’emboîter le pas à son collègue Me François Nyamoya qui , lors de la dernière audience de son client Léonce Ngendakumana a eu le courage de déclarer à la presse que ce dernier s’est avoué incapable de fournir les preuves prouvant l’existence d’une similitude entre la radio Rema FM et la tristement célèbre Mille Collines du Rwanda de Habyarimana. Et a demandé pardon. A-t-il ajouté. Reste à démontrer la catastrophe humanitaire en perspective au Burundi. Chose annoncée depuis le 06 février 2014 à ce jour et les preuves restent éternellement absentes. C’est pourquoi, selon une certaine source sous le sceau de l’anonymat, Pierre Claver Mbonimpa a décidé de voler au secours de son compère qui reste malheureusement dans les collimateurs de la justice. Ironie du sort, les deux amis, par la force des choses et contre toute attente, viennent de se retrouver pris en sandwich par le code pénal. Personne n’avance, personne ne recule. Des cartes mal jouées ? On le saura plus tard. Ce qui est certain, c’est qu’un complot a été ourdi contre le parti au pouvoir le CNDD-FDD, visant à le salir et le diviser afin de l’affaiblir. L’Adc ikibiri pour qui roule une partie des activistes de la prétendue société civile, se retrouve aujourd’hui comme un naufragé au milieu d’un océan houleux. Par amour patriotique, ils devraient se ressaisir pour oeuvrer au service du peuple burundais et non pour leurs intérêts sectaires.

M. Jean Ikoraneza, Burundi-info.com, Bujumbura, le vendredi 16 mai 2014