Le Burundi participe dans des missions variées de maintien de la paix à l’étranger. La grande participation se fait dans la mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom). Ces participations ont des apports, que ce soit sur le plan du professionnalisme, économique et social. Le corps de défense et les militaires se réjouissent des apports de ces participations. Le résultat profite aussi au pays et même à la population burundaise directement ou indirectement.
Les militaires qui participent dans l’African mission in Somalia (Amisom) sont à leur deuxième tour pour certains et troisième pour d’autres. Ces militaires disent que cette participation a transformé leur vie. En effet, disent-ils, « dans certaines régions du pays, la population vit encore dans des maisons en paille, les familles des militaires comprises. Mais, avec la participation à l’Amisom, les familles des militaires se distinguent des autres. Ces militaires ont en fait transformé les toitures de leurs maisons et les ont couvertes soit avec des tôles, soit avec des tuiles». Certains ont transformé leurs maisons ou tout simplement construit des maisons semi-durables ou durables. Dans certaines localités, il existe des cités qui se distinguent des autres et qui sont baptisées Somalie. Les militaires disent que leurs familles connaissent le bien-être grâce à la participation du Burundi à l’Amisom. « Nous avons entrepris des microprojets tels que l’élevage, le petit commerce… . Aujourd’hui nous avons confiance que si nous pratiquons l’agriculture, les chances de bien récolter sont nombreuses grâce à la fumure du bétail. Cela contribue dans l’amélioration du mode de vie de nos familles », ajoutent-ils. Cette participation ne profite pas seulement aux familles des militaires. En effet, disent J. Berchimans Ndabarushimana et Gaëtan Ndikuriyo, tous maîtres-maçons, « nous autres, avons été atteints par l’indemnité perçue en Somalie par les militaires. Nous venons de passer des mois et des mois à l’intérieur du pays où nous construisons les maisons des militaires qui rentrent de la Somalie. Quand nous sommes montés, nous avions le projet de construire pour celui qui nous avait approché, mais arrivés là, avant même qu’un chantier ne soit terminé, d’autres militaires nous avaient déjà proposé de leur faire autant ». Et comme l’argent est toujours succulent, disent-ils en souriant, ils y sont restés, construisant une maison après une autre, au risque même d’entrer en conflit avec leurs épouses en qui commençait à naître l’idée d’être discrètement abandonnées. Ils témoignent que les indemnités de l’Amisom contribuent dans la transformation de la vie du pays et de la population.
Sur le plan du professionnalisme
Le porte-parole de la Force de défense nationale, le colonel Gaspard Baratuza estime que la participation à la mission de maintien de la paix dans les pays étrangers a transformé le niveau professionnel des militaires burundais. En effet, bien avant le premier départ en 2008, il a été organisé une formation des formateurs à l’intention des militaires burundais. Ainsi, le centre de Mudubugu a été retenu pour abriter les formations des militaires qui s’apprêtent à se rendre en Somalie. Les militaires donc suivent les formations sur le professionnalisme de qualité avant d’aller dans cette mission. Selon M. Baratuza, ce professionnalisme a même été salué par la communauté internationale au regard du travail sur terrain de ces militaires. « Nous avons réussi là où les autres ont échoué », dit M. Baratuza avec fierté. En effet, quand ils sont arrivés en Somalie, la vie était impraticable. Mais, ils ont opéré aux côtés des autres militaires déjà présents sur terrain et se sont accaparés des fiefs et zones clés d’Al Shabaab. Progressivement, les militaires burundais ont agrandi leur secteur. « Aujourd’hui, dans le secteur cinq qu’ils occupent, en plus des opérations militaires, ils sont en train de réhabiliter des routes pour le désenclaver en vue de rendre la vie facile pour la population », admire le colonel Baratuza. Selon nos sources, les militaires burundais seraient redoutables au niveau des opérations militaires. Aussi, apprend-t-on, même le côté disciplinaire est irréprochable.
Sur le plan social, l’apport est aussi
remarquable
Juste au simple regard du geste humanitaire que ces militaires posent, on comprend qu’un sentiment social se développe impérativement dans leurs esprits. En effet, ils soignent les Somaliens, leur donnent de l’eau et d’autres assistances qui ne peuvent pas passer inaperçues. Selon Gaspard Baratuza, le fait même que ces militaires vivent dans des communautés multiculturelles développe un sentiment social. En Somalie, les militaires burundais, majoritairement chrétiens, se sacrifient pour sauver les vies de musulmans dont ils ne comprennent même pas la langue. Ils font tout leur possible pour rétablir la paix et la sécurité sans arrière-pensée. Cela revêt un caractère vraiment social. M. Baratuza va plus loin et indique qu’à présent, les militaires burundais participent aussi à la mission de maintien de la paix en République centra- fricaine, un pays dont la culture est différente de celle de la Somalie. Pour lui, cela renforce l’esprit social des militaires, d’autant qu’ils y vont après avoir participé à l’Amisom. La façon dont la population somalienne affiche un sentiment de confiance vis-à-vis de ces militaires témoigne aussi du caractère social. Pour conclure, M. Baratuza indique que la participation aux missions de maintien de la paix dans les pays où il y a le conflit développe aussi un sentiment d’amour de la patrie chez ces militaires. En effet, estime-t-il, on assiste à des scènes auxquelles on ne souhaiterait pas assister dans son pays.
Alfred Nimbona