Le CNDD-FDD face au Gouvernement de transition réclamé par Minani Jean du CNARED

• Quand Minani Jean réclame un gouvernement de transition c’est un rêve irréalisable
• Quand les putschistes réclament une immunité provisoire ou une amnistie généralisée du président de la république, c’est inadmissible et son peuple ne sera jamais d’accord.
• Les bonnes relations entre le Rwanda et le Burundi est une priorité et il est souhaitable que le président du Rwanda considère son homologue président du Burundi au même titre et honneur. Il doit fermer les radios Humura et Inzamba utilisées comme celle des milles collines en 1994 cette fois-ci contre le Burundi..

Voici le déroulement de l’intervieuw entre Bigirimana Jacques et Ciramunda Richard adapté en français par Niyongabo Philippe journaliste indépendant.

Richard Ciramunda :

Notre invité du jour dans nos studios s’appelle Jacques BIGIRIMANA. Jacques BIGIRIMANA bonjour, comme tu l’as vu en visitant notre studio, nous avons installé d’autres instruments nouveaux. Dans l’attente d’ouvrir un autre réseau, nous avons l’ambition de développer d’autres horizons. Qu’en pensez-vous ?

Jacques BIGIRIMANA :

Merci infiniment Richard de l’invitation. Je suis très étonné de l’avancé du projet dans votre métier de journaliste. Nous pensons que vous travailliez comme les autres seulement à travers les réseaux via internet. Nous venons de nous rendre compte que vos équipements modernes sont un exemple de votre haute combativité comme un sportif, vous avez réussi moderniser votre radio qui peut être opérationnelle à Bujumbura d’ici peu.

Que vos adeptes sachent que vous travaillez bien, vous nous donnez souvent un interview qui me plait et cela montre que vous aimez le Burundi. J’espère que votre radio peut jouer un grand rôle à Bujumbura même. Nous espérons que vous aurez l’autorisation et nous allons contribuer pour votre cause.

Richard CIRAMUNDA:

Merci beaucoup Jacques, permettez-moi de continuer notre interview. La vie au Burundi et la politique. Vous venez de la Tanzanie à Arusha, vous avez participé au dialogue inter-burundais. Entre temps j’aimerai savoir si vous avez eu l’occasion de lire la lettre de la Sénatrice Butoyi Evelyne au facilitateur Mkapa. Qu’en pensez-vous de cette lettre ?

BIGIRIMANA Jacques :

J’ai bien lu la lettre. En tant que politicien, je dois tout lire. La Sénatrice a bien fait bien sûr. Concernant l’Immunité provisoire, c’est le médiateur Museveni quand nous étions à Entebbe et même au Burundi, il nous parlait de l’immunité provisoire, il disait qu’au lieu de punir, il fallait l’Immunité et mettre dans le gouvernement tout le monde. Nous pensons que l’Immunité qu’il demande chez lui il ne peut jamais le faire. L’immunité en soi n’est pas mauvaise mais il faut voir qui peut avoir ce pardon.

Le Burundi ne peut ignorer qu’il y a eu un putsch militaire. Le mandat présidentiel n’était pas terminé par le fait qu’en 2010, même le Rwanda a dépêché des observateurs mêmement Museveni. Il ne fallait pas recourir au putsch même s’il disait qu’il allait se présenter en 2015, cela ne permet pas un putsch, il faut agir convenablement sans violence. Sortir des blindés, tuer des innocents cela est impardonnable. Ce que tu aimerais qu’on ne te fasse pas, évites de le souhaiter à un autre. Même Museveni n’avait pas droit de dire ce genre de propos pour l’immunité provisoire.

Le Burundi est un Etat de droit et la volonté populaire doit être respectée par tous. Les putschistes qui sont en Exil à cause qu’ils ont perdu dans ce putsch n’ont pas besoin d’immunité même la population ne le permettra jamais. Les putschistes étaient hors la loi et la loi devra les punir.

Je soutiens fortement la lettre écrite par la Sénatrice.

CIRAMUNDA Richard :

Je voulais demander comment après le dialogue à Arusha, docteur Minani Jean a demandé un gouvernement de transition de 18 mois pour l’actuel président NKURUNZIZA pierre et 6 mois pour un autre du CNARED peut-être lui-même.

BIGIRIMANA Jacques

Je pense que c’est un rêve de Minani Jean. Je crois qu’il commence à vieillir peut-être. Le gouvernement de transition au Burundi n’est pas possible comme je l’ai déjà dit ici dans votre studio, ni le génocide n’aura jamais lieu au Burundi vous vous souvenez, aussi longtemps que le Président vivra, il ne le permettra jamais. Ce qui est possible, c’est un gouvernement qui viendrait par la force militaire capable de chasser l’armée actuelle, chasser le pouvoir et prendre le pays comme au Rwanda en 1994, en Ouganda en chassant Obote, en Centrafrique etc. Qui est capable de le faire ? Mon œil……Il est impossible de gagner militairement aujourd’hui au Burundi. L’armée, ce parti CNDD-FDD c’est une force bien évidente, ils sont bien organisés et toute tentative peut aboutir à une action de mater sévèrement les mutins. Le gouvernement du Burundi est fort, imperturbable. Ceux qui tenteront subiront une grande défaite.

C’est vrai moi aussi je rêve un gouvernement d’unité nationale, un gouvernement élargi mais dans la paix. Je suis sûr et certain qu’il n’y aura jamais un gouvernement avec Minani Jean. S’il est dedans, je quitterai tout de suite la politique. Cela est irréalisable.

CIRAMUNDA Richard

Qui peut entrer alors dans ce gouvernement ?

BIGIRIMANA Jacques

Ce sont des partis forts, consciencieux et non pas des aventuriers qui cherchent des postes.

CIRAMUNDA Richard

J’ai une autre question qui ne concerne pas la politique mais la vie au sein du parti CNDD-FDD. Il y a un mémorandum des frondeurs. Ce mémorandum montre comment le parti est mal dirigé, en plus on parle de la mauvaise entente entre le Ministre de la sécurité BUNYONI et le président de la république NKURUNZIZA Pierre. On parle de la corruption et des détournements. Qu’en pensez-vous monsieur Jacques BIGIRIMANA.

BIGIRIMANA Jacques

Vous venez de parler des frondeurs ? Je sais que cela signifie des gens qui ont quitté l’organisation du parti. Je sais que les frondeurs sont ceux qui ont quitté le CNDD-FDD. J’ai des amis de longue date comme Onesime, et d’autres Bunyoni, Evariste même le président malgré qu’il n’ait pas d’amis particuliers en tant que président de tous les Burundais. Je vous dis la vérité, si j’étais à votre place CIRAMUNDA, j’espère que vous alliez censurer cette partie car c’est un montage grotesque qui peut désorienter les maillons faibles. Ces racontars qui brûlent n’avantagent personne.

Si Bunyoni un ministre de la sécurité n’est pas d’accord avec le président de la république, si le président NKURUNZIZA était en désaccord avec lui, le président le limoge tout de suite. Cela est archifaux ils s’entendent très bien je vous le dis et je le sais.

Moi en tant que chef de l’opposition, j’ai droit de demander un rendez-vous avec Bunyoni ou le président lui-même. Tout le monde est uni. Le CNDD-FDD, les généraux sont fermés et personne d’autres ne peut entrer facilement. C’est un cercle uni est infranchissable. Les gens pensent que je soutiens le pouvoir mais c’est faux, je parle d’une vérité. Vous avez vu des manifestations, le cercle du CNDD-FDD a vite trouvé la solution, même quand Adolphe a été assassiné, la solution a été vite trouvé tandis que l’opposition radicale croyait à un génocide qui allait suivre. En bref le CNDD-FDD est fort et les frondeurs ne peuvent pas l’ébranler.

Ce noyau est fermé et si la décision de se présenter arrive, tous sont d’accord sur tel ou tel personne. Je ne peux rien vous dire d’autres car je ne peux oser dire donnez moi ce poste ou le vice président ne peut dire donnez moi ce poste. Ce noyau fait ensemble une appréciation incontournable. Les frondeurs n’ayant pas pu entrer dans ce noyau, ils sont partis bredouille. Si j’étais à votre place CIRAMUNDA, vous pourriez élaborer un article de démenti car ces rumeurs n’ont pas de fondement. (Une parenthèse à la philos, à moins que les radicaux envisagent des coups bas et si jamais ils réussissent un autre assassinat mes chers amis, ils diront que c’est une haine entre les hommes forts à Bujumbura ou une vengeance) Ikibariwe n’ikibona entre temps.

CIRAMUNDA Richard

J’ai une autre question qui me tient au cœur, les bonnes relations du Rwanda et du Burundi, je me souviens que quand vous étiez ici l’année passée, vous parliez de ce problème entre les dirigeants de ces deux pays le Rwanda et le Burundi. Qu’en pensez-vous ?

Jacques BIGIRIMANA

Sérieusement, nous demandons à Dieu que ce calme perdure car la paix entre le Burundi et le Rwanda est une priorité. Cette région de l’Afrique centrale a besoin d’une paix durable et les innocents ne peuvent subir la folie de grandeur de l’un des chef d’Etat. Ni le Rwanda, ni le Burundi, les deux présidents doivent connaître qu’ils sont au même pied d’égalité. J’espère qu’aucun président même celui du Rwanda ne peut rêver ou oser perturber son voisin du Burundi. Il ne peut pas continuer à s’ingérer dans les affaires du Burundi. Kagame Paul devrait fermer les radios qui sèment la haine au Burundi. Les journalistes viennent à Arusha avec des papiers rwandais, il faut arrêter ces gens qui déstabilisent.

CIRAMUNDA Richard

Le gouvernement du Burundi a boycotté le dialogue inter-burundais récemment.
Quelle force ce gouvernement a-t-il ? Si jamais les sanctions sont imposées, si jamais une force comme celle de la Gambie est décidée sur le Burundi, ce gouvernement va-t-il résister ?

BIGIRIMANA Jacques

Monsieur CIRAMUNDA Richard, ne comparons plus l’affaire politique du Burundi à la Gambie. C’est très différent vous le savez bien. Même nous autres au Burundi, nous avons dit non au président qui venait de perdre aux élections démocratiques, qui avait reconnu sa défaite et qui aussitôt après a refusé de quitter le pouvoir. Comparer cela est une erreur pour égarer les esprits. Au Burundi tout a été préparé par tous les partis politiques à Kayanza. L’étude du code de conduite a eu lieu ainsi que la charte de confiance. Nous avons tous, les partis politiques reconnus au Burundi donné les listes de nos candidats, les Minani, les NTIBANTUNGANYA, en bref chacun a payé pour les listes.

Or quelques politiciens m’ont parlé que malgré les listes données, c’est pour endormir la communauté internationale et ainsi nous seront considérés comme ayant la volonté de participer démocratiquement. Nous savons que le CNDD-FDD avait tout fait pour gagner.

A part les partis politiques d’opposition sans cette volonté d’aller participer, la population était très fière. Même le président Museveni en passant vers Kirundo, la population était prête d’aller voter et il nous a posé la question si ce peuple qui réclame les élections était pour notre cause ou pas. Dans tout cela j’ai compris que les autres avaient peur de perdre devant le candidat NKURUNZIZA Pierre.

Les présidents africains ne vont pas tenter combattre le Burundi qui a fait un vote démocratique c’est archifaux.

CIRAMUNDA Richard

Je reviens encore sur la lettre de Butoyi Evelyne. L’immunité provisoire ou l’Amnestie généralisée c’est quoi ce que vous n’acceptez pas ? Pourtant le CNDD-FDD a posé les mines et condamné. Le FNL avec les massacres de Gatumba et d’autres bavures, une immunité provisoire a eu lieu je suppose et pourquoi pas pour les autres aujourd’hui ?

BIGIRIMANA Jacques

Ce n’est pas la même chose car à l’époque de la guerre, nous combattions les putschistes qui ont tué le président NDADAYE Melchior. Quand Buyoya est revenu au pouvoir en 1996, c’était un putsch rampant qu’il fallait combattre, il avait supprimé la constitution et l’avait remplacé par une autre constitution provisoire. Ce qu’il faut savoir, un gouvernement qui est venus par force est à combattre. Un putsch qui supprime la légalité provoque un chaos et tout ce qui vient de ce chaos, le putschiste est responsable. Un gouvernement de Buyoya ne pouvait pas donner l’immunité à personne car il n’avait pas les prérogatives. Ndayizeye non plus dans cette logique non démocratique n’ayant pas été mandaté par le peuple souverain. Nous avons combattu ce gouvernement illégitime et les putschistes d’ont pas droit de donner l’Amnestie.

CIRAMUNDA Richard

Je vous remercie monsieur BIGIRIMANA Jacques

BIGIRIMANA Jacques

Je suis ravi de vous revoir et une brochette du poisson de la Belgique me fera plaisir. J’ai trop parlé et la gorge est sèche.

Un rire d’amitié pour ces deux personnalités, l’un politicien et l’autre un imbattable journaliste, clôture la longue interview d’environ une heure.

NIYONGABO Philippe, journaliste indépendant