Le mauvais génie bondit de lui-même : le cas de MBONIMPA est exemplatif du mécanisme de voilement qui entoure certains des notables burundais

Le mauvais génie bondit de lui-même : le cas de MBONIMPA est exemplatif du mécanisme de voilement qui entoure certains des notables burundais

Au moment où ici et là, l’on se mobilise pour dénoncer l’arrestation de MBONIMPA et son emprisonnement à Mpimba, l’on ne peut que féliciter tous les services d’investigation qui font du bon travail pour débusquer les malfrats blottis sous le manteau d’honorabilité tout en étant familiers du crime. Mais à mon sens, ce n’est pas encore assez pour assainir cette société marquée par plus de quatre décennies de privatisation de l’Etat par l’oligarchie qui était au pouvoir.

Parmi tous les donneurs de leçons qui ne cessent d’agiter l’espace médiatique burundais, outre leurs origines sociologiques marquées, certains ont parti lié avec une certaine classe politique qui a fait son plan de carrière sur les malheurs de notre peuple.

Les principes de légitimité ayant radicalement changé avec l’avènement de la démocratie, ceux qui étaient rivés au principe de l’éternel hier, « Agateka aho kamye », autrement dit « la dignité là où elle a toujours été » pour ne pas le citer, ont du mal à se faire à ce changement. Ils crient à cor et à cri au scandale et mobilisent une certaine communauté internationale, chaque fois qu’un de ces truands devenus citoyens normaux, inoffensifs et très ordinaires, faute de justice pour les traquer et les matraquer, est en difficulté avec la justice. « Des hommes ordinaires » est le titre de l’ouvrage de Christopher Browning dans son ouvrage Des hommes ordinaires Le 101e bataillon de réserve de la police allemande et la solution finale en Pologne, Bibliothèques 10/18, 1994.

Il faudra sans doute continuer à chercher, de manière à établir les motivations profondes qui agitent tout ce petit monde qui s’inscrit radicalement en faux à la logique de reconstruction du pays: Tout est fait comme s’ils se sont passés le mot pour mener une opposition radicale, sans concession, au point de voir tout en noir dans les avancées de notre pays.

Il y a quelques années, un sénateur irréductible de la vieille école disait, « Inzu utabamwo bayita igisaka, igisaka naco ni ukugiturira », autrement dit « la demeure que tu n’occupe pas s’appelle un squat, et à un squat, on boute le feu ».

La justice et les autres services de sécurité ont le devoir de protéger la société, contre tous ces criminels restés longtemps impunis tout en étant familiers du crime, qui ne rêvent qu’à mettre notre pays à feu et à sang ou à le faire tourner en rond indéfiniment, comme si ce n’est pas notre patrimoine commun . Autrement, ils risquent d’en tirer une raison d’encouragement à la récidive ou au dénigrement des institutions, comme c’est le cas dans ce titre d’un article, on ne peut plus offensant pour les survivants et les orphelins de « l’État bandit et de l’ordre public assassin » au cours des pogroms des années 65-72, »La justice burundaise aux mains des fils des Bamenja » paru sur le site Bujumbura News le 09/05/2014.

Comme disait l’autre, « Ils osent ». Ils osent oser, car leur arrogance est au superlatif. Ils osent puisque présentement, ils sont assurés de l’impunité. Sous d’autres cieux, une telle arrogance ne passerait pas impunie, surtout qu’elle a les relents d’un certain négationnisme mais aussi d’une réaffirmation de cette diabolisation qui constituait une autre manière de créer des hommes massacrables, expropriables sans suite ni état d’âme.

Le terme « abamenja », tout comme celui de « génocidaires » et d’ « extrémistes », participent de ces mécanismes de déshumanisation qui consistent à attribuer aux victimes potentielles des propriétés qui facilitent leur exclusion de la communauté d’obligations humaines, d’une part, et contribuent, de l’autre, à la distanciation psychologique maximale entre le bourreau et la victime qui facilite la tuerie.
L’effet attendu de l’usage tapageur de ces épithètes à fort contenus symboliques, est de créer du recul et se détourner du sort des victimes.

Un adage dit si judicieusement que « Ingoma idahora bayita icana ».

Tant que le Burundi n’aura pas retrouvé le chemin de la justice, il y aura des insolents, ceux qui se croient investis d’un destin invincible, implacable, marqué du sceau du jusqu’au-boutisme, de l’aveuglement volontaire, qui osent ouvertement narguer les victimes et défier la justice.