Le Commandement des forces des États-Unis en Europe (EUCOM) a annoncé le déploiement d’hommes et de bombardiers en Norvège. Une grande première qui en dit long sur les ambitions américaines sur l’Arctique. Et qui constitue un message fort lancé à l’adresse de la Russie.
Les États-Unis vont installer une unité sur la base aérienne d’Ørland, au nord-ouest de la Norvège. Les premiers hommes sont déjà arrivés sur place, les autres sont en partance, en provenance du Texas. Des bombardiers B-1 les suivront. Il est prévu qu’ils franchissent l’Atlantique dans le courant de la semaine prochaine.
‘L’état de préparation opérationnelle et notre capacité à soutenir les alliés et les partenaires et à réagir rapidement sont essentiels à la réussite commune’, a déclaré le général Jeff Harrigian, commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique, dans un communiqué. ‘Nous apprécions le partenariat durable que nous avons avec la Norvège et nous nous réjouissons des possibilités futures de renforcer notre défense collective’.
L’entente américano-norvégienne semble fonctionner plein gaz. L’été dernier, six bombardiers américains B-52H Stratofortress, volant depuis la RAF Fairford (Royaume-Uni), avaient effectué des manœuvres avec des avions de chasse norvégiens F-35A et F-16. Ce qui n’était pas une première. En revanche, le fait que les forces aériennes américaines se déploient à présent sur une base norvégienne est inédit.
Ruée vers l’Arctique
Jusqu’à présent, les bombardiers américains chargés de survoler l’Arctique étaient presque exclusivement partis depuis la RAF Fairford, au Royaume-Uni. En plaçant leurs hommes et leurs avions en Norvège, les États-Unis innovent. Et affichent clairement leurs ambitions sur l’Arctique.
Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, de nouvelles routes commerciales maritimes sont en train de se former dans la région. L’Arctique se profile donc comme un nouvel eldorado, abritant potentiellement bon nombre de ressources naturelles. Les Américains ne veulent pas laisser passer le train, ni se faire damer le pion par la Russie.
‘L’Arctique est l’une des régions les plus importantes du monde sur le plan stratégique aujourd’hui – la clé de voûte à partir de laquelle les forces aériennes et spatiales américaines exercent leur vigilance’, a confirmé la secrétaire de l’armée de l’air, Barbara Barrett, citée par The Drive. ‘Cette stratégie pour l’Arctique reconnaît l’immense conséquence géostratégique de la région et son rôle crucial pour la protection de la patrie et la projection d’une puissance mondiale’.
Signal à Moscou
En s’installant sur la base aérienne norvégienne, les États-Unis raffermissent encore un peu plus les liens de leur armée de l’air avec celles de leurs homologues de l’OTAN. Faisant d’une pierre deux coups, ils se postent tout près de la Russie, considérée comme la principale menace à la course vers l’Arctique.
‘Cela semble être un effort concerté pour soutenir nos alliés, et pour commencer à faire pression sur les Russes d’une manière qu’ils comprennent’, a déclaré Jerry Hendrix, un expert militaire, à Forbes. ‘[Les Russes] ont fait voler leurs bombardiers dans l’Atlantique Nord et autour du Royaume-Uni, et cela suggère qu’on montre qu’on est deux à pouvoir jouer à ce jeu’.
Reste à voir si ce déploiement à Ørland sera un one shot ou si les Américains ont l’intention d’en faire un poste avancé durable. Ce qui, d’un point de vue stratégique, constituerait un atout considérable. Compter sur la seule base britannique de la RAF Fairforce rendrait les États-Unis plus prévisibles et plus vulnérables.