Enlevés pour la RDC, ils réapparaissent après 17 jours de captivité, avec un halo de mystère

Abbé Adolphe Ntahondereye, prêtre à la paroisse Gatumba (17 Km du centre-ville Bujumbura) et trois autres personnes enlevées sur la route nationale Bujumbura-Gatumba dans la nuit du 9 avril ont été relâchées ce mercredi 26 avril à 1 heure à Ruziba, secteur Vugizo de la commune Mutimbuzi, à la frontière avec la RDC. Le récit de leur odyssée.

Dimanche le 9 avril, aux environs de 20 heures. Coups de feu sur la RN4 dite aussi Chaussée d’Uvira. C’est la route menant vers la frontière avec la RDC depuis la ville de Bujumbura. Des hommes armés tirent sur un bus de transport en commun. Quatre passagers dont l’abbé Adolphe Ntahondereye et Mathias Mijuriro, un vieux musicien qui joue un instrument monocorde traditionnel sont enlevées. Les forces de l’ordre se mettront à la poursuite des ravisseurs. Peine perdue.

« Les criminels armés les ont fait marcher à pied en direction de la frontière avec le Congo. Ils les ont fait traverser la rivière-frontière de la Rusizi sur des bâches. Passé la frontière, ils ont été conduits à travers les forêts dans les collines congolaises », dira le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye à la presse.
Rapportant les témoignages de l’abbé Adolphe Ntahondereye, Nadine Gacuti, gouverneure de Bujumbura dit « Rural » indiquera que les ravisseurs ont fait marcher leurs otages seize heures sans arrêt. Durant les dix-sept jours de captivité, les ravisseurs prenaient soin de déplacer leurs otages à la faveur de la nuit.

Du non-dit à la presse ou

Selon Nkurikiye, les quatre hommes kidnappés n’ont pas subi de torture de la part de leurs kidnappeurs. Seulement, ils ont été dépouillés de leurs chaussures et marchaient pieds-nus sur un sol par-ci par-là rugueux. Les plus vieux- dont l’abbé Ntahondereye- portent des égratignures au niveau des pieds et se font porter pour se déplacer.

D’après la gouverneure Gacuti , l’abbé Ntahondereye s’est présenté devant l’Officier de Police Judiciaire dans l’avant-midi pour interrogatoire en homme visiblement affaibli par la fatigue et par un régime alimentaire auquel il n’était pas habitué. « Mais il est souriant, plein d’humour et a pu mimer les traitements reçus de ses ravisseur » ; d’où une photo qui a circulé sur les réseaux sociaux où l’abbé Ntahondereye apparaît comme un homme presque hors de ses esprits…

Que ce soit la gouverneure Nadine Gacuti ou le porte-parole de la police Pierre Nkurikiye, personne n’a révélé à la presse l’identité de ces ravisseurs. « Des criminels armés », dira M. Nkurikiye. Mme Gacuti n’exclut pas que les ravisseurs soient des rebelles. Non plus, les deux personnalités n’ont rien révélé sur les revendications de ces kidnappeurs. Toutefois, Mme Gacuti souligne que d’après le curé de la paroisse Gatumba, aucune rançon n’a été versée pour monnayer la libération de son compère, l’abbé Adolphe Ntahondereye.

Philippe Ngendakumana