« Depuis la première réunion des ministres des Affaires étrangères des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) au mois de septembre 2006, la coopération de ces pays émergents que l’on appelle désormais BRICS (depuis l’ajout de l’Afrique du Sud) s’est montrée à l’épreuve du temps. Une décennie est passée et le groupe peut se targuer d’un certain nombre de succès dans divers domaines, politique, économie, échanges humains et culturels. On constate que la création et le développement de cette organisation répond bien au réajustement des structures mondiales, à l’évolution des rapports de force internationaux, au développement actuel d’une gouvernance mondiale pour plus de justice et de raison, et plus généralement à l’intérêt général de la communauté internationale », a ainsi remarqué Wang Xiaolong, envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères chinois auprès des BRICS, lors du Séminaire des think tanks des BRICS qui se tenait le 22 mars à Beijing.
Il a d’autre part annoncé que le Sommet de 2017 des BRICS se tiendrait en septembre à Xiamen, dans le Fujian. Pays hôte, la Chine espère que toutes les parties prenantes participeront à l’effort commun axé sur le thème « renforcer le partenariat des BRICS pour de meilleures perspectives. » L’objectif sera de tirer le bilan de l’expérience passée, de dresser des plans de développement futur, tout cela afin de se lancer dans une seconde décennie d’or de coopération entre pays émergents.
Principaux résultats à ce jour
« Au début, les BRICS étaient considérés comme une simple catégorie d’investissement, c’est-à-dire cinq pays émergents à croissance relativement forte et au potentiel important. Ces cinq pays ont répondu aux attentes de la communauté internationale en apportant de véritables résultats, ainsi que l’explique Wang Xiaolong. Maintenant qu’ils sont unis, ils constituent une force considérable pour le développement mondial, puisqu’en une décennie, leur part dans l’économie mondiale a pratiquement doublé, passant de 12 à 23 %. »
L’expression BRIC date de 2001 et fut lancée par Jim O’Neill, économiste en chef du groupe bancaire américain Goldman Sachs, qui désignait ainsi les quatre principaux marchés émergents : Russie, Chine, Brésil et Inde dont l’acronyme suggère la « brique. » En 2010, l’Afrique du Sud se joint au groupe et on lui ajoute depuis le S final.
D’après Wang Xiaolong, les BRICS jouent un rôle aussi important que positif pour stimuler la réforme de la gouvernance économique mondiale, puisqu’ils s’engagent pour la protection d’un système commercial multilatéral ainsi que pour une meilleure représentation des marchés émergents et des pays en développement dans les instances internationales. La Nouvelle Banque de développement et le Fonds de réserves qui viennent d’être fondés par les BRICS fournissent de nouveaux outils à la gouvernance économique mondiale.
« Je suis impressionné par le dynamisme des BRICS, que ce soit du point de vue de leurs cultures riches et variées ou de celui de la vigueur de leur développement social et économique », affirme Zhao Jinping, directeur du département des études économiques étrangères au Centre de recherches pour le développement du Conseil des affaires d’État. Bon connaisseur de ces pays, il s’est rendu à New Delhi au mois de novembre dernier pour des échanges avec les experts du Conseil national de transition indien. Des rencontres qui l’ont rempli d’optimisme sur l’avenir de la coopération entre les BRICS.
« Les BRICS bénéficient de la mondialisation et ils doivent devenir une force importante d’accélération de la mondialisation. Mais les efforts d’un seul pays ne suffisent pas. La solidarité de tous les membres est indispensable et c’est pourquoi la collaboration entre les BRICS est si cruciale », ajoute M. Zhao. Il propose d’accélérer la construction de zones de libre-échange et de passer à la signature d’accords de libre-échange de haut niveau entre les pays membres.
Coopération financière
« La coopération entre les BRICS va désormais au-delà du domaine économique, souligne George Zinoviev, ministre-conseiller de l’ambassade de Russie en Chine. Ces dernières années, les BRICS sont parvenus à coordonner leurs positions et leurs actions sur les questions les plus variées, que ce soit aux Nations Unies ou sur d’autres plates-formes internationales : dans la résolution des conflits, la sécurité internationale des données ou la lutte contre le terrorisme, la drogue et la corruption. Par ailleurs, leur coopération dans les domaines culturel et humain a lui aussi connu un développement rapide. Ce dernier point fait l’objet d’un programme de renforcement de la coopération, et toutes les parties appellent de leurs vœux ce nouveau format de coopération qui sera baptisé »BRICS Plus », proposé par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi. »
M. Zinoviev a particulièrement souligné les progrès de la coopération financière rendus possibles par ces mécanismes :
« La Nouvelle Banque de développement a fixé à ce jour sept programmes d’investissement concernant les cinq pays membres. D’autre part, la coopération dans le cadre du Fonds de réserves est lancée. Je suis convaincu que ces deux mécanismes nouveaux joueront un rôle croissant dans le système monétaire international. »
D’après Luan Jianzhang, secrétaire général du Conseil chinois de la coopération des think tanks des BRICS, la Nouvelle Banque de Développement et le Fonds de réserves illustrent parfaitement cette coopération, ajoutant que le poids des pays émergents et des pays en développement dans la gouvernance économique internationale dépend directement de leur importance dans le système financier international.
La coopération financière est l’un des domaines sur lesquels les efforts de coopération se sont portés en premier. Les excellents résultats obtenus ici ont constitué une base importante pour la poursuite de la coopération entre BRICS. Depuis 2011, les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des BRICS se réunissent tous les ans. « La Nouvelle Banque de développement a émis en Chine des obligations écologiques d’une valeur de 3 milliards de yuans, annonce Wang Xiaolong. Dans le cadre du G20, les BRICS agissent de concert et se coordonnent sur toute une série de questions, dont la réforme du système financier et monétaire international. »
« Je crois que la création de la Nouvelle Banque de développement et du Fonds de réserve stimulera, dans certaine mesure, une réforme du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. La voix des pays en développement sera mieux entendue », espère Carlos Santana, représentant spécial de l’ambassadeur du Brésil en Chine.
Missions et perspectives
Ces dernières années, on entend fréquemment dire, dans les médias occidentaux, que les BRICS « sont en perte de vitesse ». L’avenir de ce mécanisme serait-il menacé ? Le fait est que la mondialisation économique aborde un tournant. En 2016, le PIB et le commerce mondiaux ont connu des croissances respectives de 3,1 % et
1,7 %, deux indicateurs les plus bas depuis la crise financière de 2008. « Au contraire, le développement économique des BRICS a été remarquable et est resté sur une courbe satisfaisante, indique Zhao Jinping. L’année dernière, la croissance de l’Inde s’est maintenue à 7 %, et celle de la Chine à 6,7 %. Les trois autres pays membres ont vu leur récession s’atténuer. Tout cela provient évidemment d’une conjoncture mondiale plus favorable, mais également de la coopération entre les BRICS. »
Selon M. Zhao, la Chine apporte de nouvelles forces à la relance de l’économie mondiale par l’accroissement de ses importations. Les deux premiers mois de 2016 ont vu les exportations en provenance des quatre pays des BRICS battre tous les records, avec +52 % pour l’Inde, +41-43 % pour l’Afrique du Sud et la Russie, et 39,4 % pour le Brésil.
Dolana Msimang, ambassadrice d’Afrique du Sud en Chine, donne une appréciation positive de l’importance de la coopération entre pays des BRICS. Elle montre que l’Afrique du Sud participe à l’ordre du jour des BRICS et que les pays des BRICS et les pays émergents devront jouer un rôle plus déterminant pour la reconstruction du système financier et de contrôle économique mondial.
Face à cette idée d’affaiblissement des BRICS, Luan Jianzhang affirme que ces pays doivent d’abord restaurer leur confiance en eux-mêmes, poursuivre leur politique d’ouverture, d’innovation et de coopération, lutter contre le protectionnisme.
Au mois de février 2017, la première réunion des coordinateurs des pays des BRICS se tenait à Nanjing (chef-lieu du Jiangsu). Lors de la cérémonie d’ouverture, le conseiller d’État chinois Yang Jiechi a défini la mission et le point clé des préparatifs du sommet des BRICS à Xiamen.
La communication et la coopération entre les BRICS ne cessent de se développer dans tous les domaines. Du 27 au 29 mars, la 8e Conférence des statisticiens des BIRCS s’est tenue à Shanghai ; le 31 mars, la Conférence de mi-parcours du Conseil des affaires des BRICS était inaugurée à New Delhi, à l’occasion de laquelle la Chine a remplacé le pays hôte au Conseil des affaires des BRICS, proposant et présentant les résultats de deux plans nouveaux : un système de partage d’expérience dans le domaine de l’économie numérique et une Union internationale du développement des compétences des BRICS ; le 6 avril, la 8e Conférence des directeurs du Bureau national de la propriété intellectuelle des BRICS s’ouvrait à New Delhi… Des rencontres qui ne pourront que stimuler l’avancement conjoint des pays des BRICS.
Xinhua