Ombudsman Edouard Nduwimana : « Je n’aurais pas nyakurisé jusqu’à nyakuriser mon parti CNDD-FDD »

Dans une interview exclusive, l’Ombudsman du Burundi s’exprime sur les questions du moment : la médiation des présidents Museveni et Mkapa, les reproches d’une certains opinion que l’Ombudsman « est aveugle face aux douleurs et dangers que vivent la communauté tutsi au Burundi alors qu’il est lui-même Tutsi ». L’Ombudman Nduwimana revient sur l’état des lieux des libertés politiques et médiatiques, les chants misogynes de certains jeunes Imbonerakure, la modification de la Constitution, etc. Il rejette le lieu commun qu’il est le concepteur de la « nyakurisation » (morcellement de partis politiques en plusieurs ailes pour les affaiblir).

Edouard Nduwimana, Ombudsman du Burundi
Pourquoi le Burundi est allé chercher des médiateurs en les personnes de Mkapa et de Museveni alors que le Burundi a mis en place l’institution d’Ombudsman.

D’abord je dois dire que le Burundi n’a jamais été chercher un médiateur à l’extérieur. Ç’a été une décision prise par les chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine. Etant membre de cette grande famille, le Burundi ne pouvait qu’accepter d’autant plus qu’il ne se reproche de rien et que les défis auxquels il fait face sont partagés par d’autres pays de l’EAC. Cette décision est conforme au traité qui régit notre communauté. Seulement, l’EAC doit se rendre compte que les circonstances qui ont militées à cette décision ont cessé et remettre ce travail aux Institutions Nationales.

Est-ce que ce n’est pas reconnaître implicitement les limites de votre institution ?

Je ne crois pas parce que l’institution de l’Ombudsman de notre pays se distingue des institutions dans d’autres pays parce qu’elle a justement cette mission de rapprocher les forces politiques et sociales, une mission que d’autres institutions d’Ombudsman n’ont pas. Par contre, l’institution d’Ombudsman devrait jouer pleinement son rôle de rapprochement les forces politiques et sociales conformément à la Constitution et à la loi, jouer le rôle de réconciliation comme le prévoit la loi. Sinon c’est une institution qui a tous les atouts, tous les instruments juridiques et la réalité devrait jouer pleinement son rôle. Ça n’a jamais été vraiment une remise en cause des missions de l’institution. Ça a été une décision purement politique. Par ailleurs, notre Institution poursuit ses missions de promouvoir le dialogue.

Un pays qui a des institutions avec séparation des pouvoirs, un pays avec la Constitution qui consacre le partage du pouvoir, un pays qui a la Charte de l’Unité, un pays qui a pourtant frôlé la guerre. Quelle est votre analyse de la politique burundaise actuelle ?

D’abord je dois dire qu’au Burundi il n’y a pas de crise politique, il n’y a même pas de conflit politique. Il y a eu seulement des divergences sur le niveau de l’interprétation de certains textes. Dans un pays où il y a séparation des pouvoirs, le minimum c’est de reconnaître que ces pouvoirs sont réellement séparés et doivent comprendre que le socle de la démocratie c’est la séparation de pouvoirs. Et qui dit séparation des pouvoirs implique la reconnaissance d’un état de droit et dans un état de droit lorsque la cour a rendu un arrêt, un jugement, le minimum c’est de reconnaître le jugement de la cour. C’est ça l’état de droit dans les démocraties.

Mais où réside le problème au Burundi ?

Le problème au Burundi c’est que nos politiciens ont du mal à comprendre ce que c’est un état de droit. Ils pensent que l’état de droit c’est de faire du n’importe quoi alors que c’est le respect de la séparation des pouvoirs. Et donc de notre avis, l’arrêt qui avait été rendu par la cours constitutionnelle et qui avait été confirmé par l’EAC, le minimum c’est de reconnaître cet arrêt. C’est comme ça que ça se passe même dans d’autres pays. C’est pourquoi on a le droit d’interjeter appel mais on ne recourt jamais à des violences, à des insurrections. Le problème c’est justement cette négation des institutions du pouvoir. A mon avis, je pense que ça devrait nous servir de leçon aux Burundais pour que finalement ils puissent comprendre qu’au Burundi nous avons tous les instruments, tous les mécanismes pour éviter ce genre de comportement. Mais il faut d’abord qu’il y ait le respect de l’autre. Le problème c’est la négation de l’autre. Il y a à mon avis ceux qui pensent que le passée ne peut pas passer. Ce qui s’est passé en 1993 ne pouvait pas se reproduire en 2015 et ce qui s’est passé en 2015 ne pourra pas se passer en 2050. Le monde évolue, les politiques évoluent, les politiciens doivent évoluer aussi en même temps qu’eux et comprendre qu’en politique, on investit, on s’investi et les résultats peuvent décevoir, car le peuple apprécie et juge.

Peut-on dire que les conflits ethniques sont une histoire du passé au Burundi ?

Moi je pense que les conflits ethniques n’ont été que des prétextes pour certains. Il y a ceux qui en ont profité. Mais en réalité, je pense que les conflits ethniques sont moins importants par rapport aux conflits fonciers, aux conflits familiaux. Mais les conflits ethniques ont été des prétextes pour certains pour accéder au pouvoir ou se maintenir au pouvoir de façon malhonnête. Au contexte actuel, c’est vraiment de l’histoire. Je pense que nos enfants d’ici dix ans ils apprendront ces histoires dans l’Histoire comme vous le dites. Ça n’a jamais été un conflit Tutu/Tutsi puisque les Hutu sont mariés au Tutsi et vice versa. Malheureusement, certains politiciens en ont profité. C’est pourquoi certains ne veulent pas qu’on surpasse ce prétexte de conflit puisque même aujourd’hui avec 40 % des Tutsi et 60 % des Hutus, 50 % à l’armée, 50% à la police -vous comprenez qu’on avait essayé de trouver des solutions à ce genre de conflits- mais malgré cela, il y a ceux qui continuent à faire de ce prétexte perpétuel alors que les Accord d’Arusha avaient essayé de trouver des solutions.

Au sein de l’opposition, les Tutsi vous reprochent comme Ombudsman et tutsi d’être aveugle face aux douleurs et dangers que vivent la communauté tutsi au Burundi, citant notamment « des disparitions de militaires et citoyens tutsi ». Quelle réponse à ces critiques ?

Je ne vois pas en quoi la communauté tutsi est menacée dans le pays, tellement cette reproche ne serait fondée. Il n’y a pas de disparition des tutsi, il n’y a pas de disparition de militaires, il n’y a pas disparition de quelqu’un pour son ethnie. En tant qu’Ombudsman, nous condamnons toute forme de criminalité, y compris les disparitions. Mais je ne pense pas vraiment que les Tutsi soient des cibles. Cette accusation serait non fondée. Je n’ai jamais eu écho de ces accusations, ce qui serait très dommage parce que ça serait vraiment injuste envers moi.

L’opposition réclame l’ouverture de l’espace politique et médiatique au Burundi. Pensez-vous que les partis politiques au Burundi ne rencontrent pas leurs membres en dehors du parti CNDD ?

Je crois que les partis politiques rencontrent leurs membres comme elles le veulent. Le parti Uprona continue à fêter le 18 septembre jusqu’aujourd’hui et il rencontre les militants. Le parti FNL rencontre ses militants régulièrement. Probablement que ceux qui le disent ont horreur d’aller rencontrer les militants qu’ils n’ont pas parce qu’il faut dire qu’au Burundi la plupart des partis politiques n’ont des permanences que dans leurs véhicules. Ils n’ont pas de membres, ils essaient de trouver des prétextes.

Que devraient faire donc ces partis ?

Mon avis était, si c’était possible, de recommander à ces partis de voir comment fusionner pour qu’ils puissent former des formations assez solides.
Mon avis était, si c’était possible, de recommander à ces partis de voir comment fusionner pour qu’ils puissent former des formations assez solides. Mais à l’état actuel, il est difficile de penser que les partis politiques puissent aller rencontrer des membres qu’ils n’ont pas. La plupart n’ont pas de membres. C’est juste des clubs de personnes. Est-ce que tu vas demander à ABASA d’aller rencontrer les membres ? Est-ce qu’ils en ont ? RADES, ANADDE, etc. Ce sont des partis circonstanciels. Maintenant que les circonstances ont cessé, ils doivent comprendre que les circonstances de gouvernement de convention de partis pour avoir un poste au gouvernement ont cessé. Ils veulent se comporter de la même manière qu’ils se sont comportés en 1994,1995 lors des gouvernements de convention, de transition. Ils devraient se rendre à l’évidence et plutôt voir comment fusionner avec les partis qui ont plus ou moins des assises. Mais sinon, à plus de quarante partis politiques, je ne pense pas que tous les partis politiques puissent avoir des membres dans le pays et ses idéologies et programmes différents.

Les Européens se plaignent qu’il manque la RPA et Bonesha FM pour qu’il y ait la diversité d’opinion, quel est votre commentaire ?

Je ne comprends pas pourquoi ça serait les européens qui se plaindraient parce que l’information est destinée dans un premier temps au peuple burundais. Lorsque les media sont implantés, ils ont une ligne éditoriale destinée aux Burundais. Bien évidemment, c’est vrai aussi aux étrangers. Mais je crois que la cible première ce sont les Burundais. Et à partir du moment où les Burundais ne se plaignent pas, à partir du moment où les Burundais plutôt disent que ces media étaient les media de division, je pense que ces Européens devraient aussi s’inscrire dans la logique du peuple burundais. Deuxièmement, je crois qu’au niveau du Burundi-je n’ai pas fait l’inventaire- mais je crois savoir que nous avons plus de 20 media qui émettent .Il serait donc incompréhensible de penser que dans tous ces media, dans toutes ces informations qui sont données les européens ne puissent pas trouver leur compte à moins qu’ils aient un attachement particulier envers Bonesha et RPA.

Des allégations donc ?

Je pense que ces allégations ne sont pas vraiment fondées. Néanmoins, nous en tant qu’Ombudsman, nous sommes pour la liberté d’expression, nous sommes pour la promotion des droits de l’homme à travers cette liberté d’expression. Au cas où ces media n’auraient pas de dossier judiciaire, il appartient aux institutions judiciaires de voir ce qu’il faut faire. Mais je pense qu’aujourd’hui le plus important c’est de pouvoir comparer au niveau de nos citoyens : est-ce qu’aujourd’hui le citoyen burundais réclame vraiment le retour de la RPA ? Lorsque la RPA émettait et aujourd’hui, si on fait un exercice de voir la cohabitation entre les citoyens, est-ce que c’est mieux ou ce n’est pas mieux ? Et si cela était le cas que finalement la RPA était un medium important pour la cohabitation, là on pourrait peut-être plaider la réouverture. Mais à partir du moment où on voit que clairement certains de ces media étaient des media de division qui ne véhiculent que des mensonges, je pense que ces Européens devraient aussi comprendre, avec plus de 20 media, chacun devrait trouver son compte.

Etes-vous êtes satisfaits par l’information livrée par les media qui opèrent actuellement ?

Oui. À notre niveau nous sommes assez satisfaits .Si je veux suive l’information sportive, je ne la manque jamais ; sur la culture, je n’en manque jamais ; la politique je n’en manque jamais. Donc je crois que les media burundais touchent à tous les aspects.

Il y a Agathon Rwasa qui crie à la chasse de ses sympathisants par le pouvoir, avez-vous déjà reçu ses plaintes comme Ombudsman ?

Non du tout. Je n’ai jamais reçu ce genre de plainte de la part d’AgathonRwasa, en tant qu’Ombudsman. Tout ce que je sais c’est qu’AgathonRwasa est un politicien qui a chaque fois des plaintes à formuler contre le gouvernement. De toutes les façons, si ses plaintes étaient déposées chez nous, on pourra analyser si elles sont recevables par l’institution. On pourra lui faire justice. Mais je crois que nous allons aussi essayer de le faire dans le cadre du rapprochement des structures politiques et sociales. Nous comptons organiser des ateliers pour justement décrypter certains malentendus entre les politiciens et le gouvernement.

Est- ce que vous aurez reçu des plaintes de la part des étudiants de l’université à propos du prêt-bourse?

A part que nous suivons avec intérêt la question des étudiants en rapport avec le prêt-bourse, nous avons été en contact avec les autorités en charge de la gestion de cette question. Donc nous sommes impliqués de façon indirecte par des conseils que nous formulons à l’endroit des gestionnaires de cette question. Mais au niveau des étudiants, ils ne nous ont pas saisis officiellement. Mais rassurez-vous, nous sommes impliqués dans cette question.

On vous a accusés pendant plusieurs années d’être le concepteur du morcellement des partis de l’opposition pour les affaiblir. Quel commentaire portez-vous sur le concept dit de « nyakurisation »?

Ce sont des accusations formulées à mon endroit à tort et je crois que même ceux qui le disaient savaient que je n’y étais pour rien. La division des partis politiques date de longtemps. Depuis l’indépendance avec le parti Uprona, il y a eu Casablanca et Monrovia. Edouard Nduwimana n’était pas encore ministre de l’Intérieur. Même pendant le temps des maquis, les mouvements armés se sont divisés : ce n’était pas Edouard Nduwimana avec la naissance du CNDD, CNDD-FDD, Kaze FDD, FNL-Icanzo et tout consort.Le CNDD-FDD a connu une fronde ; ce n’était pas Edouard Nduwimana. C’est-à-dire que ce sont des vices qui sont liés à nos politiciens, sinon, je n’aurais pas Nyakurisé jusqu’à Nyakuriser mon propre parti politique. Ce sont des accusations qui ne tiennent pas debout. En réalité, ce sont des spéculations des politiciens.

Où réside donc le malentendu d’après vous ?

Le problème qu’il y a chez nous, c’est que lorsqu’il y a ce genre de division se sont ces interprétations de faire endosser la responsabilité à quelqu’un d’autre plutôt que d’assumer parce qu’en tant que ministre de l’Intérieur, je n’ai jamais été demandé à un président d’un parti ou à un de ses membres de se diviser mais ils venaient voir le ministre. Tu ne vas jamais voir un médecin quand tu n’es pas malade. Quand tu vas voir un médecin, il te prescrit un médicament : tu peux le prendre ou ne pas le prendre. En me résumant, je peux dire que je n’ai pas divisé les membres de partis politiques, je les ai aidés à se séparer conformément à la loi.Même dans d’autres partis, vous suivez l’actualité en France, le parti socialiste, l’UMP ; vous suivez en Autriche, etc. Ces comportements chez les politiciens sont quasiment monnaie courante. Le plus important c’est la manière dont on doit gérer les conséquences liées à ce genre de fronde ou de division au sein des partis politiques.

Quel conseil au parti en tant qu’Ombudsman

En tant qu’Ombudsman, je voudrais appeler les partis politiques à une réunification pour qu’ils puissent être plus forts. Rwasa m’avait aussi accusé d’avoir nyakurisé son parti et maintenant que je suis plus ministre j’ai compris que au sein de sa coalition Amizero il y a d’autres qui quittent encore. J’ai suivi le cas du l’honorable Banyikwa et d’autres. Vous comprenez c’est le mal plutôt qui mine nos politiciens et je crois que ça devrait plutôt cesser pour l’intérêt de la démocratie.

Est-ce que vous ne pensez pas que la modification de la Constitution puisse créer une nouvelle crise politique dans le pays ?

Non du tout. Quelle crise ? Tous les pays modifient leurs constitutions. Est-ce que vous pensez qu’on va vraiment rester régi par une Constitution post-transition ? Non du tout. Je crois que ce sont des spéculations des politiciens. Mais là, tout dépendrait aussi de la matière qui sera révisée et je pense qu’il y a certaines matières qui ont fait à ce que les Burundais puissent cohabiter, les partis politiques, les ethnies confondus. Donc il y a des matières qui doivent attirer beaucoup d’attention que les autres avant d’être révisées.

Mais réviser la Constitution relève de la souveraineté d’un peuple. Je ne crois pas que ça devrait vraiment plonger le Burundi dans des conflits politiques du moment que c’est la volonté du peuple et que le gouvernement trouve que c’est fondé. Le peuple s’est exprimé sur ça à travers le dialogue inter-burundais. Probablement qu’il pourra s’exprimer à travers un referendum si cela était nécessaire. Mais tout ce que je dis, le peuple a le droit d’expression mais nous les leaders nous avons aussi la liberté d’action et nous devons agir en responsable.

Quel est votre commentaire sur les chants misogynes à l’instar de « Terinda abakeba bavyare Imbonerakure » (engrosse les adversaires pour qu’elles enfantent des Imbonerakure) de certains jeunes du parti au pouvoir ?

Le commentaire c’est d’abord un conseil aux Imbonerakure et aux autres jeunes affiliés aux partis politiques de ne pas céder à la provocation et de rester unis ; d’éviter des mots subversifs parce que pour le cas spécifique des Imbonerakure, ils savent qu’ils ne sont pas aimés par certains de la communauté internationale. S’ils trouvent une blèche pour les acculer, pour les accuser de n’importe…Je crois qu’il faut éviter de leur donner vraiment des prétextes.

La chanson, comme tout autre chanson par ailleurs, peut semer la zizanie ou provoquer la haine. Elle devrait être évitée. Mais sinon, n’eût été le contexte plutôt politique ou l’appréhension que certains ont sur les Imbonerakure, cette chanson n’avait rien de mal. Quand je dis « Tera inda umukeba » (engrosse un adversaire), ça ne veut pas dire les violer : on peut engrosser sans violer. Des chansons pareilles ont été chantées depuis longtemps et sous d’autres circonstances sans altérer l’opinion. Maintenant que ce sont les Imbonerakure, c’est assimiler à un crime ! Le contexte plutôt politique a fait qu’il y ait ce genre de spéculations mais sinon la chanson comme telle va dans le sens de l’intention des Imbonerakure de rassembler pour que finalement tout le monde, tous les jeunes puissent devenir des imbonerakura et c’est de bonne guerre en politique. S’ils peuvent le faire, c’est de tant mieux.

Mais si cela se faisait en violant, là ça serait très dangereux. Mais Guterainda et violer c’est différent. Vous savez plutôt es Imbonerakure seraient très contents de se marier avec les filles de l’opposition pour que après elles puissent mettre au monde des Imbonerakure. C’était ça plutôt l’idée à mon avis mais malheureusement le contexte politique est telle que les Imbonerakure doivent être prudents et le parti politique doit aussi les encadrer dans ce sens.

Quels sont les préalables que doit poser Mkapa pour qu’un deal entre acteurs politiques au dialogue inter-burundais tienne ?

Je crois que Mkapa n’a pas de préalables à poser parce que les défis auxquels fait face le Burundi, les défis politiques, les défis économiques, les défis sociaux sont des défis que nous partageons avec tous les pays du monde. Je crois qu’actuellement la communauté internationale et la sous-région devraient laisser le Burundi tranquille et laisser les institutions issues des élections conduire leurs processus électoraux, conduire le peuple burundais jusqu’aux élections de 2020. S’il y a des acteurs politiques qui veulent rentrer qu’ils rentrent c’est dans leur pays.Il y en a d’autres qui sont poursuivis par des dossiers, qu’ils soient poursuivis comme ça se fait dans d’autres pays .

Donc, ça ne devrait pas être un deal parce que nous sommes dans un pays où il y a la paix, il y a la sécurité. Nous nous sommes convenus que tous les cinq ans le peuple burundais va aux élections. C’est cette démocratie que nous voulons renforcer. A mon avis, en tant qu’Ombudsman de la Républiquek, je pense que plutôt la communauté internationale y compris la communauté de la sous-région devrait comprendre qu’il est temps que le Burundi puisse s’organise lui-même à travers ses institutions pour conduire les élections de 2020. Les politiciens burundais qui m’entendent devraient plutôt rentrer et essayer de participer au processus électoral. Il y a ceux qui pensent qu’ils sont plus politiciens que les autres mais qui sont à l’extérieur. Mais ceux qui sont à l’intérieur sont nombreux à 98%. Est-ce que vous pensez que moins de 2%, parce que Nditije n’est pas au Burundi, Busokoza n’est pas ici, parce que Minani n’est pas ici, que la démocratie est vraiment mise en mal ? Non. Donc, c’est cette négation de l’autre, cette sous-estimation de l’autre que nous devrions plutôt décourager.

S’ils veulent rentrer, qu’ils rentrent. S’ils ne veulent pas, la Constitution du Burundi permet aux citoyens de quitter le Burundi et d’y revenir comme ils veulent. Moi je pense que cela ne va pas vraiment être un problème. Il n’y a pas de Burundais supérieurs à d’autres et seules les urnes déterminent la force d’un politicien. Nous sommes tous égaux en droit comme en devoirs.

Par Philippe Ngendakumana