La Cour suprême du Kenya a convoqué en urgence une audience mercredi matin, après avoir été saisie par trois militants des droits de l’Homme qui souhaitent le report de la présidentielle de jeudi, a-t-on appris mardi de source judiciaire.
Les trois plaignants estiment que le Kenya et sa Commission électorale (IEBC) ne sont pas prêts à organiser l’élection, convoquée après l’invalidation par la Cour suprême de la réélection du président Uhuru Kenyatta lors du scrutin du 8 août.
« L’affaire sera entendue à 10H00 (07H00 GMT) demain », a ordonné le président de la Cour suprême, David Maraga, dans un communiqué publié mardi. L’IEBC et les candidats à la présidentielle doivent soumettre leurs éventuelles observations avant 08H30 (05H30 GMT) mercredi matin.
La saisine de dernière minute de la Cour suprême est une des nombreuses procédures en justice ayant marqué les élections générales kényanes de cette année, dont celle ayant mené à l’invalidation de la présidentielle d’août.
« Nous espérons qu’ils vont annuler les élections du 26 octobre », a déclaré à l’AFP Khelef Khalifa, de l’organisation Musulmans pour les droits de l’Homme.
Ce dernier a déposé dimanche un recours devant la Cour suprême avec Samwel Mohochi, de la branche kényane de la Commission internationale des juristes, et Gacheke Gachihi, du Centre pour la justice sociale à Mathare, un bidonville de Nairobi.
Les plaignants avancent que le retrait de l’opposant Raila Odinga de la nouvelle élection, au même titre que les doutes émis par le président de la Commission électorale, Wafula Chebukati, sur sa capacité à garantir un scrutin crédible, ont pour conséquence que ce dernier doit être organisé à une date ultérieure.
MM. Khalifa, Mohochi et Gachihi demandent dès lors un report pouvant aller jusqu’à 90 jours.
Saisie par l’opposition, la Cour suprême avait invalidé le 1er septembre la réélection du sortant Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 8 août, évoquant des irrégularités dans la transmission des résultats. Elle avait dès lors ordonné la tenue d’un nouveau scrutin dans les 60 jours, comme prévu par la Constitution, un délai qui expire le 31 octobre.
L’opposition et certains observateurs ont eux aussi appelé au report du scrutin, arguant que l’IEBC disposerait alors de plus de temps pour entreprendre les réformes nécessaires à la tenue d’un scrutin crédible. Mais le président Kenyatta estime que l’élection doit être organisée jeudi, avec ou sans M. Odinga.
Au moins 40 personnes ont été tuées depuis le 8 août, la plupart dans la répression brutale des manifestations par la police dans des bastions de l’opposition, selon les organisations de défense des droits de l’Homme.
(AFP 24/10/17)