La Cour pénale internationale (CPI) file à l’anglaise et veut recruter un traducteur « Kirundiphone »: Que vise-t-elle réellement avec une telle vitesse pour le Burundi?

Depuis 2015, la communauté internationale et les organismes internationaux ont multiplié la pression sur Bujumbura et le parti de l’aigle.
Au départ, on exigeait le départ du Président Pierre NKURUNZIZA accusé de vouloir briguer un « mandat inconstitutionnel ». Peu après l’échec des manifestations déclenchées avril 2015 par le mouvement « Halte au troisième mandat » appelé aussi « Sindumuja », le coup d’état manqué du 13 mai 2015 et beaucoup d’autres pressions diplomatiques et économiques, le discours a changé. Ils ont plutôt demandé le « dialogue inclusif » pour un gouvernement de transition. Cette demande a été accompagnée par une pression internationale accrue dont la CPI inspirée par les rapports et résolutions onusiens et des ONGs internationales.
Et pourquoi la CPI après que le Burundi a déjà quitté le statut de Rome ?
Sans nul doute que Bujumbura a pu tenir bon malgré toutes les tractations diplomatiques et politiques ci-haut mentionnées. La « communauté internationale » ne parvient pas à comprendre pourquoi un si « pauvre » pays parvient a même payer les salaires de ses fonctionnaires alors que les prédictions, en 2015 et un peu début 2016, leur donnaient seulement six mois pour tenir. Certains disaient que le pouvoir s’écroulerait par lui-même. L’armée et la police ont pu, malgré quelques désertions, rester solidaires et loyales au Commandant-en-chef le Président Pierre NKURUNZIZA.
Alors devant cette situation qu’est-ce qui resterait de la machine déjà démarrée pour changer coûte que coûte le régime de Bujumbura solidairement établi depuis 2005 après une guerre civile des plus sanglantes du vingtième siècle ? On ne peut pas revenir sur les motifs géopolitiques de cette volonté « internationale » pour ne pas dire occidentale à vouloir changer ce régime. De combien d’articles, de rapports, de communiquées, de conférence-débats etc. ont-il été livrés à cet effet ? Cependant, à l’image de la Libye, l’Irak, l’Afghanistan, il parait que ce que l’Occident a décidé, Dieu a aussi décidé. Il est inutile de contredire leur volonté.
On vous rappellera plutôt que dans l’histoire de la CPI, la quasi totalité des procès intentés ne visiteraient que les africains de telle sorte que certaines personnes bien informées disent maintenant que c’est une cour qui ne vise que les africains et pas seulement les africains mais surtout des africains qui ne se plient pas à la volonté occidentale.
Alors quelle est la suite pour le Burundi pourquoi cette Cour court avec le temps ?
On a récemment vu , sur son site internet officiel (https://career5.successfactors.eu/career?career_ns=job_listing&company=1657261P&navBarLevel=JOB_SEARCH&rcm_site_locale=en_GB&career_job_req_id=17281&selected_lang=en_GB&jobAlertController_jobAlertId=&jobAlertController_jobAlertName=&_s.crb=pghowIwUZicp/ki1%2bVpAn4h4Ujc%3d) et ici https://twitter.com/Ikiriho/status/949392930627837953 , que cette cour jugée « impérialiste » a lancé un appel d’offre pour un traducteur « Kirundiphone ». Ce qui veut dire qu’elle file à l’anglaise pour que les mandats d’arrêt internationaux soient lancés avant la tenue des élections générales de 2020. Et qui seront visés par ces mandats et pourquoi ?
D’après des sources bien informées, ces mandats d’arrêt viseraient d’abord le haut leadership du parti au pouvoir , à l’armée et à la police , ils viseraient surtout ces personnalités politiques qui voyagent beaucoup et qui passent par Nairobi. Pourquoi Nairobi est-elle évoquée ici ?
Il est très important de dire que la voie aérienne via Kigali n’est plus intéressant depuis un certain temps par les officiels burundais , et de surcroit , il serait plus facile si cette voie était utilisée pour exécuter ces mandats à l’aéroport international de Kanombe vu le rôle présumé de Kigali dans « ce plan de changement de régime au Burundi », selon la version officielle burundaise et les relations diplomatiques qui en ont découlé et malgré sa non appartenance au statut de Rome .
Ainsi, Nairobi intéresse beaucoup cette Cour car, sans doute, les juges kenyans exécuteront l’ordre de la CPI , ou feront pression sur l’Exécutif kenyan à le faire du moment qu’il y a une jurisprudence pour ça : en 2014 , le pouvoir judiciaire kenyan a soutenu que le Président Uhuru Kenyatta et son Vice-président William Ruto répondent à la convocation de La Haye pour des crimes commis en 2007-8 dans les violences post-électorales . Ils le feraient aussi pour n’importe quel dirigeant d’un autre pays africain à la différence de l’Afrique du Sud qui a refusé d’arrêter le Président Soudanais El-Beshir en juin 2015. Reste à savoir si Bujumbura empruntera-t-elle Dar-Es-Salam comme premier transit pour les voyages de ces officiels du moment que cette Cour semblerait déterminée à « déranger et brouiller » Bujumbura.
Ces mandats alors viseraient probablement à diviser la classe politique au pouvoir étant donné que beaucoup seront contraint à restreindre leurs voyages à l’étranger ou faire des vols non-stop pour « des pays amis » (rappelons qu’ El-Beshir a pu quand même se rendre au Rwanda et en Russie l’année malgré les mandats de la CPI qui pèsent sur lui). Mais il reste à savoir si cette machine déjà engagée contre le Burundi réussira. En tout cas, le Cour pénale internationale est la dernière carte mise sur la table contre Bujumbura, une fois cette étape franchie comme les précédentes, le parti pourra se surnommer CCM ANC ou même PPC et le Burundi aura réussi ce que la Cote d’Ivoire ou la Libye ont échoué.
Sans nul doute, avec le patriotisme et la détermination du leadership burundais issu de la lutte de plus de 40 ans, s’en sortir tête haute est chose que tout analyste géopoliticien peut annoncer avec une précision chirurgicale. Les précédentes luttes étaient plus âpres et difficiles et le Burundi reste un cas unique à ne pas comparer à la Cote d’Ivoire ou la Libye comme si facile à déstabiliser avec une telle vaccination de plus de 40 ans d’endurance et de lutte pour la démocratie.
Appolinaire NISHIRIMBERE