Incidents à la frontière: des «exécutions», pour Kinshasa (RFI 21/06/14)

Incidents à la frontière: des «exécutions», pour Kinshasa
(RFI 21/06/14)

Que s’est-il réellement passé le 11 juin dernier, à la frontière entre Rwanda et République démocratique du Congo ? Les cinq personnes décédées qui ont été remises à la Croix-Rouge congolaise par la Croix-Rouge rwandaise ont-elles été tuées dans des combats ou exécutées ? Une nouvelle polémique oppose Kigali et Kinshasa sur le déroulement des faits. Au vu des images des corps, les autorités congolaises disent que la thèse de l’exécution ne fait aucun doute. Les autorités rwandaises, elles, parlent toujours de combats.

C’est un nouveau développement de la polémique qui oppose Kigali et Kinshasa sur les combats du 11 juin dernier. Les autorités congolaises affirment que les cinq corps qui leur ont été restitués sont ceux de personnes exécutées. Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de Kinshasa, livre sa version des faits. « À sept heures du matin, ils [les forces armées rwandaises, ndlr] ont enlevé un caporal qu’ils ont emmené et qu’ils ont abattu en plein air, explique le porte-parole. C’est la seule victime que nous déplorons au sein des forces armées [congolaises, ndlr]. Dans l’après-midi, il y a eu des rumeurs – qu’ils ont commencé à faire courir – qu’ils avaient tué quatre autres militaires. Et ils ont demandé à la Croix-Rouge rwandaise de remettre à la Croix-Rouge congolaise les corps de ces quatre personnes, que notre armée n’identifie pas, que personne ne connaît chez nous, sauf qu’ils ont des tenues des FARDC.»

Le porte-parole du gouvernement congolais ajoute : « Nous allons identifier ces personnes : si ce sont des Congolais, il y aura des suites légales au plan international. Ils ont tous une balle dans la tête, il y en a un qui a subi un étranglement. Ce sont des gens qu’ils ont abattus et qu’ils ont déployés pour faire croire à une attaque de la RDC. »

Pas de « crise spéciale » pour Louise Mushikiwabo

Côté rwandais, la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a réaffirmé vendredi que ces cinq personnes étaient des militaires congolais et qu’ils avaient été tués lors de deux attaques, l’une le matin, l’autre l’après-midi. « Je ne dirais pas qu’il y ait une crise spéciale entre la RDC et le Rwanda, explique la ministre. Il y a eu un incident avec des soldats congolais qui ont traversé la frontière et se sont retrouvés dans le district de Busasamana. Il y a eu des échanges de tirs parce qu’ils ne voulaient pas retraverser la frontière pour retourner en RDC. Le premier incident, c’était le matin, une personne est morte. Un groupe beaucoup plus important de soldats est revenu plus tard pendant la journée. Quatre personnes sont mortes ».

Louise Mushikiwabo a indiqué qu’elle n’avait, par ailleurs, aucun détail sur les circonstances de leur mort : « On attend toujours le rapport de la Commission élargie de vérification. Moi je n’ai pas de rapport de la commission. Donc je n’ai aucun détail [sur les circonstances du décès des cinq hommes, ndlr] ».

Inquiétude à Goma

Pour un mouvement de jeunes de Goma appelé Lucha, les cinq morts sont bien des FARDC qui ont tous reçu une balle dans la tête tirée à bout portant. « Plusieurs témoins qui ont vu les corps de leurs propres yeux nous ont confirmé les faits » affirme le mouvement dans un communiqué.

A l’issue de ces événements du 11 juin, un membre de la société civile de Goma qui s’était rendu sur le lieu de l’affrontement a été porté disparu. Les collaborateurs d’Emmanuel Muhima Abbas sont allés dans les deux morgues de Goma et n’ont pas trouvé son corps. Ils appellent le Congo, le Rwanda et les organisations internationales déployées sur le terrain a faire la lumière sur ce qui lui est arrivé.