Dans son ‘’ Livre blanc’’, Sylvestre Ntibantunganya explique que le pouvoir de Micombero a parlé de bandes de 25.000 nationaux et étrangers qui ont mené des attaques à Mabanda, Nyanza-lac, Magara, Vyanda et Rumonge. D’autres éléments armés ont été signalés à Minago, sur la colline Gasarara en commune Kanyosha et sur la colline Rutovu en commune Mutambu ainsi que le long de la zone côtière du Lac Tanganyika. D’autres éléments seraient montés du côté de Vugizo et de Mabanda avant de rejoindre Rumonge et Nyanza-lac.
Ces éléments armés auraient fait des victimes principalement au sein du groupe ethnique des Batutsi. Le pouvoir de Michel Micombero a parlé de 50.000 victimes Batutsi. Par contre, affirme Sylvestre Ntibantunganya, les écrits publiés sur cette question parlent des victimes oscillant entre quelques centaines et 3000. Ces éléments armés ont été étiquetés de rébellion hutu par le pouvoir de Michel Micombero.
Sylvestre Ntibantunganya se demande alors si ces éléments seraient des rebelles ou des mercenaires recrutés par le pouvoir de Micombero pour s’ouvrir la voie vers sa « « solution finale’’. Sylvestre Ntibantunganya a confronté plusieurs sources pour avoir la lumière sur ces éléments armés. Le conférencier a conclu que : les éléments armés ayant essaimé dans le sud ouest du pays du 29 avril au 5 Mai 1972 ont tués des Batutsi.
Selon Sylvestre Ntibantunganya, ces bandes comprenaient un grand nombre de mercenaires conduits par Mulele, présents sur le territoire burundais ou recrutés au Congo par le pouvoir en place ainsi que quelques barundi, comme l’ont affirmé le président Michel Micombero et le major Albert Shibura eux-mêmes. Le pouvoir de Michel Micombero a infiltré et manipulé les éléments dits rebelles pour les pousser à commettre l’irréparable afin d’avoir une occasion pour justifier la commission d’un génocide des Bahutu du Burundi, génocide auquel l’Etat, déjà entre les mains de Micombero, avait commencé à s’adonner en 1965, et dont les victimes visées constituaient les élites du groupe ethnique des Bahutu.
Pour le conférencier, les Batutsi massacrés en 1972 ont été ainsi victimes de la stratégie criminelle du pouvoir de Michel Micombero. Pour le conférencier, les éléments armés qui ont fait irruption dans le sud-ouest du pays avaient, soit par eux-mêmes, soit piégés par le pouvoir, ou même incités par infiltration par ce dernier, tué des burundais du groupe ethnique des Batutsi. Mais ils n’épargnaient pas non plus des burundais du groupe ethnique des Bahutu qui n’adhéraient pas à leur cause. Ils avaient face à eux un Etat qui, à travers les institutions et les autres organes, avait une stratégie plus criminelle. Il cherchait une occasion pour s’adonner à une éradication systématique des élites et autres notables, mais aussi de simples citoyens dont des étudiants, des élèves, des paysans… issus du groupe ethnique des Bahutu.
L’exposé du conférencier a été suivi par de nombreux témoignages de burundais ayant vécu ces moments douloureux. Ils ont affirmé qu’il n’y a jamais eu de rébellion hutu, que c’était un pur montage du pouvoir de Michel Micombero. Les témoins, qui ont vécu ces moments difficiles se demandent pourquoi dans les régions où cette ‘’rébellion hutu’’ ‘’n’avait pas été signalée, les burundais du groupe ethnique des Bahutu ont été tués sur base de listes minutieusement établies et leurs biens spoliés par le pouvoir de l’époque dirigé par Michel Micombero.
C’était pour ces témoins, une campagne de désinformation du pouvoir pour commettre le génocide contre le groupe ethnique des Bahutu. Les participants ont recommandé à l’Etat d’accorder plus de moyens financiers, humains et matériels à la Commission Vérité et Réconciliation pour qu’elle fasse toute la lumière sur ces évènements.
Selon les organisateurs l’objectif de ces conférences n’est pas d’accuser les Batutsi ou les Bahutu. C’est plutôt de guérir les âmes blessées par ces évènements malheureux, favoriser une véritable réconciliation entre les burundais, informer correctement la jeunesse sur l’histoire du pays pou ne plus retomber dans les mêmes travers afin de bâtir un Burundi meilleur. La prochaine conférence est prévue le 11 juin 2021 à Bujumbura.