Campagne contre BUYOYA: Dossier Kassy MANLAN (premier dossier)

Campagne contre BUYOYA: Dossier Kassy MANLAN (premier dossier)
juin 24 Publié par Agence BUJUMBURA News
L’affaire Kassy Manlan

http://buyoyafrancophonie.wordpress.com

Dr ManlanLe représentant de l’OMS au Burundi, le Docteur Kassy Manhlan, a été assassiné dans la nuit du 20 au 21 novembre 2001. Pendant plus de trois ans, le déroulement de l’enquête et du procès n’auront été qu’un véritable spectacle de cirque, comme s’il y avait une main invisible qui empêchait qu’on puisse identifier les assassins et les commanditaires de ce crime crapuleux. Ce n’est que jeudi le 27 janvier qu’un avocat du barreau de Bruxelles, Me Bernard MAINGAIN, représentant la partie civile, a formulé des insinuations accusateurs contre l’ancien Chef d’État Burundais, Pierre Buyoya, et son épouse Sophie Buyoya.

Il va de soi que l’ex-couple présidentiel burundais jouit du droit de la présomption d’innocence. Mais que les assassins du Dr Manlan se tiennent bien tranquille, car comme dirait le célèbre enquêteur de la série policière Colombo, « tout finit par se savoir ».

L’assassinat du Dr Manlan est bien documenté. Le dossier Manlan intéresse beaucoup de gens, pas seulement la presse, mais aussi le FBI américain qui a chargé deux de ses enquêteurs de haut rang pour mener des investigations. Ils ont sillonné le monde à la recherche des informations et ont fait un rapport à leurs autorités. Nous disposons des informations fiables concernant les rencontres des agents américains avec certains burundais au courant de l’affaire.

L’OMS a fait une enquête très poussée et le rapport serait encore classifié TOP SECRET par le directeur général de l’OMS. Il semble qu’il y aurait des complices au sein de l’OMS, ce qui par ailleurs ne serait pas surprenant. Le Secrétaire Général de l’ONU, M. Koffi ANAN, a eu aussi son rapport. Tous ces rapports sont classés confidentiels; mais certaines fuites indiquent qu’ils accusent nommément l’ancien Président Buyoya d’avoir commandité cet assassinat. Il y aurait aussi des complices au sein de l’OMS.

Par ailleurs, dans une lettre officielle classée URGENT et CONFIDENTIEL, et dont nos rédactions respectives ont obtenu copie, le Représentant Permanent de la République de Côte d’Ivoire à Genève, l’Ambassadeur Claude BEKE DASSYS, a informé son Président (de la République de Côte d’Ivoire) d’une visite qu’il a eu début septembre 2002 d’un informateur Burundais proche du pouvoir, qui lui a révélé l’identité du commanditaire de l’assassinat du Dr Kassi Manlan.

« Cet informateur, qui est l’une de mes relations génévoises et dont pour des raisons évidentes de sécurité je ne saurais communiquer l’identité par la présente […], son identité sera portée à la connaissance de mon gouvernement de vive voix », peut-on lire dans cette lettre adressée en septembre 2002 par le Représentant Permanent de la République de Côté d’Ivoire à Genève, « À l’Attention particulière de Monsieur le Président de la République ».

Les commanditaires et le mobile du crime

Au début, il y avait la malaria qui sévissait à l’intérieur du Burundi. La lutte contre cette épidémie s’était heurtée au manque de moyens financiers. Les burundais mourraient sans que le pouvoir puisse intervenir. Il fallait chercher l’argent à tout prix. L’OMS a alors décidé de financer l’achat des médicaments pour combattre cette malaria qui n’avait jamais sévi avec autant d’ampleur au delà de la crête Congo-Nil.

Dans un appel téléphonique à un correspondant à l’étranger, le Dr Kassy Manlan lui demandait si l’argent destiné à la lutte contre le paludisme avait été viré ou pas, selon son ancienne assistante accusée au départ de son assassinat puis libérée par après. Mais lorsqu’on sait qu’avant sa mort, il enquêtait sur la disparition de ces fonds et en plus ces présumés coupables appartiennent à quatre corps de police dont les renseignements généraux, la gendarmerie, la Police de Sécurité Publique et des vigiles privés, on peut affirmer, émettre des hypothèses sérieuses qu’il s’agit d’un crime d’Etat. Surtout que ces personnalités accusées sont de si haut rang qu’au-dessus d’eux, le seul qui pouvait leur donnait des ordres s’appelle l’ex-président Buyoya.

Sur le dossier Kassy Manlan, contrairement à ce qu’on pensait, l’argent n’a jamais transité à la BRB à Bujumbura. Une source bien informée affirme que le Président de la République d’alors, M. Pierre Buyoya, aurait demandé au gouverneur de la BRB de donner l’ordre de transfert de ces fonds par un compte intermédiaire. Cet ordre, seul le gouverneur de la BRB a le droit de le donner. C’est ainsi que l’OMS aurait demandé le compte pour virer les fonds et le gouverneur de la BRB, Banyiyezako, un proche de Buyoya, a demandé à ce que l’argent transite par un compte de Paris. Il a alors donné le compte d’une société de conseil du nom de KOST International, vraisemblablement dirigée par un ressortissant Togolais. Mais au lieu que l’argent continue au Burundi, il fut détourné pour une autre destination. De ce fait, pas de trace à la BRB.

Signalons aussi que KOST International n’existe plus. Il semble avoir changé de nom pour devenir KOST Consulting. Ce détournement aurait été vite remarqué par l’OMS qui a alors demandé une explication à son représentant sur place, le Dr Kassy Manlan. Manlan amorçât des investigations et de fil en aiguille, ses enquêtes le conduisirent au couple présidentiel, c’est-à-dire Pierre Buyoya et son épouse Sophie. Par des écoutes téléphoniques comme c’est d’usage courant au Burundi, les services de renseignement ont alors appris que Manlan était en train d’écrire un rapport sur ce détournement et l’en auraient alors informé le couple présidentiel qui aurait immédiatement instruit les ordres pour le liquider.

Les assassins et leurs complices

Aussitôt informé, l’ancien Président Buyoya aurait donné aux services de sécurité un ordre verbal d’éliminer le Dr Kassy Manlan. Le coordinateur de cet assassinat était l’Administrateur général adjoint de la documentation nationale, le colonel Ntunzwenayo, alias Mivuba. C’est un homme de confiance de Buyoya. Il a organisé l’assassinat avec certains chefs d’autres corps de police.

Nuni Martin, Nkurunziza Dieudonné alias NGANGURA et Mugenzi Parfait après avoir été contactés par la police, participent comme complices à l’assassinat du Dr Kassy Manlan, non pas directement mais indirectement puisque leur rôle consistait à immobiliser les vigiles au domicile de Kassy Manlan en leur menaçant avec des armes.

Ces trois complices approchés par les services de renseignements étaient d’anciens délinquants qui collaboraient de manière ponctuelle avec les services de police pour des coups de main. Signalons que NUNI et NGANGURA étaient emprisonnés à la prison centrale de MPIMBA. Le premier était condamné à huit ans, l’autre à perpétuité. L’ancien Directeur Adjoint de la prison Athanase BIZINDAVYI aurait facilité leur sorti le jour fatidique.

Comme récompense de leur participation à l’assassinat de Kassy Manlan, il leur avait été promis dix millions de francs burundais (FBU), soit dix mille dollars américains chacun et leur libération. Ils sortiront effectivement de prison quelque temps après la mort de Kassy Manlan. Mais ils apprennent alors que l’agent qui leur servait d’intermédiaire avec la police, plus simplement un autre délinquant qui les avait recruté pour cette mission d’élimination de Kassy Manlan, est tué par la police dans des circonstances non élucidées.

A l’instar de ce nommé Ninja tombé dans un piège lui tendu par la police qui lui proposait de participer à un hold-up nocturne et qui l’avait tué par après alors qu’il était sans armes, Nuni Martin, Ngangura et Parfait au lieu de percevoir les dix million leur promis auparavant se voient proposer le vol à main armé d’un véhicule d’une agence humanitaire en attendant le versement du paiement. Après avoir accompli la mission, ces complices de l’assassinat de Kassi Manlan sont surpris de voir la police récupérer l’objet de la transaction. C’est ainsi qu’ils vont commencer à se méfier de la police. Quand la Radio Publique Africaine débute ses enquêtes, ces complices livreront facilement les informations après une période de soupçon entre ceux et la radio.

Si les témoignages à charge des complices sont accablants, par contre les accusés parlent quant à eux de montage qui serait orchestré par Jean Pierre NYAMOYA et la R.P.A. Par contre, leurs témoins à décharge ne coïncident pas souvent et se contredisent dans la présentation des alibis. Par exemple le garde du corps du présumé assassin de Kassy Manlan, le commandant Aloys BIZIMANA qui l’aurait frappé trois fois à la tête, ne dit pas la même chose avec ses adjoints quant à son emploi du temps.

Le déroulement et la reconstitution du meurtre

Le soir du 20 novembre 2001, le Dr Kassy pensait qu’il rentrait du travail comme les autres soirs. Il ignorait qu’il était filé depuis quelques jours et que ce jour était le jour J, soit le 20 novembre 2001, la fin des filatures. A 22 heures, au moment de la sortie de son bureau, il est filé par trois hommes, tous des anciens militaires. Chez lui, neuf hommes l’attendaient. Il a été maîtrisé et conduit à son travail pour détruire un fichier très important et très… intéressant. C’est ce fichier qui est le mobile de son assassinat.

Après avoir détruit son fichier qui l’avait pris beaucoup de jours à confectionner et documenter, le commando l’a alors conduit chez lui pour y être tué à minuit. Son cadavre a été acheminé à bord d’une camionnette sur les bords du lac Tanganyika, près du cercle nautique, pour être dévoré par les crocodiles. Cependant, le cadavre a été épargné par les crocodiles du lac.

Enlisements de l’enquête, puis rebondissements inattendus

L’avocat de la partie civile, à savoir Madame Gertrude Nyamoya accusée d’avoir assassiné dans un premier temps Kassy Manlan puis libéré par après, a pointé du doigt l’ex-Président Pierre Buyoya pour être le commanditaire du crime. Me Maingain se base, non seulement sur une correspondance d’un diplomate ivoirien adressée au président Laurent Gbagbo mettant en cause le président Buyoya et son épouse mais aussi le détournement des fonds déposés dans des comptes à la Banque de la République du Burundi destinés à combattre la malaria. Cet argent collecté par des ONG occidentales transitait par une société financière appelée Kost International dont les liens avec l’épouse du chef de l’Etat burundais Sophie Buyoya sont clairement établis. La partie civile jette la balle dans le camp du ministère publique pour demander un audit à la B.R.B, l’audit de depuis 1999 à 2001. Ce qui est sûre, l’argent est venu mais a disparu.

L’avocat alors se défend d’accuser le Président Buyoya mais affirme par contre que ce n’est pas un pur hasard si le nom de Buyoya a été cité dans des documents internes des organisations internationales et des correspondances diplomatiques.

La veille de la reprise du procès, l’ancien Président Buyoya est parti aux Etats-Unis pour y résider pendant une période proche d’un an selon les informations recueillies à Bujumbura. Le procureur général de la République promet si c’est nécessaire de l’interroger. La question qui se pose est de savoir si le pouvoir va lâcher l’ancien Président Buyoya pour qu’il soit livré à la justice. Il faut savoir que Buyoya et Ndayizeye ont travaillé ensemble, l’un en tant que Président et l’autre en tant que vice-Président. L’ancien Président a des secrets concernant l’ancien vice-Président, il n’est pas sûr que la solidarité soit rompue. Pourtant, le peuple burundais a besoin de savoir la vérité sur cet assassinat. Les Ivoiriens ont besoin aussi de savoir, sans parler de la communauté internationale qui est à la recherche de cette aide donnée mais qui n’est jamais arrivée chez les bénéficiaires et ayant droit: la population burundaise malade et affamée par ses dirigeants.

10/02/2005

Cet aide-mémoire a été préparé conjointement par les sites Internet BURUNDI NEWS (http://burundi.news.free.fr/) et ABARUNDI.ORG (http://www.abarundi.org)