Retro Politique – La fin du repli sur soi

Le président Ndayishimiye lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre 2021. Iwacu revisite une année politique marquée par le retour du Burundi sur la scène internationale.

« Je m’engage à être à votre service, tout le monde aura la parole pour exprimer ses doléances. Soyez de bons conseillers avec des idées constructives et non ceux qui veulent notre perte », affirme Révérien Ndikuriyo après son élection à la tête du parti Cndd-Fdd le 23 janvier.

L’ancien président du Sénat a été élu secrétaire général du Cndd-Fdd lors d’un congrès national extraordinaire organisé à Gitega. Il a remplacé le chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye, à ce poste depuis le 20 août 2016. Ce dernier est devenu président du Conseil des sages.

Dans son discours, le nouveau secrétaire général du Cndd-Fdd a promis d’être un bon leader, un bon pasteur, prêt à servir le parti. Mais d’emblée, il a mis en garde les ‘’Bagumyabanga’’ : « Il ne faut pas être des ‘’brebis égarées tentées d’aller brouter dans le pré du voisin’’.»

Il assure que les fonctions lui confiées sont d’une importance capitale : «C’est une tâche qui n’est pas facile mais elle ne me fait pas peur. C’est le président qui occupait ces fonctions et il a déjà tracé le chemin. Je m’engage à continuer le travail qu’il a déjà commencé. Je m’engage à être un bon pasteur qui connaît toutes ses brebis, chacune par son nom.»

M.Ndikuriyo est revenu sur un des épisodes qui l’ont rendu célèbre auprès de l’opinion : « Je sais que certaines personnes m’en veulent quand j’ai dit : ’’Kora !’’ (Travaillez !), que je suis un criminel, que les jeunes militants de notre parti, les Imbonerakure sont nocifs alors que c’est notre force. Mais qui disent cela ? Ce sont nos détracteurs. Mais quand l’ennemi veut t’anéantir, il frappe là où ta force est concentrée. Qu’on laisse parler les gens », a-t-il rétorqué face à toutes ces critiques.

UE/Gitega : une relation en montagnes russes

« Nous n’avons pas le droit de traîner dans cet exercice de dialogue. Nous devons décoller nos pieds du sol et travailler d’arrache-pied afin de conclure ce dialogue dans les plus brefs délais. Avancer, ce n’est pas regarder constamment en arrière, ou de graviter autour des mêmes points comme une poulie. Avancer signifie plutôt progresser, faire des pas en avant pour s’approcher du point d’achèvement », a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération au développement, Albert Shingiro. C’était le 2 février lors de la reprise du dialogue entre le Gouvernement burundais et l’Union européenne.

A la tête d’une délégation constituée par les ambassadeurs de France, de la Belgique, d’Allemagne et des Pays-Bas, Claude Bochu, ambassadeur de l’UE au Burundi, a insisté sur la politique des petits pas en citant Robert Louis Stevenson, poète et écrivain écossais : « L’essentiel est le cheminement.» Et d’ajouter : « Le cheminement existe dans une relation et les partenaires se voient et échangent sur des sujets divers. Donc, c’est ensemble qu’ils cheminent.»

Le 9 avril, à l’issue d’échanges confidentiels avec le chef de la diplomatie burundaise, l’ambassadeur Bochu a déclaré à la presse avoir remis une lettre d’invitation pour une tournée européenne. « Il appartiendra au Gouvernement burundais d’en définir certaines modalités de concert avec les autorités françaises ou européennes ». Et d’ajouter que cela faisait longtemps qu’un ministre burundais « n’est plus allé ni à Bruxelles, ni à Paris, donc je suis très content d’avoir fait cela ».

« Les Etats membres de l’UE sont des partenaires très importants pour notre pays depuis de longues années, n’eût-été cette période de 2015-2020 qui a occasionné quelques soucis », a ensuite rappelé le ministre Albert Shingiro.
« Nous commençons à voir le bout du tunnel », s’est félicité le ministre Shingiro.


L’Europe ouvre ses portes au ministre Shingiro

Le ministre Albert Shingiro rencontre le Secrétaire général des services européens pour les relations extérieures, à la commission de l’Union européenne, Stefano Sannino.

Dans le cadre du processus de « réchauffement » des relations diplomatiques entre le Burundi et l’Union européenne et ses Etats membres, à l’invitation de l’Union européenne, le ministre burundais des Affaires étrangères et de la Coopération Ambassadeur Albert Shingiro, a entamé le 23 avril 2021 une tournée en Europe. Il a eu des séances de travail à Bruxelles, Paris, Genève et Berne selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Burundi.

La délégation conduite par l’Ambassadeur Shingiro a commencé sa tournée diplomatique en Belgique au Bureau de la Commission de l’Union européenne. Le ministre Shingiro a rencontré le Secrétaire général des services européens pour les relations extérieures, à la commission de l’Union européenne, M. Stefano Sannino. Les deux hommes ont discuté de la levée des sanctions qui ont été prises par l’Union européenne contre le Burundi.

En marge de cette visite, M. Shingiro a rencontré André Flahaut, ministre d’État belge et président d’honneur des représentants de la Chambre au Parlement fédéral belge. Il l’a informé de « l’évolution de la situation au Burundi ».

La Suisse veut des actions concrètes en matière de droits humains

En France, M. Shingiro a eu l’occasion de rencontrer Jean Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État en charge du tourisme et Frank Paris, conseiller spécial du président Emmanuel Macron pour l’Afrique. Leurs discussions ont porté sur la levée des sanctions et les relations entre les États membres de l’UE et le Burundi à la lumière d’engagements mutuels pris dans le cadre de la feuille de route conjointe Burundi-UE ce mois-ci.

En Suisse, l’Ambassadeur Albert Shingiro a rencontré le chef de la diplomatie helvète, Ignazio Cassis. Les deux homologues ont discuté des moyens de renforcer les relations amicales et la coopération bilatérale.
Le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a appelé le Burundi à mettre en œuvre des réformes concrètes des droits de l’homme. M. Cassis a noté la bonne coopération entre les deux pays tout en réaffirmant la volonté de la Suisse d’appuyer le Burundi dans le domaine des droits de l’homme.

A l’issue de ce voyage, les responsables burundais ont misé sur la levée des sanctions contre le Burundi avant la fin de 2021.

Le blues des organisations de défense des droits de l’Homme

L’Union européenne (UE) a annoncé le lancement du processus de révocation de la suspension de la coopération financière. L’annonce a été faite par l’ambassadeur Claude Bochu, représentant délégué de l’UE au Burundi, à l’occasion de la 3ème session de dialogue entre l’UE et Gitega le 24 juin, a créé la surprise. « C’est un élément très important de la normalisation du réchauffement des relations entre le Burundi et l’UE. Je dirai même que la façon dont il se passe et dont il progresse, de session en session, me rassure sur le fait que c’était définitivement le bon choix », a indiqué Claude Bochu après le dialogue.

Quant aux attentes de l’UE en matière de réformes de la gouvernance et de promotion des droits de l’Homme, l’Ambassadeur Bochu relativise : « L’Union européenne a l’impression d’être écoutée quand elle parle avec le gouvernement burundais de ces sujets et des défis que le ministère de la Justice rencontre au Burundi comme ailleurs. La levée des sanctions financières sera effective en fonction du respect des droits de l’Homme. »

De son côté, Albert Shingiro, ministre burundais des Affaires Etrangères, s’est dit réjoui et a assuré que l’UE et le Burundi sont sur la « bonne trajectoire ». Et d’enchaîner : « Nous pensons que le contexte de 2015 et le contexte actuel sont diamétralement opposés. Nous devons fermer cette page sombre de 2015 pour ouvrir une autre page de très bonnes relations. Il faut retrouver les relations ‘’amoureuses d’antan’’ entre l’UE et le Burundi. »
Le 21 juin, l’Ambassadeur Claude Bochu avait rencontré le président Evariste Ndayishimiye. « Il y a une orientation de travailler afin que soit révoquée la mesure qui suspendait l’aide financière aux pouvoirs publics burundais », avait affirmé l’ambassadeur de l’UE.

L’Ambassadeur Claude Bochu a apporté toutefois une certaine nuance : « Il y a une étape nécessaire qui a été franchie par les groupes de travail à Bruxelles, ce n’est pas une étape suffisante. Il faut que le texte juridique soit établi et adopté. Cela prendra encore un peu de temps. Le train a définitivement quitté la gare, il est parti. Il n’y a plus de conditionnalités.»

Du côté des organisations internationales de défense des droits de l’Homme, ces annonces successives de la diplomatie européenne au Burundi ont semé le trouble. « Le Conseil devrait maintenir sa position selon laquelle la progression durable et visible de l’ouverture de l’espace politique et civique et la lutte contre l’impunité sont indispensables pour résoudre les problèmes fondamentaux en matière de droits humains au Burundi». Pour ces organisations, l’UE ne devrait en aucun cas laisser entrevoir qu’elle est disposée à passer outre ses propres critères et principes fondamentaux dans une volonté d’améliorer les relations diplomatiques : « L’UE et ses Etats membres devraient signifier au gouvernement burundais que des progrès durables et démontrables de la lutte contre l’impunité et de la restauration des libertés publiques ainsi que mettre fin à la torture sont primordiaux pour reprendre la coopération avec l’UE en vertu de l’Accord de Cotonou.»

Le 21 novembre, nouveau rebondissement. A travers une note qui date du 18 octobre, le Conseil de l’Europe a renouvelé pour un an de plus, ses sanctions contre 4 personnalités burundaises : le ministre burundais de l’Intérieur, Gervais Ndirakobuca, le chargé de missions de la Présidence Godefroid Bizimana, Mathias Joseph Niyonzima, alias Kazungu, agent du Service National de Renseignement et le Général Léonard Ngendakumana. Pour rappel, les trois premiers se voient accusés d’exactions commises contre les manifestants dans le cadre de la contestation du troisième mandat de feu Pierre Nkurunziza. Léonard Ngendakumana, lui, est visé pour incitation à la violence à l’endroit du régime de Gitega. Les sanctions consistent en un gel de biens et l’interdiction de circuler sur le territoire de l’Union européenne.

Le 1er décembre, l’Union européenne a prolongé ses sanctions économiques contre le Burundi. Cette décision entre dans le cadre du prolongement de l’application de l’accord de Cotonou qui la lie aux États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) jusqu’à fin février 2022.


Des voyages présidentiels centrés sur le continent africain

Du 23 au 26 mars, le président Evariste Ndayishimiye a effectué une visite de cinq jours en Egypte. Une visite au cours de laquelle le chef de l’Etat burundais s’est dit reconnaissant à l’endroit de son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi pour son soutien au pays de Mwezi Gisabo « quand la communauté internationale s’était liguée contre le Burundi et voulait influencer les pays africains ».

Les premiers ministres rwandais et burundais dans la tribune d’honneur du stade Intwari.

A cette occasion, les deux pays ont signé des mémorandums d’entente en matière de tourisme, de l’enseignement, de la culture et de la communication. Selon le même communiqué, un accord relatif à l’exemption de visas pour passeports diplomatiques et de service ainsi qu’un autre pour l’exécution intégrée des ressources hydriques au Burundi ont également été signés.

Du 29 au 31 mars, cap sur la République Centrafricaine où le président Ndayishimiye a pris part aux cérémonies d’investiture de Faustin Archange Touadéra, réélu pour un second mandat.
Le 12 mai, le chef de l’Etat burundais a effectué une autre visite de ce type en Ouganda où il a participé à l’investiture de Yoweri Kaguta Museveni, au pouvoir depuis 1986 et réélu pour une sixième législature.
A la fin du mois de mai (le 31), Evariste Ndayishimiye a effectué une visite au Kenya à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance de ce pays. Des sources ont révélé par la suite que ce voyage s’inscrivait dans l’optique d’ouvrir le marché burundais aux investisseurs kenyans.

Du 12 au 14 juillet, le président burundais s’est rendu pour une visite de deux jours en RDC où il a rencontré son homologue congolais, Félix Tshisekedi.
Dans le cadre de cette visite, les deux chefs d’Etat se sont notamment promis « d’activer les mécanismes concertés visant à éradiquer les groupes armés opérant sur le territoire congolais et de suivre de très près les questions relatives à la sécurité aux frontières des deux Etats voisins ».

Burundi/Rwanda : Je t’aime moi non plus

C’était une présence symbolique. Celle du Premier ministre rwandais, Edouard Ngirente aux cérémonies du 59e anniversaire de l’indépendance du Burundi. « Je suis venu réitérer l’engagement du Rwanda à travailler avec vous Monsieur le Président de la République pour renforcer notre partenariat stratégique, je suis convaincu que nous sommes prêts à travailler pour la consolidation et la promotion des relations existantes d’amitié au profit de nos deux peuples », a indiqué l’officiel rwandais.

Pour le chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, la visite du Premier ministre du Rwanda relève d’un miracle « après de longs mois de taquineries ».
A partir d’aujourd’hui, a indiqué le chef de l’Exécutif burundais, nous espérons que les pages que nous avons écrites vont être lues pour qu’ensemble nous puissions commencer un nouveau chapitre. «Maintenant, il y a espoir que ce livre que nous avons écrit sera ouvert et lu ensemble puis fermé pour entamer un nouveau chapitre, ce que je qualifierais de ’’Nouvelle Alliance’’ ».

Sur le terrain, les autorités locales burundo-rwandaises ne cessent de se rencontrer. A ce propos, signalons que le 15 octobre, le gouverneur de la province de Cibitoke et le gouverneur de l’Ouest du Rwanda se sont rencontrés dans la commune Ruhwa. Au menu des discussions : la réouverture de la frontière burundo-rwandaise.
Le 5 septembre, Paul Kagame, le chef de l’Etat rwandais, s’est félicité de l’amélioration des relations entre son pays et son voisin du sud.

Cependant, des propos tenus par de hautes autorités burundais ont démontré qu’il y a encore de l’eau dans le gaz.
Dans sa sortie médiatique du 19 août dernier, le patron de la primature a estimé que Kigali doit remettre les putschistes et leurs acolytes qu’il héberge après le putsch du 13 mai 2015.
« C’est pourquoi nous insistons toujours pour qu’ils nous soient livrés. Les autorités rwandaises ne nous ont remis qu’une petite partie, » a-t-il indiqué.

Une position bien tranchée qu’a réitérée la porte-parole du ministère des Affaires étrangères le 8 octobre, lors d’une émission publique. A la question de savoir à quand l’ouverture de la frontière Gasenyi-Nemba, Sonia Niyubahwe a été catégorique : « Aussi longtemps que le Rwanda n’aura pas honoré ses promesses, dont la livraison des putschistes de 2015, les frontières resteront fermées.»

Du côté de Kigali qui a déjà pris la décision de fermer les médias burundais qui exerçaient au Rwanda depuis 2015, impossible de livrer les commanditaires du putsch qui sont protégés par la loi internationale. « Le Rwanda ne va pas lâcher des personnes sous protection de l’ONU. Nous ne pouvons pas livrer unilatéralement des gens qui sont venus trouver refuge chez nous (…) Si quelqu’un veut nous les reprendre pour les remettre au Burundi, il en assumera les conséquences », a déclaré Paul Kagamé.


D’éminents opposants de retour au bercail

Le 20 septembre, Jean-Bosco Ndayikengurukiye, secrétaire général de la Coalition des forces de l’opposition burundaise pour le rétablissement de l’Accord d’Arusha (CFOR-Arusha) est rentré au Burundi après huit années d’exil à l’étranger. « Je veux éprouver la réalité du terrain », a confié le président du parti Kaze Fdd.
Au début du mois de septem

Le président de la CVR, Pierre-Claver Ndayicariye, qualifie la tragédie de 1972 de génocide.

bre, Jérémie Ngendakumana, l’ancien patron du parti Cndd-Fdd a retrouvé sa terre natale après six années d’exil. Dans un entretien accordé à Iwacu quelques jours avant son départ de la Belgique, l’ancien homme fort du parti au pouvoir a confié vouloir se mettre à la disposition de la république. Et de soutenir que cette dernière pourra bénéficier de son expérience politique et professionnelle : « Si besoin il y a.»

Evariste Ndayishimiye à l’ONU

Le chef de l’Etat burundais a été catégorique. Il n’est pas question de singulariser le Burundi en lui collant des mécanismes spéciaux en matière des droits de l’Homme. « Cela est contre-productif » a-t-il estimé dans son discours à l’Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre.

Le président Evariste Ndayishimiye en a profité pour demander à certains partenaires, notamment le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies, de faire ce qu’il a appelé « une lecture juste et responsable » des efforts que le Burundi déploie aux côtés d’autres nations.

Pour le président Ndayishimiye, la meilleure voie de promouvoir et protéger les droits de l’Homme doit passer par la coopération, l’assistance technique et le renforcement des capacités des mécanismes nationaux œuvrant dans le domaine des droits de l’homme.

La commission Diène dissoute

A l’occasion de la réunion du Conseil des droits de l’Homme, vendredi 8 octobre, le mandat de la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi présidée par Doudou Diène n’a pas été renouvelé.
Une majorité formée de 21 pays sur 47 ayant répondu présents à ces assises a voté la mise en place d’un nouveau mécanisme de suivi des droits de l’Homme. Une nouvelle instance qui sera dirigée par un rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’Homme au Burundi.

Levée des sanctions des USA

Jeudi 18 novembre, la présidence de Joe Biden a annoncé dans une lettre la levée des sanctions individuelles à l’encontre de huit personnalités burundaises : Alain Guillaume Bunyoni, Premier ministre ; Godefroid Bizimana, chargé des missions à la présidence de la République ; Godefroid Niyombare, ancien chef du SNR ; Cyrille Ndayirukiye, ancien ministre de la Défense et un des meneurs du putsch raté de 2015 ; Gervais Ndirakobuca, ministre en charge de l’Intérieur ; Léonard Ngendakumana, ancien chef de missions à la présidence de la République et accusé d’être impliqué dans la tentative de coup d’Etat de 2015 ; Joseph Mathias Niyonzima alias Kazungu, agent du SNR, et Alexis Sinduhije, président du MSD. Ces sanctions consistaient en un gel des avoirs de ces personnages et une interdiction d’entrée sur le territoire américain.
La Maison Blanche a évoqué des signaux positifs, comme l’alternance au sommet de l’Etat en 2020, la réduction de la violence et les réformes engagées par le président Evariste Ndayishimiye dans plusieurs secteurs et la lutte contre la corruption.

Dans la même lettre, la présidence américaine a annoncé avoir levé l’état d’urgence concernant la situation au Burundi.
Vague de remaniements ministériels
Sur proposition du Premier ministre et en consultation avec le Vice-président, le chef de l’Exécutif burundais, a procédé, vendredi 18 novembre, à des remaniements ministériels.
Le poste de ministre de la Justice a été attribué à Domine Banyankimbona.

Sylvie Nzeyimana remplace Thaddée Ndikumana au ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida.
Ce dernier est dorénavant ministre de la Fonction publique, du Travail et de l’Emploi.
Le ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme a été confié à Mme Marie-Chantal Nijimbere.
Cette dernière a quitté le ministère de la Communication, Technologies de l’Information et des Médias confié dorénavant à Mme Léocadie Ndacayisaba.

La tragédie de 1972 qualifiée de génocide par la CVR

Dans un rapport présenté devant le Parlement, lundi 20 décembre, le président de la Commission Vérité et Réconciliation, Pierre-Claver Ndayicariye, a qualifié les événements de 1972 de génocide perpétré contre les Hutu. « La CVR a auditionné certains Burundais encore vivants qui ont trempé dans les massacres et qui l’ont accepté. Elle a analysé ce qu’ils ont dit, ce qu’ils ont fait, la politique du pays prévalant à cette époque, et comment les crimes ont été planifiés dans tout le pays », a fait notamment remarquer M. Ndayicariye.

Selon lui, les écrits et les archives collectés auprès des institutions étatiques montrent qu’il y a eu un plan d’exterminer les Hutu. Et de préciser que des preuves irréfutables de ce plan apparaissent dans les décisions politiques, administratives, judiciaires prises par le régime de Micombero.

D’après les enquêtes de la CVR, les crimes commis contre les Hutu dénotent un caractère génocidaire. « Ce que la CVR a déjà récolté montre que les institutions étatiques, en l’occurrence le chef de l’Etat, l’armée, l’administration, les services de renseignement et de la Justice ont été impliqués dans l’arrestation et les massacres des Hutu ».
Selon les enquêtes de la CVR, ces tueries ont visé surtout les intellectuels, des Hutu ayant un certain revenu, des étudiants, des élèves et des écoliers.

Par Alphonse Yikeze (Iwacu)