Les diasporas africaines: un autre regard sur ses contributions au continent

L’été est la période où la plupart des membres de la diaspora africaine rentrent au bercail pour diverses raisons comme des vacances combinées de visites familiales, cérémonies matrimoniales, levées de deuils , découvrir les opportunités d’affaires ou superviser les projets (de constructions) initiés pour ne citer que ça.
Ceci démontre la force des liens entre cette diaspora le continent africain. Mais il y a plus, car , même ceux qui ne rentrent pas peuvent contribuer d’une façon ou d’une autre à renforcer ce lien.

Par E. Innocent Harerimana

De quelles diasporas s’agit-il?
La question mérite une réponse, si le continent veut compter sur elles pour son développement. Avant tout, la diaspora africaine n’est pas nécessairement ce que la vox populi prétend qu’elle est, c’est à dire composée d’opposants aux régimes en place dans les pays d’origine. Elle est si diversifiée qu’il est difficile de l’étiqueter. C’est pour cela qu’on parle de diasporas au pluriel. Ce qui est sûr c’est que la grande majorité de ses membres ne fait pas de la politique politicienne.
En considérant le but de sa présence hors du continent, on remarque qu’elle est composée de personnes venues suivre des études et leurs familles, des gens venus travailler qui regroupent leurs familles nucléaires, et les demandeurs de protection internationales ainsi que leurs familles regroupées. A coté, il y a un petit groupe de coopérants et leurs familles.
En considérant leurs talents et compétences, ils sont aussi variés allant des domaines de la santé, le commerce, l’enseignement, les nouvelles technologies en passant par la gestion des projets, la théologie, les ressources humaines et le coaching dans diverses matières.

Quelles contributions?
La diaspora contribue beaucoup déjà dans les pays respectifs via les aides directes à la famille restée sur place. Ces aides dépassent de loin l’aide dite ‘ au développent » octroyée par les pays dits ‘développés » au continent africain. L’Union Africaine a vu juste en considérant la Diaspora Africaine comme étant la 6ème région du continent. Cela permet de fournir les informations sur l’évolution des pays Africains et leurs besoins au sein des communautés basées à l’étranger et ainsi faciliter leurs participations dans le développement continent.
La diaspora vivant en occident, aux Amériques en Asie en en Australie est généralement bien formée sur place. Elle peut transférer les connaissances et les compétences dans les pays d’origine. A l’instar de l’aide directe à la famille, voici 10 exemples non exhaustifs:
• conseiller sur l’accueil, la gestion du temps et un meilleur rendement du travail
• visiter les pays en apportant les devises et en consommant local
• entreprendre et soutenir les petites et moyens entreprises locales
• enseigner en ligne ou sur place
• exceller en sport et supporter les équipes et délégations du pays d’origine
• contribuer au développement de fichiers, applications informatiques et les traductions
• contribuer dans les processus et méthodes de gestion, de production et de marketing
• écrire sur et parler du pays de façon positive
• promouvoir la culture des pays d’origine: les expositions, les festivals, concours …
• se distinguer dans les actions positives mettant en honneur « Ubuntu »
Le défi est de faire la différence entre les pouvoirs en place et la patrie.
Mieux vaut donc contribuer au développement d’un pays que de se plaindre -les mains croisées- qu’il est mal gouverné.

Avoir quitté le pays ne change en rien à la qualité intrinsèque d’être Africain.
Avoir des racines donne une respectabilité dans les pays d’accueil qui ne cessent de rappeler les origines de la diaspora. Cela aide à mieux s’intégrer dans les pays d’accueil tout en sachant qui vous êtes.

Concrètement: le brain mobility ou la circulation des cerveaux
La solidarité avec les pays d’origine nécessite une certaine organisation. La diaspora est prête à aider les pays d’origine mais elle se heurte souvent à un manque de coordination efficace et une contrepartie des gouvernements locaux. Pour mieux utiliser les compétences de la diaspora, il conviendrait que les chancelleries- qui connaissent mieux leurs ressortissants- coordonnent la participation de sa diaspora et faciliter la circulation des compétences.
Ces chancelleries sont un pont entre les besoins réels du pays et l’offre de la diaspora en matière de compétences, connaissances et savoir-faire. Cette coordination se ferait dans le respect des diversités au sein de la diaspora. Les chancelleries peuvent travailler avec les nombreuses associations en leur informant sur les secteurs nécessitant l’intervention de la diaspora. Elles peuvent aussi engager des femmes et des hommes intègres parmi la diaspora pour faire cette mission.
Les gouvernements eux , via les chancelleries, pourraient garantir une meilleure organisation sur place et entre autre des déplacements gratuits, une partie du séjour offerte, visa de courtoisie, simplification des démarches administratives et un accueil officiel.
Suivraient alors le suivi et le monitoring des actions posées par la diaspora.

Le défi ,du coté de la diaspora, est de se faire enregistrer aux chancelleries respectives. En effet la plupart considère cela comme une sorte de recensement. Au font, si l’on a rien à se reprocher, rien ne peut arrêter la force de l’amour patriotique.
Du côté des gouvernements locaux, il est conseillé de ne pas voir en chaque membre de la diaspora un opposant.

Quant à une opposition constructive la plupart des pays la considèrent comme une bénédiction et une consultance gratuite. Elle est l’œil des dirigeants. Sans doute, parmi la diaspora, certains membres appartiennent à cette opposition constructive, qu’il faudrait malgré tout écouter afin de s’améliorer et opérer un développement durable et équitable.

A propos de l’auteur:

E. Innocent Harerimana est poète ,enseignant, coach et formateur originaire du Burundi.

Il est fondateur de Africa Network Brabant, une organisation qui regroupe les Afro-descendants du Brabant Wallon et Flamand en Belgique. Il est aussi initiateur de nombreux projets de langue, dont un journal .
Polyglotte, il maîtrise entre autre le néerlandais, l’anglais, le français et kirundi.

Il est expert en reconnaissance de diplômes et de l’Enseignement Supérieur dans une Agence Gouvernementale Flamande ( Belgique)