Le CNDD-FDD serait-il devenu un Parti politique de « Bigots » ? C’est, en tout cas une opinion qui vient d’être portée à la connaissance du public. Si c’est de l’humour, il n’y a pas de quoi rire. Personnellement, je ne suis pas un bigot, je ne suis pas endormi et moins encore abruti.
Dans un article publié sur Iwacu, Mr Guibert Mbonimpa nous apprend notamment qu’aussi longtemps que la bigoterie, outil d’endormissement de la lucidité, aura bonne presse, le Burundi n’arrivera pas à bon port… seuls la dérive idéologique et l’abrutissement accosteront…. A rebours de la quête spirituelle – faire grandir les croyants et se traduire dans les œuvres -, la quête identitaire valorise la bigoterie – prière collective en prélude à ladite conférence-débat -, et relègue au second plan le travail comme valeur et condition sine qua non du développement. On se tourne vers le « Ejo ni heza » (Demain, il fera meilleur), le pire devenant le moteur de l’espoir… Cette quête identitaire est le symptôme d’un mal en progression constante : la culture de l’emballage. En l’occurrence, le rite religieux devient l’essentiel, l’effort personnel, l’insignifiant.
D’amblée, je précise que je respecte cette opinion mais que je ne la partage pas du tout. Qui endort qui ? Qui croit à l’abrutissement des autres ? Je suis certain qu’on va vers le meilleur, dépourvu du cycle de violence qui a emporté beaucoup de nos concitoyens les années passées (1962, 1964, 1965, 1969, 1971, 1972-73, 1988, 1993…) ; les coups d’états militaires (1966, 1976, 1987, 1993, 1996, 2015). Cette longue période de mal absolu, nous a fait collectivement du tort et nous ne sommes pas prêts à l’oublier. Demain doit coûte que coûte être meilleur, ça n’est pas de la bigoterie. Serait-ce de la nostalgie de cette période ?
On lit dans Wikipédia que la bigoterie est une dévotion fourvoyée dans un attachement au détail, à la lettre, à des pratiques formelles, superstitieuses. Le terme « bigot » est très souvent utilisé dans un sens péjoratif pour parler d’une personne qui s’accroche sans discernement à des idées ou à une idéologie religieuse au mépris de la réflexion, même lorsqu’il est prouvé qu’elles sont fausses, et qui défend ses croyances d’une manière souvent obtuse voire agressive.
Etymologiquement nous lisons que le terme est attesté pour la première fois en 1135 en ancien français chez Wace, auteur normand, comme surnom injurieux donné aux Normands1.
William Camden explique que les Normands ont été les premiers à recevoir l’appellation de bigots lorsque leur duc, Rollon (dit aussi Robert Ier, ou duc des Normands), recevant en mariage la fille de Charles III de France dit le Simple, Gisla, et avec elle l’investiture du duché, refusa de baiser le pied du roi en marque de soumission, à moins que le roi lui-même lui tendît le pied. Alors que ceux présents le pressaient de baiser le pied du roi, Rollon répondit « Non, par Dieu ! », sur ce Charles III dit en se retournant « bigot ! ». Le nom passa ainsi de Rollon à son peuple. Il est très possible que cette histoire soit fictive car il n’a pas été retrouvé de traces de Gisla dans les recherches sur les Francs. Il est cependant vrai que les Français utilisaient le mot « bigot » comme insulte pour les Normands.
Le terme d’injure utilisé par Wace remonte probablement au vieil anglais be gode ! (« par Dieu ! ») juron ou invocation chez les Normands avant et après leur romanisation.
C’est son point de vue d’observateur passif car il voit le symptôme d’un mal en progression constante, là où d’autres disent que chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, afin de profiter de la paix retrouvée pour bâtir un Burundi réconcilié. Certes, les défis sont multiples et variés, compte tenu d’un héritage social très lourd à porter, certains individus rompus à la violence et à l’égoïsme, les résistances sociales au changement et un contexte global mondial qui induit beaucoup de paramètres à géométrie variable difficiles à appréhender et moins encore à maîtriser.
En réalité, tout commence par une vision, sans vision il est impossible de bâtir un avenir quel qu’il soit, la suivante étape est de croire que la vision est réalisable, s’en donner les moyens après avoir analyser les opportunités, les atouts, les menaces pour enfin enclencher le cercle vertueux vers un avenir radieux. Trêve de plaisanterie, le projet de société du Parti CNDD-FDD n’est pas de la bigoterie.
Nzirorera Philbert