Par Fabrice Manirakiza, Rénovat Ndabashinze et Emery Kwizera
« Moi Neva, je suis prêt à être emprisonné pour mon pays. J’accepte même la mort au lieu que mon pays sombre. Tant que je suis président de la République, je ne peux pas accepter que mon pays soit détruit. Laissez-moi mourir et vous allez le détruire à mon absence. Mais, de mon vivant, je ne peux pas permettre ça. Impossible », a lancé le président Evariste Ndayishimiye, mardi 6 décembre, lors de la Journée dite du « contribuable. »
Il a ainsi dévoilé qu’il est au courant de tous les calculs mesquins autour de la passation des marchés publics. « Voilà, je viens de le dire. Si Ngirirwa ne changes pas ce qu’il faisait et continue dans ses anciennes pratiques, tant pis pour lui. Ce qui est strictement prohibé, c’est d’importer quelque-chose qui est fabriquée au Burundi. C’est interdit. Si tu signes ce marché et qu’ils importent un produit existant au Burundi, Ngirirwa, tu es averti. Il y a trop de tricheries. »
Notons que Gervais Ngirirwa est le directeur national de contrôle des marchés publics.
A titre d’exemple, il a évoqué les tricheries qui se remarquent dans le paiement. « Une personne qui gagne un marché chez Ngirirwa. Et la BANCOBU lui donne l’argent pour exécuter les travaux. Puis, quand le gouvernement fait le paiement, la concernée demande que l’argent soit versé sur un autre compte ouvert à la BCB. »
Selon le président Ndayishimiye, cette tactique est utilisée pour éviter que la BANCOBU retienne cet argent. « Et là, il va vider son compte à la BCB, pour aller conserver la somme à la maison. C’est de cette façon que les maisons se retrouvent garnies d’argent résultant de la corruption et ces tricheries. Tout ça, je suis au courant. »
Le chef de l’Etat compte « revisiter » tous les contrats signés. « Maintenant, il y a un procès que je vais engager et je serai avocat. Sur tous les contrats signés par l’Etat, je vais être avocat pour revisiter cela. Est-ce que vous saisissez ce que c’est l’Etat ? L’Etat est comme un enfant mineur. Ce dernier est représenté. Et quand son parrain est défaillant, ce mineur a le droit de refuser un contrat. »
Actuellement, il y a un gouvernement ‘’majeur’’ qui doit vérifier tout ce qui a été signé par ses représentants. « Chaque contrat frauduleux doit être modifié et bien établi. Continuité de l’Etat ! Qui vous a dit la continuité de l’Etat dans le mal ? Eeeh, si le représentant de l’Etat était un imbécile, vous voulez que moi aussi signe ces imbécilités ? Impossible. »
Sur un ton très dur, il s’est montré très déterminé : « Qu’on se débarrasse de moi à temps, qu’il y ait un autre pour cautionner cela. Je ne peux pas. Je ne peux pas continuer sur un contrat biaisé. Impossible. »
Il a promis de lire ces contrats. Le président Ndayishimiye a dit qu’il ne peut même pas compter sur des techniciens parce qu’ils seraient corrompus et liraient les contrats à l’envers. « Je sais bien. on leur corrompt avec des milliards. »
A ceux qui pensent qu’on pourra l’accuser de haute trahison, le président Never est clair : « Moi, j’ai lu dans la Constitution que le président de la République peut être traduit devant la justice et puni en cas de haute trahison. Ils expliquent bien ce qu’est la haute trahison. En tout cas, il n’y a pas de haute trahison dans le rapatriement les richesses du pays qui étaient volées. Détruire un faux contrat est-ce une haute trahison ? Un pays ne peut pas être emprisonné. »
Selon le président Ndayishimiye, il y a trop de contrats « biaisés ». A titre illustratif, il a évoqué le cas des terres rares de Gakara, dans Bujumbura dit rural. D’après lui, on a vendu plus de 1000 tonnes de terres rares. Mais, aucun sou n’est rentré dans la caisse de l’Etat.
Il a décidé de rompre ce contrat qu’il qualifie de ‘’biaisé’’. Il a expliqué que le pays a donné une mine d’une valeur d’un milliard de dollars. « Pour son exploitation, tu investis 200 mille dollars. Prenons 200 millions de dollars. Et puis, tu me dis qu’on va partager à part égale. Normalement, le partage se fait sur base du capital de chaque partie. On calcule les pourcentages. C’est ça le contrat gagnant-gagnant. Mais, vous voulez que l’Etat reçoive 10% et vous i 90%. Et voilà, le contrat a été signé par un fonctionnaire de l’Etat. Connaissez-vous ce qu’ils ont signé à Gakara ? Ils ont signé que l’Etat cède toute la propriété, toutes ces mines et qu’il reste avec 10%. Moi, Neva, je ne peux pas signer cela. »
Malheureusement, a-t-il déploré, ce contrat a été signé. Et selon lui, il y a une odeur de corruption dans le processus de signature de ces contrats. « Il y a un deal entre les signataires de ces contrats, ils se connaissent bien. Et quand j’envoie une personne pour vérifier, on lui fait 500 millions et il fait semblant de ne rien voir et va me donner un faux rapport. Je le sais. »
Mise en garde de certaines sociétés
Dans son discours devant des investisseurs, des contribuables, des ministres, des cadres de l’Etat, le président Ndayishimiye n’a pas caché sa déception envers certaines sociétés qui ne paient pas l’impôt : « Aujourd’hui, je connais tous vos calculs mesquins. C’est pourquoi vous ne pouvez pas m’aimer. Y-a-t-il un voleur qui aime un gardien ? Est-ce que si je viens vérifier le capital des télécoms et le gain encaissé sur l’espace burundais, c’est multiplié par un million. Mais quand on leur demande de payer l’impôt, ils n’acceptent pas. »
Il a annoncé qu’il est en train de chercher des vraies sociétés de télécoms. « Pour le moment, une société de télécom qui ne s’acquitte pas de ses impôts, je leur lance une bombe et j’amène une autre société. Je suis en train de les chercher. Des vraies sociétés, pas celles venues voler le pays. »
Pour le président Ndayishimiye, c’est triste de voir une société qui refuse de payer l’impôt jusqu’à la fermeture. Et de mettre en garde celles qui comptent sur les pots-de-vin pour se protéger : « Moi, on ne peut pas me corrompre. C’est vraiment triste de refuser de donner l’impôt pour le pays et accepter de verser ça dans les poches des gens. Que font ces corrompus ? Vont-ils construire pour toi une route ? Pire, ce sont ces mêmes gens qui font reculer le pays. »
D’après lui, comme ils ne sont pas capables de montrer l’origine de leur richesse, ils stockent leur butin à la maison. Une perte pour le pays. « Car, tout l’argent qui devait être en circulation, se retrouve caché dans les cornes. »
Pour le président Ndayishimiye, un pays corrompu ne peut pas se développer : « La corruption est vraiment très mauvaise », a-t-il souligner avant de mettre en garde ceux qui pensent qu’il a peur d’eux.
« Personne parmi vous ne me fait peur »
Autoritaire, le président Evariste Ndayishimiye a donné un message clair : « Ecoutez-moi bien, moi, j’ai reçu mon baptême de même que mon sacrement de confirmation, personne parmi vous ne me fait peur, personne. Si vous aviez l’habitude de me soudoyer en me donnant de l’argent, gardez votre monnaie. Je ne suis pas en train de quémander qui que ce soit. Je parviens à satisfaire mes besoins. »
Sur le même ton, et sans citer les noms, il a lancé une autre flèche : « Vous vous rendez compte des maux que vous avez infligés à votre pays ces derniers jours ? Vous l’avez conduit à sa ruine, au vu et au su de tout le monde. »
Il a déclaré qu’il s’est raffermi et qu’il ne craint rien.
« Je suis prêt à le témoigner devant toute la Nation. Pour tous les torts que vous m’avez causés, la coupe est pleine, ça suffit. »
C’est honteux : « J’ai fait un examen de conscience et je me suis posé pas mal de questions : Est-ce que c’est un pays de maudits où des gens sont dénués de tout bon sens ? »
Mais comme il est chrétien, il dit qu’il a fait preuve de tempérance. « J’ai constaté qu’il y a manque de discernement. Le diable nous a abrutis. Est-ce qu’on peut emprisonner un malade mental ? Celui qui est dérangé ne passe pas le clair de sa journée à jeter des pierres sur des gens ? Il lui arrive même de brûler des maisons. Est-ce qu’on l’emprisonne ? Il faut plutôt l’amener Chez Le Gentil », (dans un hôpital neuropsychiatrique au nord du Bujumbura ».
La liste des cas de corruption est longue
« Tout ce que vous faites, Dieu vous observe. Quand tu voles, saches qu’il te voit. Tout ce que tu fais, il est là. Un jour, il va te gifler sérieusement. Et là, tu vas te demander qu’as-tu fait sur cette terre pour mériter une telle punition. Tout ce que vous faites en cachette ne lui échappe pas », a souligné le président Ndayishimiye, ce samedi 3 décembre, à Kayanza, lors de l’ouverture du nouveau bureau provincial.
Il a rappelé que Dieu est omniprésent et a donné de l’intelligence à l’homme pour bien l’exploiter. « Mais, elle sert à tuer, à voler, elle n’en est pas une. C’est de l’escroquerie émanant du Satan. Soyons alors intelligents pour voir. »
Vient alors le temps de dénoncer : « Moi, je suis parti à Kabarore. J’ai vu les trous où vous avez extrait des minerais. »
Le président Ndayishimiye veut alors savoir où est parti l’argent : « Ces minerais, ces trous que je vois à Kabarore, les auteurs sont ici. Vous avez vendu ces trésors, où est l’argent ? Vous avez tout apporté aux riches. Où se trouve cet argent ? »
Certains présumés auteurs sont même connus par le président de la République : « Eeeh. Mayondori est en train de fixer le sol. Mayondori où est-ce que vous avez mis cet argent ? Je vois des trous mais je ne trouve pas de l’argent. Où l’avez-vous mis ? »
Mayondori étant le surnom d’un investisseur dans le domaine minier du nom de François Uwiragiye.
Pour le président, les auteurs sont bêtes : « Être bêtes jusqu’à voler le trésor du pays pour le confier aux étrangers ? C’est honteux. Imaginez cette bêtise ? Expliquez-moi ces trous de Kabarore. Amstel, où sont partis ces minerais ? Amstel, toi aussi, tu es là, je te connais et je te vois. Dis-moi où est parti l’argent ? »
Il les a prévenus : « Un jour, je vais vous convoquer tous pour me dire où est cet argent. Parce que je ne comprends rien. Exploiter des minerais et apporter aux étrangers pour s’enrichir de plus, c’est bête. Et tu reviens te lamenter dans les bars en disant : comment allons-nous sortir de cette pauvreté alors que tu es en train de dévorer des brochettes. »
Selon le président, avec ces propos, les auteurs tentent de distraire la population pour qu’elle ne découvre pas les voleurs de leur richesse. « Désormais, on va interroger tous ceux qui détournent la richesse du pays »,
D’après lui, si on parvenait à rassembler l’argent venu des minerais de Kabarore, le Burundi ne serait pas pauvre, ne pourrait plus manquer du carburant, des médicaments, de bonnes routes. « Ce montant pourrait construire une route reliant Bujumbura à Kabarore. »
« Finie la récréation »
Au moment où dans le pays, on parle de la rareté et cherté de denrées alimentaires, le président Ndayishimiye assure que c’est une conséquence de la mauvaise gestion des récoltes. « Il y a quelques jours, vous avez écoulé toute la production de haricot et du maïs à l’étranger. Et voilà, vous êtes en train de crier que vous avez faim. Je n’ai cessé de crier qu’il faut arrêter la fraude et aujourd’hui vous êtes en train de dire que c’est cher. Alors, allez-y vous ravitailler là où vous l’avez écoulé. Vous n’avez pas voulu m’écouter. »
Pour le chef de l’Etat, cette cherté des produits alimentaires est un message divin. « C’est Dieu qui veut vous montrer votre bêtise pour que vous ne récidivez pas. C’est honteux. »
Selon le président Neva, le Burundi peut devenir riche comme les USA, et la Chine, … « A condition qu’on change de mentalités, de pratiques. Faites le bien quand vous en êtes encore capables. »
Il a déploré que beaucoup de Burundais ont utilisé leur intelligence dans la destruction: « Ils ne l’ont jamais utilisé dans la construction du pays. Nous avons tué au lieu de sauver des vies. N’est-ce pas vrai ? Est-ce que je mens ? (…). Nous sommes très doués dans les détournements des fonds publics. Là, nous sommes excellents. Mais, quand vient le moment de construire, on est médiocre. »
Pour avancer, aucune bouche ne doit manger sans travailler : « Après avoir entendu ma vision disant que chaque bouche doit avoir à manger, certains se sont reposés soi-disant qu’ils vont manger sans travailler. Je dis non. Je refuse que des gens mangent sans travailler. Même les aveugles travaillent »
Le président Ndayishimiye dit ne pas comprendre ceux qui se battent pour les postes. Pour lui, c’est impossible de prétendre être gouverneur tout en promettant de développer la province alors que tu as été incapable de développer ta famille. « Dites-moi ce pauvre qui peut être gouverneur, ministre ? Oui ? Je ne cesserai de le dire. Et si je vous fatigue, élisez un autre qui va vous amadouer. Incompréhensible. »
Finie la récréation : « C’est le temps de manger à notre sueur. Beaucoup se disent qu’ils vont acheter des V8, construire des villas avec de l’argent détourné. Je suis en train d’imaginer une astuce pour déjouer vous, les cadres. A malin, malin et demi. »
Les cadres défaillants avertis
Remonté, il a dit ne pas comprendre comment quelqu’un peut être considéré comme cadre alors qu’il est en train de voler le pays: « Tu t’appropries de la richesse de la population et tu achètes des maisons au Canada, Nairobi, en Europe, … avec de l’argent volé aux Burundais et tu te dis que tu es un dirigeant ? Quel genre de dirigeant ? Non. Cette fois-ci, on va traquer ces genres de personnes. Pas question de jouer avec ça. Que chacun montre son bilan. »
Il a profité pour prévenir les ministres qui ne contrôlent pas leurs services provinciaux : « Si je constate qu’un ministre n’a pas encore visité ses services, il sera destitué. »
Pour ce contrôle, il compte sur la fidélité de son premier ministre : « Je suis très heureux maintenant. J’ai un 1er ministre qui comprend bien. Je vais lui demander de procéder à la vérification de tous les services non encore visités. On saura alors comment travailler avec ces ministres qui restent dans les bureaux. Ils ne le méritent pas. »
Pour le président Ndayishimiye, les cadres, les ministres doivent travailler pour le bien-être de la population. « Imaginez-vous. Si vous êtes un ministre de l’Agriculture et vous vous rendez compte que tous les Burundais sont en train de crier qu’ils n’ont pas à manger, n’est-ce pas le moment de démissionner ? C’est compréhensible. »
Réactions
Léonce Ngendakumana : « Que le président ait le courage de traduire en justice les auteurs des crimes économiques. »
Néanmoins, l’ancien président de l’Assemblée nationale reconnait que cela n’est pas une mince affaire. Pour lui, la lutte contre les pratiques de corruption, de détournement des deniers publics et des malversations économiques et financières, est une question extrêmement compliquée. « Surtout qu’on trouve dans ces dossiers, l’implication du parti au pouvoir, des responsables de certaines institutions comme le ministère des Finances, la Banque de la République du Burundi, comme la primauté dans le passé. », explique-t-il.
Mais, analyse le vice-président du parti du héros de la démocratie, il n’y a aucune personne qui peut le faire à l’exception du président de la République. D’après lui, c’est la seule personnalité qui peut le faire parce que les auteurs de ces crimes économiques sont très forts et puissants. « Ils sont devenus même plus fort que l’Etat lui-même. Ils ont de l’argent, des armes et ils manipulent à cet effet la machine de l’Etat. »
Cet ancien député note de surcroit que les citoyens s’impatientent de la réaction rapide de chef de l’Etat à cause du poids de la pauvreté, de la misère et du chômage qui pèsent sur cette population. Pour M. Ngendakumana, le président Ndayishimiye doit plutôt agir. « Si on écoute l’opinion, la crédibilité du président sur ces questions baisse. C’est très dangereux, il faut qu’il agisse. »
Kefa Nibizi : « Nous attendons par exemple de connaître l’issue des grands dossiers évoqués par le président de la République ?»
Le parti Codebu « Ijwi rya Ndadaye » a l’impression que les discours tenus par le chef de l’Etat sont similaires à ceux qui devraient être tenus par l’opposition.
Kefa Nibizi rappelle que ce phénomène de corruption à grande échelle ne commence pas aujourd’hui.
Faut-il que le président Ndayishimiye passe à l’acte ? « Je pense que le président de la République rencontrera plusieurs obstacles. » D’après M. Nibizi, ces gens qui se sont déjà enrichis sont devenus forts. « Les toucher sera difficile. Avec un système qui dure depuis 17 ans, monopolisé presque par un parti politique, vous trouverez que ces personnalités, ces commerçants qui se sont enrichis par la corruption proviennent presque tous du parti au pouvoir qui est aussi celui du président de la République. A un moment, il se sent gêné de les toucher parce que ça serait un phénomène d’autodestruction. Il faut faire beaucoup de manœuvre pour agir. »
Il rappelle un article de la Constitution qui parle de la déclaration des avoirs par les hauts dignitaires. « A ma connaissance, la plupart de ces personnes n’ont pas encore respecté la Constitution. Alors, où se trouve la volonté de ces autorités s’ils ne parviennent pas à contraindre ceux qui sous leurs ordres ? »
M. Nibizi trouve que cet engagement fort du président Ndayishimiye ne peut que donner une lueur d’espoir. « Mais, cet espoir sera renforcé par des mécanismes fiables de lutte contre la corruption. »
Abdul Kassim : « Nous demandons que les paroles soient traduites en actes.»
Nous apprécions beaucoup le message du président selon lequel le patriotisme ne se manifeste pas via les paroles mais par des actes.
Pour M. Kassim, le président a déclaré qu’il est prêt à mourir pour le pays au lieu de continuer à le voir sombrer. « C’est un message fort. Il faut que cela interpelle chaque burundais et comprendre que c’est notre pays. »
Pour ce politicien, il est temps que ces paroles se traduisent en actes d’ici peu.
Il trouve d’ailleurs qu’il est honteux et triste de voir le Burundi continuer à être placé parmi les premiers pays les plus pauvres au monde avec tant de richesses minières.
Gabriel Banzawitonde : « Que le président de la République agisse sans toutefois avertir. »
Pour lui, comme le chef de l’Etat connaît ces malfaiteurs, il faut vite inviter les organes habiletés comme la Cour anti-corruption et Cour des comptes à faire leur travail.
Selon Gabriel Banzawitonde, les malfaiteurs font peur partout au monde car ils utilisent beaucoup de moyens pour arriver à leurs objectifs. « N’oublions pas qu’il y’ a beaucoup de présidents au monde qui sont morts à cause des malfaiteurs et groupes d’intérêts. Que le président de la République agisse sans toutefois avertir et on assistera à des résultats. On n’a pas besoin de paroles amusantes, on a besoin des résultats et des réformes. »
Hamza Venant Burikukiye : « Le fait de dénoncer ces faits publiquement est déjà une action. »
Gabriel Rufyiri : « Le président de la République doit agir avec une méthodologie. »
Pour Gabriel Rufyiri, il doit y avoir des débats pour que le président de la République puisse comprendre ce que les citoyens pensent. « Lorsqu’une autorité publique parle et qu’il n’y a pas en retour des débats, on retombe dans le culte de personnalité. C’est ce qu’on n’a vu dans le passé chez Mobutu et d’autres dictateurs. La parole d’un politicien n’est pas la bible. »
D’après M. Rufyiri, les messages politiques sont des intentions politiques. « Pour que ces intentions politiques soient mises en application, il y a des procédures, des étapes, des stratégies, des méthodologies. Si cela n’existe pas, il sera difficile qu’on puisse évoluer. Les discours politiques doivent être suivis par des actions concrètes et qui suivent une certaine approche étudiée par des experts chevronnés. Ce qui nous manque malheureusement au Burundi. »
Le président de l’Olucome suppose que le chef de l’Etat est en train de préparer les esprits.
Concernant la vente des minerais orchestrée par certains hommes d’affaires, Gabriel Rufyiri rappelle que ça fait plus de 20 ans que l’Olucome dénonce de cela. « Avant 2021, au niveau du budget général de l’Etat dans la rubrique minerais, il y avait 1.200.000 BIF en provenance des minerais. Est-ce que le budget général de l’Etat n’est pas d’abord adopté en conseil des ministres puis à l’Assemblée nationale et au Sénat ? Ils n’étaient pas au courant ? Il faut qu’on regarde la vérité en face. » D’après les rapports des Nations unies, poursuit-il, le Burundi a exporté 2 tonnes d’or en 2018. « Qu’est-ce que le Burundi a fait pour savoir la provenance de ces minerais et leurs propriétaires ? Ils sont connus ceux qui opèrent dans ce secteur et ils sont devenus plus riches que l’Etat. Il faut des réformes profondes de la présidence jusqu’à la colline. »
Par Fabrice Manirakiza, Rénovat Ndabashinze et Emery Kwizera (Iwacu)