Les eurodéputés qui emploient des assistants visés par l’enquête sont par ailleurs invités, dans l’attente des conclusions de l’enquête, à démissionner de leur responsabilité et éviter tout activité au sein du Parlement européen et du groupe socialiste qui pourrait “interférer avec les politiques européennes et les relations visées”. Marie Arena (PS) a annoncé se retirer temporairement de la présidence de la sous-commission Droits de l’Homme du Parlement européen. “Ceci jusqu’à ce que toute la clarté soit faite”, a-t-elle écrit.
Le bureau et le domicile de l’assistante parlementaire de l’eurodéputée socialiste belge ont été perquisitionnés vendredi. Son bureau au Parlement européen avait été mis sous scellés jusqu’à ce lundi, pour permettre aux enquêteurs d’avoir accès à ses outils de travail.
Le porte-parole de l’eurodéputé Marc Tarabella a pour sa part précisé qu’il n’y avait pas non plus de scellés visant le bureau de ce parlementaire. Des scellés concernent toutefois un bureau situé dans le même couloir du parlement européen, occupé par un ex-assistant de M. Tarabella. Cet assistant a aussi collaboré plusieurs années avec l’ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri (S&D), fondateur et président de l’ONG Fight Impunity. Cet assistant est actuellement un collaborateur lié au groupe S&D et le compagnon de la vice-présidente du Parlement européen.
Perquisition lundi au Parlement européen
Une perquisition de plus a eu lieu, lundi, dans l’enquête du parquet fédéral belge. “Depuis vendredi, avec l’appui des services de sécurité du parlement européen, les moyens informatiques de dix collaborateurs parlementaires ont été gelés, afin d’éviter que des données nécessaires à l’enquête ne puissent disparaître”, a expliqué lundi soir le parquet fédéral. “La perquisition, ce jour, au parlement européen, avait donc pour objet de saisir ces données”.
Des perquisitions ont également eu lieu dimanche en Italie, avec l’appui d’Eurojust, l’Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne. Au total, depuis le début des opérations, une vingtaine perquisitions ont été menées, dans des résidences et des bureaux et au Parlement européen. Outre les interpellations et arrestations, d’importantes sommes d’argent ont été saisies.
“Des sommes de plusieurs centaines de milliers d’euros ont été saisies en trois différents lieux: une somme de 600.000 euros au domicile de l’un des suspects, plusieurs centaines de milliers d’euros dans une valise saisie dans une chambre d’un hôtel bruxellois et une somme de 150.000 euros environ dans un appartement appartenant à un député européen”, a détaillé le parquet fédéral.
Quatre personnes sous mandat d’arrêt
Six personnes ont été interpellées dans ce dossier depuis vendredi, dont quatre sont sous mandat d’arrêt. Ils comparaîtront devant la chambre du conseil de Bruxelles mercredi. Parmi les six personnes qui ont été interpellées, outre la vice-présidente grecque du Parlement européen, Eva Kaili, qui est sous mandat d’arrêt, figurent l’Italien Pier-Antonio Panzeri, ancien député S&D au Parlement européen, Luca Visentini, secrétaire général de la Confédération internationale des syndicats, ainsi qu’un directeur d’ONG et un assistant parlementaire européen.
Eva Kaili était en possession de “sacs de billets”, vendredi soir, lorsque la police a perquisitionné son domicile à Bruxelles.
Le Qatar nie toutes les accusations
Dans cette enquête ouverte depuis plusieurs mois, les policiers de la PJF soupçonnent le Qatar d’influencer les décisions économiques et politiques du parlement européen, en versant des sommes d’argent importantes ou en offrant des cadeaux de grande valeur à des tiers ayant une position politique ou stratégique significative au sein du parlement européen.
L’affaire éclate en pleine coupe du monde de football au Qatar, alors que le pays organisateur doit déployer des efforts pour défendre sa réputation décriée en matière de respect des droits humains, notamment ceux des travailleurs.
Le Qatar nie toutes les accusations. “Il est infondé de lier les accusations à ce sujet au gouvernement de Doha”, a déclaré la représentation qatarie de l’UE à Bruxelles. L’État du Qatar agit en pleine conformité avec les lois et réglementations internationales, souligne-t-elle.
“La démocratie européenne est attaquée”
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, et les président des différents groupes politiques se pencheront mardi matin à partir de 8h30 sur l’affaire. Ils devront notamment se prononcer sur le sort d’Eva Kaili.
Des concertations informelles ont déjà eu lieu lundi midi. Mardi, le dossier sera discuté officiellement. Mme Kaili devrait perdre sa fonction. Elle a déjà été exclue du PASOK, le parti socialiste grec dont elle fait partie.
Ce lundi à 17h, le parlement européen a ouvert sa session plénière mensuelle à Strasbourg. La présidente a fait une déclaration dans laquelle elle a assuré que l’affaire ne resterait pas sans suite. À ses yeux, le dossier représente un “test” pour l’institution et celle-ci ne pourra pas faire comme si rien ne s’était passé. “Pas de business as usual”, a-t-elle assuré.
“La démocratie européenne est attaquée”, a a-t-elle expliqué, en faisant part de sa “fureur, colère et tristesse” au sujet du scandale de corruption présumée par le Qatar.
“Il n’y aura aucune impunité (…) rien ne sera mis sous le tapis”, a-t-elle promis, en annonçant une “enquête interne pour examiner tous les faits liés au Parlement” européen et faire en sorte que l’institution se réforme.
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Source: Le Soir, De Morgen, AFP