CVR : « 1972, les mayi mulele, rebelles ou collaborateurs du pouvoir de Bujumbura ? »

La Commission Vérité et Réconciliation CVR a organisé, mercredi 26 avril 2023 à Bujumbura, une conférence thématique intitulée :

‘’1972 : les Mayi Mulele, des rebelles ou des collaborateurs du pouvoir de Bujumbura ? ’’

Les Mayi Mulele ont été présentés par le pouvoir de Bujumbura comme étant les déclencheurs des tueries massives commises dans tout le pays en 1972-1973, selon Pierre Claver Ndayicariye président de la CVR. Mais des questions se posent sur ces rebelles Mayi Mulele:

Qui étaient-ils, quelles relations avaient-ils avec le pouvoir de l’époque
C’est le commissaire de la CVR Aloys Batungwanayo, qui a fait une communication pour donner des réponses à toutes ces interrogations sur les Mayi Mulele.

Selon Aloys Batungwanayo, les mayi mulele n’existent pas c’est plutôt des combattants du mouvement Simba créé par Pierre Mulele ancien ministre de l’Education, sous le régime du premier ministre Patrice Lumumba .
Mayi c’était leur devise, Mulele c’est le nom de Pierre.

Les combattants de Simba, pour le cas du Burundi, selon toujours le commissaire Aloys Batungwanayo, sont des mercenaires, qui ont été engagés par le régime Micombero, pour déclencher les massacres, contre d’abord les batutsi, afin que Micombero puisse en découdre avec le danger qui était pour lui, représenté par les bahutu intellectuels et les batutsi Banyaruguru, c’est-à-dire les batutsi qui n’étaient pas des Bahima.

Donc ce sont, ajoute-t-il, des mercenaires qui ont été invités, nourris, payés et logés par le régime de Micombero.

Micombero concocte un plan d’élimination des bahutu et d’élimination des batutsi banyaruguru, et pour déclencher ce plan, il utilise alors des mercenaires, qui sont les combattants de Simba, qui se prénommaient Mayi Mulele.

Selon toujours Aloys Batungwanayo, lorsque il parlait de Mayi Mulele, il voulait dire les bahutu tout simplement parce que selon toujours le commissaire de la CVR, Micombero a organisé des rondes nocturnes partout dans le pays, avec un message clair : ‘’ vous organisez les rondes, vous mettez des barrières, pour contrer l’avancée des mayi mulele’’ et les personnes qui étaient arrêtées n’étaient que des bahutu.

Le commissaire Aloys Batungwanayo affirme que la CVR dispose de preuves que des batutsi ont été sacrifiés notamment à Rumonge, à Bujumbura, pour que le plan d’élimination des bahutu puisse être accompli. Le commandant Nduwingoma Samuel, commandant du camp Bururi a voulu intervenir à Rumonge, le 30 avril 1972, arrivé au niveau de Mutambara, il a reçu l’ordre de rebrousser chemin alors qu’il allait intervenir pour sauver les batutsi.

La garde républicaine qui est intervenue à Rumonge, a attendu trois jours, alors que Yanda Secrétaire exécutif du parti Uprona et ministre du parti de l’information ainsi que Shibura Albert Ministre de l’Intérieur et de la justice, avaient été des témoins des massacres le soir du 29 avril 1972.

Les massacres contre les Bamanuka ont commencé à Rumonge le soir du 29 avril 1972 pour prendre fin le 2 mai 1972. Les mercenaires Mayi mulele avaient dit qu’ils étaient sur une mission qui devait prendre fin le 2 mai. Ils sont alors repartis vers le Zaïre par pirogues le soir du 2 mai 1972. Pour Aloys Batungwanayo, la garde républicaine est intervenue le 3 mai 1972, pour avoir un prétexte d’éliminer ceux qu’il voulait éliminer, a précisé le conférencier du jour.

A la question de savoir s’il y a eu répression aveugle comme plus d’un le disent, en parlant des tueries massives de 1972, Aloys Batungwanayo a répondu par une interrogation : est-ce qu’un régime, un pouvoir peut réprimer une population? La répression se dit lorsqu’il y a eu un groupe bien déterminé qui a organisé une insurrection.

Qu’est-ce que les bahutu avaient organisé pour les réprimer dans tout le pays ? Qu’est-ce que les batutsi banyaruguru avaient organisé pour qu’on les réprime dans tout le pays ? se demande toujours Aloys Batungwanayo.
Pour lui, le mot répression va dans ce qu’on appelle le négationnisme de ce qui s’est passé.

Le commissaire Aloys Batungwanayo a précisé que tout ce que la CVR montre actuellement, c’est l’étape actuelle de la recherche et qu’elle est prête à considérer ceux qui disent le contraire ou donnent d’autres versions des faits à conditions de donner des preuves.

La présentation a été suivie d’échanges et de témoignages, où la plupart des intervenants ont reconnu que seule la vérité sauvera les burundais, que le but ultime à atteindre c’est une réconciliation effective des burundais. Les participants ont appelé les burundais à se reconnaître d’abord comme des burundais parce que les appartenances ethniques ne valent rien.

 
Par rédaction info net