Une foule immense s’était rassemblée devant l’église catholique de Gatumba en attente de l’arrivée des cercueils. Le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, Martin Ninteretse est arrivé sur place autour de 8h30. D’autres autorités l’ont rejoint après dont des députés, des sénateurs, etc.
Sur les visages, c’est la désolation qui se lit. Des gens échangent en petits groupes. Notons la présence des forces de l’ordre et des membres de la Ligue des jeunes affiliés au parti au pouvoir.
C’est finalement vers 10h30 que le premier véhicule militaire débarque. A bord, quelques cercueils. Et la foule commence à bouger. Des pleurs commencent à se faire entendre de part et d’autre. Et c’est le moment des derniers hommages.
Et pour rassurer les proches des victimes, les organisateurs ont pris le soin de rouvrir chaque cercueil. Des gens réclamaient de voir de leurs yeux les leurs avant de leur dire adieu.
« Tu nous laisses orphelin. … Mon enfant, ils t’ont tué pour rien. Il faut qu’ils paient pour ce crime. Maman, tu me laisses avec qui ? Pourquoi t’ont-ils ôté la vie ? Voilà, je reste seul : tous mes parents, mes frères partent. Que vais-je devenir ? … », criaient les proches.
Sous le choc, certaines femmes ou des jeunes filles ne parvenaient même pas à marcher. Elles chancelaient avant de s’évanouir. D’autres cercueils sont arrivés à bord d’un véhicule de la police, en tout et pour tout, 19 cercueils.
« Tuer n’est pas une solution »
Une messe de requiem a eu lieu, sous l’égide de Monseigneur Anatole Ruberinyange, vicaire de l’archidiocèse de Bujumbura. « Dans n’importe quel conflit, la réponse n’est pas de verser le sang ou prendre les armes, seule la voie du dialogue résout pacifiquement des problèmes. Tuer n’est pas une solution aux problèmes. Au contraire, les tueurs récoltent la malédiction », a-t-il déclaré.
D’après lui, il n’y a aucune justification possible pour tuer : « Si tu tues une ou plusieurs personnes allant jusqu’à commettre un massacre, qu’on sache que cette voie n’est jamais une solution ou ne résout jamais les problèmes ».
Et d’implorer le bon Dieu : « Au nom de Dieu, nous vous supplions. Que du sang ne soit plus versé dans ce pays, il y en a eu assez. » Pour ce prélat, il est temps que cesse tout enterrement de gens suite aux tueries sans nom au Burundi.
« Ils seront traqués, arrêtés et jugés »
Après la messe de requiem, l’inhumation a eu lieu, au cimetière de Warubondo. Dans son mot de circonstance, Martin Ninteretse, ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, a déclaré que ceux qui ont commis cette attaque sont des terroristes.
D’après lui, ils ont commis un crime contre l’humanité, en tuant des enfants, des bébés, des vieillards, des femmes enceintes : « Ils n’ont plus de cœur ».
Il a encore une fois adressé des condoléances aux familles éprouvées tout en promettant que le gouvernement va faire tout son possible pour arrêter les auteurs et les complices de cette tragédie. « Qu’ils soient au Burundi ou à l’étranger, ils seront traqués, arrêtés et jugés ».
Le ministre Niteretse a d’ailleurs signalé que le gouvernement s’est engagé à assister les familles des victimes et les blessées aussi. « Nous appelons alors les autres, les Burundais, des bienfaiteurs à leur venir en aide, de les accompagner dans ces moments de dures épreuves. » Car, a-t-il souligné, pour la majorité des victimes, leurs familles vivaient dans des conditions précaires, sans ressources.
De son côté, un représentant des familles touchées a remercié le gouvernement pour son assistance. « Nous avons besoin de voir un jour, ceux qui ont tué les nôtres, jugés et punis », a-t-il plaidé. Il a tenu à remercier les autorités provinciales, communales pour leur intervention afin de réconforter les familles éprouvées après cette tragédie.