Au Sénégal, l’opposant « antisystème » gagne la présidentielle

Bassirou Diomaye Faye, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle de dimanche au Sénégal, a promis de gouverner le pays avec « humilité » et « transparence », alors qu’il devrait être élu président après que son principal rival, Amadou Ba, candidat de la coalition au pouvoir, a admis sa défaite.

Nouveau venu sur le devant de la scène politique, Bassirou Diomaye Faye a remercié le président sortant Macky Sall et ses rivaux pour avoir respecté la tradition démocratique du pays en reconnaissant sa victoire avant même les résultats officiels.

« Le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture », a-t-il dit au cours d’une conférence de presse lundi soir, s’engageant à « gouverner avec humilité, dans la transparence », alors qu’il a promis durant la campagne électorale de lutter contre la corruption et d’ériger la souveraineté économique en priorité.

D’après les résultats provisoires, après dépouillement de 90% des bureaux de vote, Bassirou Diomaye Faye est victorieux du scrutin avec 53,7% des suffrages devant Amadou Ba, crédité de 36,2%, a indiqué la commission électorale.

Amadou Ba et Macky Sall, qui ne pouvait se porter candidat du fait de la limitation des mandats présidentiels et dont le second mandat prendra fin le 2 avril, ont tous les deux félicité Bassirou Diomaye Faye, saluant une victoire pour le Sénégal.

Emmanuel Macron a lui aussi adressé ses félicitations à Bassirou Diomaye Faye. « Je lui adresse tous mes voeux de réussite et me réjouis de travailler avec lui », a écrit le président français sur le réseau social X.

L’image du Sénégal, considéré comme une démocratie stable dans une région d’Afrique de l’Ouest marquée par les coups d’Etat ces dernières années, a été ternie par l’annonce début février par Macky Sall du report de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février.

La décision a alimenté les craintes que Macky Sall cherche à rester au pouvoir en s’affranchissant de la limite sur les mandats présidentiels et a provoqué un regain des tensions à travers le pays, après trois années marquées par des manifestations parfois violentes et sanglantes.

Le scrutin de dimanche s’est déroulé sans incident.

Une transition pacifique du pouvoir au Sénégal offrirait davantage de stabilité à la région, où certaines des officiers militaires ayant pris le pouvoir à la faveur de putschs ont rompu les liens avec des puissances traditionnellement influentes dans la région, comme la France et les Etats-Unis.

Ces juntes se sont tournées vers la Russie pour des aides sécuritaires face à l’insurrection islamiste qui secoue l’Afrique de l’Ouest depuis plus d’une décennie.

De nombreux électeurs espèrent que Bassirou Diomaye Faye, qui fêtait lundi son 44e anniversaire, apportera de la stabilité et relancera l’économie.

Il doit une grande partie de son succès à Ousmane Sonko, dont il fut le bras droit au Pastef, parti politique dissout l’an dernier, et avec lequel il a fait campagne sous la même bannière – « Diomaye, c’est Sonko ».

Ousmane Sonko, libéré de prison plus tôt ce mois-ci, comme Bassirou Diomaye Faye, en vertu d’une loi d’amnistie voulue par Macky Sall pour apaiser les tensions, était interdit de se présenter à l’élection présidentielle du fait d’une condamnation pour diffamation.

Les deux hommes sont particulièrement populaires auprès des jeunes, désabusés par les inégalités sociales et le chômage. Plus de 60% de la population sénégalaise est âgée de moins de 25 ans.

@rib News, 25/03/2024 – Source Reuters