Bien que la République dans son sens classique du terme suppose l’affaire de tous les citoyens et s’oppose à la monarchie, on peut affirmer sans se tromper que l’entrée du Burundi dans la République n’a pas profité à ses citoyens. On se souvient que c’est en 1966 que le capitaine Michel Micombero déposa et abolit la monarchie et ses composantes, et proclama la République. Une République où sur papier est marqué « Unité-Travail-Progrès ». Pourtant, ce fut une République d’horreur, une République de règlement de compte, une République de vengeance, une République de persécutions de toutes sortes.
Sous cette République, non seulement des centaines des milliers de Hutus furent exécutés, massacrés et jetés dans des fosses communes, mais aussi des Tutsi et des Baganwa furent aussi tués.
Sous cette République, le Burundi, mère patrie faisait peur à ses propres enfants, plusieurs vagues de départs des rescapés et survivants ont pris le chemin de l’exil vers les pays étrangers pour échapper à la machine meurtrière de cette République. La République qui tue !!
Le Burundi fut malmené, tiraillé, endeuillé par une succession de Républiques tyranniques, 1ere République, 2eme République et 3eme République, jusque vers les années 1993 où le vent de la démocratie qui soufflait sur le continent africain ne l’a pas épargné. La quête de cette nouvelle forme de gouvernance qu’on qualifie de « pouvoir du peuple par le peuple » fut la plus meurtrière. Le Burundi fut déchiré et replongé dans une tragédie sans précédent. La démocratie devint un luxe, il est trop difficile de s’en procurer sans courir de risques. La démocratie exigea les sacrifices humains, le prix du sang. Les grenades parlent, les kalachnikovs chantent, les bombes foncent, les machettes scient.
Le premier démocrate président Ndadaye tomba, les ministres tombèrent, les députés tombèrent, les fonctionnaires tombèrent, les étudiants et les élèves tombèrent, les commerçants tombèrent, les paysans tombèrent, les vieux et les enfants tombèrent, les immeubles tombèrent, les quartiers tombèrent. Beaucoup de citoyens burundais agonisèrent certains dans les forets, les ravins et les brousses, d’autres dans des centres de déplacés. Elle nous couta chère cette démocratie là !!!!
Pourtant, malgré ces sacrifices matériels et humains considérablement déployés, de nos jours, encore et encore, cette fameuse démocratie n’est pas effectivement acquise, elle nous demande encore plus des sacrifices. Quand vous entendez le gouvernement déclarer qu’il va défendre et protéger la démocratie par tous les moyens possibles, ce qui est légitime de tant plus que c’est lui qui a la responsabilité de veiller à la tranquillité de la Nation. De là, moi je sous entend que même le sang peut couler !!! Quand vous entendez l’opposition dire que le pays est au bord du gouffre et jurer qu’il va coûte que coûte restaurer la démocratie par n’importe quel moyen. Eh bien, moi je sous entend que le sang va couler !!! C’est donc la bataille autour de la démocratie. Et qui dit bataille (surtout en Afrique), ce n’est pas par des élections mais par des armes à feu.
Finalement, au Burundi, la République tue, la démocratie mêmement. A Quand alors la République démocratique qui ne tue point ?
Hassan Ngendakumana