A quand la disparition complète des emballages non biodégradables?

Plus de trois mois après l’expiration du délai de grâce gouvernemental, les sachets et emballages en plastique sont toujours présents dans les marchés et boutiques. Le ministère de l’Environnement promet de faire respecter la loi.

Les commerçants et les clients continuent d’utiliser les sachets et autres emballages non biodégradables pour emballer et transporter les produits. Dans les marchés et les boutiques de la mairie de Bujumbura, ces sachets sont toujours visibles.

« Les nouveaux emballages tardent à circuler », se lamente Jean Claude Hakizimana, un commerçant rencontré au marché de Jabe. Toutefois, il craint d’enregistrer une perte : « Il y a risque que ces sachets ne soient plus achetés, si j’introduis les nouveaux emballages.»

Certains commerçants indiquent qu’ils continuent de vendre ces sachets, suite au manque des emballages de substitution. «Je ne peux pas arrêter de vendre ces sachets tant que les emballages biodégradables ne sont pas mis sur le marché », affirme Jonathan Nahimana, un commerçant des produits cosmétiques au marché de Jabe.

D’autres précisent que malgré l’expiration du délai d’utilisation des sachets non-biodégradables, les stocks sont toujours garnis. Cependant, ils indiquent avoir déjà passé des commandes en remplacement des sachets. « Nous attendons incessamment les livraisons ».

Même situation dans les boutiques. « Les nouveaux emballages ne sont pas visibles dans nos boutiques. Entretemps, les sachets et les emballages en plastique se raréfient et coûtent cher », se lamente Oscar Bizimana, boutiquier dans la zone de Bwiza. Il reçoit les sachets au compte-gouttes de la part de ses fournisseurs. Leur prix ne cesse de grimper. Il varie entre 100 et 200 BIF, respectivement pour les sachets noirs et verts.

Même constat dans les autres zones. Dans les quartiers des zones Buyenzi et Nyakabiga, les sachets et les emballages en plastique sont toujours visibles. « Si les nouveaux emballages ne sont pas mis sur le marché, nous aurons des problèmes avec nos clients, si les stocks se vident», s’inquiète Jimmy Hakizimana, un boutiquier à Buyenzi.

Même inquiétude du côté des clients. Ces derniers demandent la mise en circulation de nouveaux sachets avant que les anciens ne s’épuisent. « Comment pourrai-je transporter les denrées achetées? Il me sera difficile de porter les marchandises dans la main », s’interroge B.N., une cliente rencontrée dans une boutique à Nyakabiga.

Peu d’emballages biodégradables sur les marchés

Contrairement au marché de Jabe, des emballages biodégradables sont visibles dans les stands du marché dit « Chez Siyoni». Mais la quantité de ces produits reste insuffisante. « Il faut que les usines produisent des quantités suffisantes pour que nous puissions satisfaire la demande », suggèrent certains vendeurs.

Quant aux clients, ils estiment que certains de ces emballages coûtent cher. Le plus visible à ce marché revient à 1000 BIF la pièce. « Même si ces emballages sont réutilisables, leur prix est exorbitant pour le citoyen lambda », déplorent certains clients. Néanmoins, ils se réjouissent de la présence de ces emballages : « Nous allons conserver nos marchandises dans des emballages qui n’ont pas d’effets sur l’environnement.»

Au centre-ville de Bujumbura, quelques pharmacies et commerces utilisent des emballages biodégradables gratuits. Dans certains magasins, les marchandises sont toujours emballées dans des sachets en plastique. Dans d’autres, les emballages biodégradables existent et le prix varie entre 2000 et 2500 BIF.

« Les clients viennent au compte-gouttes »

Différentes sociétés se sont lancées dans la fabrication des emballages biodégradables. Paper converter Burundi a pris les devants. « Dans le but de contribuer à la protection de l’environnement, nous avons investi dans la fabrication des emballages en papier Kraft. Ces emballages sont biodégradables », affirment Didier Nizigiyimana, son directeur commercial. Et de préciser que le lancement de sa production remonte à deux ans.

Selon lui, les stocks sont garnis. Plus d’un million de ces emballages se trouvent dans les stocks. Interrogé sur le prix, M. Nizigiyimana fait savoir qu’il est abordable. Il varie entre 100 et 250 BIF la pièce. Et de préciser que les clients sont essentiellement les tenanciers des boulangeries, des magasins et les vendeurs de farine dans différents marchés.

Néanmoins, il signale un handicap dans la fabrication de ces emballages biodégradables : le manque de clients. Et pour cause, les sachets non biodégradables continuent à être commercialisés. « Nous avons dû interrompre la fabrication de ces emballages. Les clients viennent au compte-gouttes ».

« La loi doit être respectée »

Emmanuel Ndorimana : « Au cas contraire, nous allons punir les  récalcitrants.»

Au ministère de l’Environnement, l’on indique que la date limite de retrait des emballages qui ne sont pas dégradables doit être respectée.

Emmanuel Ndorimana, son secrétaire permanent, précise que les emballages biodégradables sont disponibles dans certains commerces et quelques marchés. Et de s’étonner pourquoi les gens continuent d’utiliser les sachets et les emballages en plastique. « Cela constitue un danger pour l’environnement et la santé humaine ».

Il promet de sensibiliser les commerçants à mettre sur les marchés les quantités suffisantes de ces emballages biodégradables. Il demande aux sociétés qui les fabriquent de produire des quantités suffisantes. Et de marteler: « Tout le monde doit respecter la loi. Au cas contraire, nous allons punir les récalcitrants.»

Rappelons que par décret présidentiel, le Burundi avait annoncé en août 218 l’interdiction d’importation, de la fabrication, de la commercialisation et de l’utilisation des sachets et autres emballages en plastique. En vertu de son article 9 dudit, le gouvernement avait accordé un délai de grâce de 18 mois à compter de l’entrée en vigueur de ce décret pour écouler les stocks disponibles et les commandes passées. Ledit délai a expiré le 8 février 2020.

Felix Haburiyakira (Iwacu)