L’année 2016 sera classée dans les livres d’histoire comme l’une des années les plus difficiles pour le gouvernement en Afrique du Sud, sur le plan économique et politique.
L’Afrique du Sud continue de connaître une croissance économique lente au-dessous de 1%. Le pays se remet encore des effets de la crise financière mondiale de 2007/2008, alors que des chocs tels que le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne et la baisse des prix des produits de base apportent de nouveaux défis.
La scène politique du pays a connu des turbulences, avec de plus en plus de luttes internes et de factionnalisme au sein du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC), et des rounds de protestations des partis d’opposition contre le président Jacob Zuma.
En engageant les parties prenantes à trouver des solutions pratiques à ces défis et à des efforts de réforme soutenus dans des industries clés comme l’exploitation minière, l’Afrique du Sud est toujours sur une « trajectoire de reprise », estiment toutefois des analystes.
TURBULENCE POLITIQUE
Le mandat du président Zuma prendra fin en 2019 et l’ANC élira un nouveau président du parti en 2017. Des sollicitations commencent déjà autour du choix du leadership, au sein du parti et chez les partenaires de l’alliance.
La Cour constitutionnelle, en statuant que le président Zuma n’avait pas « défendu et respecté » la Constitution en refusant de payer les améliorations non liées à la sécurité dans sa résidence privée, a donné à l’opposition une occasion de le mettre en accusation au Parlement, une tentative qui a pourtant échoué en raison de la majorité du parti au pouvoir. Au Parlement, les combattants de la liberté économique de l’opposition ont interrompu plusieurs fois le discours du président Zuma.
L’opposition n’a pas attendu non plus pour réagir à une lettre adressé par le gouvernement à l’ONU exprimant son intention de se retirer de la Cour pénale internationale. L’affaire a été portée l’affaire devant la justice. L’opposition affirme que le Parlement devrait délibérer sur la question avant que le gouvernement prenne telle décision.
Les vagues de manifestations des étudiants pour protester contre la hausse des frais universitaires, ont mis le gouvernement dans la difficulté, déjà sous pressions économiques et politiques.
Pour les agences de notation, les incertitudes politiques ont un impact négatif sur l’économie du pays, bien que le pays ait évité le statut d’indésirable par l’agence de notation Standard and Poors.
Une autre agence de notation internationale, Fitch, avait également maintenu sa notation sur la dette souveraine de l’Afrique du Sud, mais a revu ses perspectives économiques de « stables » à « négatives ».
ECONOMIE MOROSE
Le secteur minier, qui accueille l’une des plus grandes réserves mondiales de ressources minérales, est l’un des piliers économiques pour l’Afrique du Sud, qui a été pourtant l’un des plus durement touchés au cours de la dernière année.
Roger Baxter, PDG de la Chambre sud-africaine des mines, a déclaré à Xinhua que le secteur minier était confronté à des temps très difficiles. Il a dit que le secteur minier a perdu 37 milliards de rands (2,64 milliards de dollars) en 2015, et continue à faire face à des défis tout au long de 2016.
« Les prix à la hausse des principaux produits d’exportation ont stagné ou baissé, tandis que les pressions exercées sur les coûts intérieurs pour les intrants miniers ont augmenté par des taux chancelants, avec le coût de l’électricité qui a triplé en sept ans, le coût total des salaires qui a augmenté de plus de 10% en cinq ans et le coût des matériaux de plus de 10% par an au cours des cinq dernières années », a déclaré M. Baxter.
Les chocs extérieurs ont également pesé sur l’industrie minière.
« Le ralentissement de l’économie chinoise, les taux de croissance anémiques dans d’autres régions et les fluctuations des taux de change ont tous contribué à la baisse de la demande et des prix pour la plupart des minéraux », a déclaré M. Baxter.
Il a affirmé que le secteur minier se concentrera l’année prochaine sur la réduction des coûts, l’amélioration de la productivité et la discipline du capital et l’ajustement afin d’assurer sa survie.
L’Afrique du Sud doit avoir une certitude politique pour que les investisseurs soient à l’aise avec les investissements à long terme, alors que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour continuer à améliorer la confiance des investisseurs, a-t-il ajouté.
L’économiste a suggéré que le pays diversifie son économie plutôt que de s’appuyer principalement sur les produits de base.
Le pays a connu une inflation pendant la majeure partie de l’année en dehors de la fourchette cible (3-6 pour cent). La Reserve Bank of South Africa a cité la hausse des prix des produits alimentaires et la dépréciation de la monnaie.
L’inflation atteindra 5,5% à la fin de 2018, a annoncé la Banque centrale.
La société de marketing Brand South Africa croit néanmoins que l’Afrique du Sud a réussi à résister à la tempête dans la difficile 2016.
Manusha Pillai, directrice générale des communications pour Brand South Africa, a déclaré: « Malgré les difficultés économiques mondiales, l’économie du pays a été résiliente ».
Xinhua