Le tourisme a été l’un des secteurs qui a été frappé de plein fouet par la pandémie de la Covid-19. Au Burundi, les pertes ont été énormes. En témoigne le Musée vivant de Bujumbura qui a vu le nombre de ses visiteurs se réduire comme peau de chagrin. Rencontre avec Venant Ngendabanka, le directeur-général de l’Office National du Tourisme (ONT).
Quelles sont les richesses fauniques que l’on peut trouver au Musée vivant de Bujumbura ?
Le Musée vivant de Bujumbura abrite aujourd’hui beaucoup d’animaux. On a trois chimpanzés adultes et un jeune, des crocodiles, des serpents d’espèces variées, un léopard, une antilope, une variété d’oiseaux, etc.
Quel est le coût de leur prise en charge ?
Ces animaux demandent nombre de choses, notamment pour la nutrition et les soins. Pour l’alimentation, on décaisse près de 300 mille BIF par semaine. Ce qui fait plus d’1 million de BIF par mois. Sans oublier les salaires pour les gardiens, l’entretien, les équipements, etc.
Comment la pandémie de la Covid-19 a impacté ce musée ?
La pandémie a profondément affecté le secteur touristique. Le nombre des visiteurs a sensiblement diminué, ce qui se répercute sur les recettes. En substance, aucun secteur de la vie du pays n’a été épargné.
Dans d’autres pays, les nationaux ont pris la relève pour sauver le secteur touristique. Qu’en est-il au Burundi ?
Pour essayer de combler le vide laissé par ce manque de visiteurs étrangers, nous avons adopté certaines stratégies.
Lesquelles ?
Nous sommes en train de développer le tourisme intérieur. Nous sensibilisons les Burundais à visiter leur pays.
Est-ce prometteur ?
Même si la campagne n’a pas encore commencé, nous avons réalisé que les Burundais ont commencé à prendre conscience que le tourisme intérieur contribue au développement du secteur. Si nous nous référons aux récentes statistiques, l’effectif des visiteurs évolue positivement.
Avez-vous des chiffres ?
Je ne dispose pas de toutes les tendances qui couvrent plusieurs mois. Pour la semaine écoulée, sur un effectif de 282 visiteurs du Musée vivant de Bujumbura, 263 sont des nationaux contre 19 étrangers.
Vous avez récemment opté à rapatrier certains animaux dans leur milieu naturel…
Nous avons adopté une stratégie de récupération des animaux élevés en captivité par des particuliers. Nous avons récupéré dernièrement à peu près 41 pythons. Mais après, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait une pléthore de serpents au Musée vivant. Nous avons alors songé à inviter l’Office Burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) pour qu’il puisse nous aider à libérer une partie de ces serpents dans la nature. Au final, ces pythons ont été libérés dans le Parc de la Rusizi.
Comment comptez-vous faire leur suivi pour continuer à attirer les touristes ?
C’est l’Office Burundais pour la protection de l’environnement (OBPE) qui se charge du suivi. De notre côté, nous nous chargeons de récupérer tous les animaux élevés en captivité. Et ceux que nous pouvons garder, ils sont conduits au Musée vivant.
On constate que plusieurs particuliers élèvent des animaux sauvages en captivité. Quels en sont les conséquences ?
Elles sont multiples. D’abord, ils ne peuvent pas se reproduire ou se reproduisent difficilement. Il est aussi difficile de les entretenir, de les soigner car ces particuliers ne disposent pas de techniciens qualifiés pour suivre leur santé.
Votre appel ?
D’abord, il faut qu’ils se conforment à la loi : pour élever des animaux sauvages en captivité, vous devez obtenir une autorisation. On doit s’assurer qu’ils sont gardés suivant des normes précises. C’est d’ailleurs pour cette raison que certains particuliers se sont aujourd’hui rendu compte qu’ils ne sont plus en mesure de poursuivre cet élevage. Ils ont approché nos services pour que ces animaux soient récupérés.
Où en est-on avec le processus de rapatriement des chimpanzés réfugiés au Kenya ?
Il est vrai qu’à un certain moment, il y a des chimpanzés qui, via un contrat, ont été cédés au Kenya. Mais ce que vous devez savoir, c’est que les animaux n’étaient pas gérés par les services de notre ministère de tutelle.
Qui a piloté cette opération?
La cession a été faite à travers le ministère de l’Environnement. Aujourd’hui, les services du tourisme sont gérés par le ministère du Tourisme. Ce que nous faisons, c’est toujours de suivre la situation actuelle par rapport au rapatriement de ces animaux. Mais les mécanismes passent par d’autres institutions, notamment les ministères ayant dans leur attribution l’environnement et les affaires étrangères.
Quid des potentialités touristiques du Burundi ?
Elles sont nombreuses et variées. Beaucoup de sites touristiques très attrayants. Nous avons 126 sites identifiés et consignés dans notre base de données. Le Burundi a aussi des infrastructures d’hébergement, des hôtels. On compte 51 hôtels classés suivant les normes de la Communauté est-africaine (CEA) jusqu’à six étoiles, Nous avons constitué une plateforme des hôtels que les visiteurs étrangers peuvent visiter pour faire leurs réservations en ligne. La gastronomie burundaise attire du monde. Elle est très appréciée par les visiteurs étrangers. Nous avons exclusivement des produits bio.
De quels sites touristiques le Burundi dispose-t-il?
Nous pouvons citer le sanctuaire du tambour de Gishora, le lac Tanganyika et les lacs du Nord, les chutes de Karera à l’Est du pays, le site du Traité de Kiganda, les enclos royaux de Muramvya, les tombeaux des rois et des reines-mères, les eaux thermales de Mugara à Rumonge, les différentes aires protégées telles le parc national de la Rusizi, celui de la Ruvubu, de la Kibira, etc.