Burundi : La FDNB renforce ses capacités opérationnelles annuelles

SECURITE, GEOPOLITIQUE,HISTOIRE

Le Lieutenant-Général Niyongabo Prime inaugure l’année d’instruction 2025-2026, marquée par des exercices tactiques et des cérémonies symboliques dans la 3ème division militaire.

Butanyerera (Commune Kayanza), 11/07/2025 – En cohérence avec les politiques étrangère et sécuritaire du Burundi, la politique de Défense nationale se concrétise dans la 3ème division militaire. Le Chef d’état-major de la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB), le Lieutenant-Général Niyongabo Prime, a officiellement lancé l’année d’instruction 2025-2026. Cette initiative vise à transmettre aux différentes composantes et unités spécialisées de la FDNB une planification rigoureuse ainsi que des directives opérationnelles.

Il a souligné que les activités d’instruction s’étendront sur toute l’année, ponctuées par une journée d’ouverture et une journée de clôture. La cérémonie de clôture, comme l’an dernier à Gitega, sera marquée par des exercices de compétition fondés sur les enseignements acquis. Ces cérémonies d’ouverture des instructions 2025-2026 ont coïncidé avec la fin des exercices de commandement au niveau de la brigade.

Le Burundi, Ingoma y’Uburundi, est un État millénaire issu de Kama (l’un des noms de l’Afrique, mère de toutes les destinées humaines ), une dyarchie organisée autour de Karyenda et du Mwami. L’armée des Barundi (Ingabo z’Umwami) s’est structurée depuis des millénaires à travers la tradition des Intore (guerriers)  liée à celle des Bahigi (chasseurs) et des guerriers de Karyenda et des Bami , sous l’égide des confréries des dompteurs des éléphants, des léopards et des lions.

Les Intore de l’Ingabo ont évolué à travers les âges : sous Ntare wi Nkoma et Ntare Rugamba, ils étaient appelés Batezi ; sous Nzobe yi Kirwa et Mwezi GisaboBadasigana ; sous Mutaga wa Magamba et Mutaga MbikijeBaribukire ; enfin, sous Mwambutsa wa Magamba et Mwambutsa BangiricengeAmasuka [1].

Dès le XIXᵉ siècle, les Badasigana de Nzobe y’Ikirwa et du Mwami Mwezi Gisabo Gisonga ont résisté aux forces coloniales britanniques puis allemandes, engageant le Burundi dans une guerre jusqu’aujourd’hui contre « la Croix et la Bannière«  [2].

Au XXᵉ siècle (1919-1962), la colonisation belge a marginalisé les Amasuka (Ingabo z’Umwami) au profit de la Force publique du Congo belge, qui s’est imposée au Rwanda-Urundi. Après l’indépendance en 1962, la Force publique a perduré jusqu’en 1965-1966, lorsque de jeunes officiers formés à Saint-Cyr (France) ont pris le pouvoir par un coup d’État, instaurant une République néocoloniale en remplacement d’Ingoma y’Uburundi.

En 1969, la France (de Jacques Foccart et du général de Gaulle) , géopolitiquement en guerre contre la Belgique,  a organisé l’élimination des jeunes officiers burundais formés à l’École royale militaire belge « Amasuka », consolidant son emprise sur les Forces armées burundaises (FAB). De 1966 à 2005, le Burundi a subi des dictatures militaires (Micombero, Buyoya, Bagaza), marquées par un génocide régicide faisant plus de 4,5 millions de victimes sur une population actuelle dépassant 10 millions d’habitants.

À l’issue de la guerre civile (1993-2003) [3]  un conflit géopolitique opposant la France aux États-Unis , la Force de Défense Nationale du Burundi (FDNB) a remplacé les FAB, intégrant notamment les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD), héritières symboliques des Amasuka.

En cette nouvelle ère multipolaire, le défi du Burundi et de la FDNB est de rompre avec le carcan néocolonial  ou colonialité  en redevenant un État ancré dans la tradition millénaire de l’Ubungoma. Un État-Ingoma, reposant sur une armée Ingabo z’Umwami (structurée autour de Karyenda, le Tambour Sacré, et du Mwami), mais adaptée aux défis contemporains. Cette refondation doit s’inscrire dans la dynamique initiée par Kadhafi et Mandela en 2002 à Durban : la création d’une African Standby Force, une armée africaine unifiée capable de protéger Kama (l’Afrique) contre les prédations géopolitiques. Pour le Burundi, cela signifie concilier héritage des Ingabo z’Umwami et modernité stratégique, afin d’affirmer sa souveraineté dans un monde en recomposition.

Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[2] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France – via les Pères Blancs de Lavigerie –, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[3] Nahimana Karolero Pascal, La guerre civile du Burundi (1993-2003). Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.

Sources : Nahimana P. , burundi-agnews.org, Samedi 12 juillet 2025 | Photo : RTNB.BI

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