Néocolonialisme, capitalisme, néolibéralisme : les trois furies au service de crimes de masse dans la région des Grands Lacs Africains.
Gitega, 2/08/2025 – Le soleil, ce jour-là, ne se leva point comme à l’accoutumée. Non que les cieux eussent refusé leur lumière, mais parce que le poids du souvenir planait, lourd et funèbre, sur la région des Grands Lacs Africains. Ce samedi était en effet dédié au « Genocost » – mot terrible, né de la fusion de « génocide » et de « coût », comme pour rappeler au monde que le sang versé se compte aussi en pièces d’or.
Il s’agissait de dénoncer le génocide subi par le Zaïre devenu la République Démocratique du Congo depuis 1996-1997, fruit empoisonné des guerres géopolitiques entre les États-Unis et la France, puis, à partir des années 2000, entre les États-Unis et la Chine. Le Genocost, conception née dans l’exil londonien de la Diaspora [1] en 2013 sous l’impulsion d’une jeunesse congolaise révoltée, porte en lui le deuil de plus de dix millions d’âmes – Congolais, bien sûr, mais aussi réfugiés burundais et rwandais – massacrés par les armées du Rwanda (Kagame), du Burundi (plus précisément celle du dictateur Buyoya Pierre) et de l’Ouganda (Museveni). Tous unis dans une danse macabre autour des richesses congolaises, pour servir les intérêts de la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale (GUAN, 1989-2022) [2].
Aujourd’hui, Kinshasa se dresse en justicière, exigeant que la communauté internationale reconnaisse ce « génocide économique ». Le président Tshisekedi, en héros moderne, portera ce plaidoyer devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York en septembre 2025. Déjà, un mémorial s’élève non loin du Musée national de Kinshasa, pierre blanche dans un océan de sang noir.
Quant au Burundi, Ingoma y’Uburundi, il lutte depuis le XIXe siècle contre la « Croix et la Bannière » [3] – cette alliance impie du Vatican, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Belgique et des États-Unis, tous acharnés à briser l’ordre traditionnel des Barundi. En 1972, pour anéantir l’Ubumu (la chose de la femme Tambour Mukakaryenda) – ce système socio-économique ancestral – [4], l’armée de Micombero se livra à un « Génocide contre les Hutu du Burundi« [5]. Dès lors, la « Croix et la Bannière » y imposa l’économie de marché, ce Moloch insatiable.
Aujourd’hui, dans ce monde multipolaire où les empires chancellent, la RDC et le Burundi osent espérer. Espérer que justice leur soit rendue pour ces crimes de masse à l’échelle continentale. Pourtant, les deux nations demeurent parmi les plus pauvres du globe, enchaînées aux rouages d’un capitalisme sans merci.
Mais le souvenir, lui, ne meurt jamais.
Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal. Burundi : La diaspora burundaise : Du Monde, de Belgique et d’ailleurs – Histoire, trajectoires et ancrage. Bruxelles : Génération Afrique, 2025.
[2] Nahimana Karolero Pascal, La Guerre civile du Burundi (1993-2003) : Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale – le CNDD-FDD, Génération Afrique, 2024.
[3] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France – notamment via les Pères Blancs de Lavigerie –, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[4] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[5] Kubwayo Félix, La lente reconnaissance du génocide de 1972 contre les Hutu du Burundi : Les faits et l’exécution du génocide par le pouvoir de Micombero, Bruxelles, 2025.
Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Lundi 4 août 2025 | Photo : Gov.RDC