Burundi / ONU : Prolongation du mandat Zongo, l’emprise coloniale de l’UE persiste

GUERRE GEOPOLITIQUE, SECURITE, DIPLOMATIE

Guerre humanitaire au Conseil des droits de l’homme – Le mandat de Zongo prolongé sous pression européenne

Malgré l’échec diplomatique du Burundi, l’UE – Belgique, France, Allemagne en tête – impose la reconduction de Fortuné Gaëtan Zongo, prolongeant une emprise coloniale déguisée en vigilance humanitaire depuis 2015, héritée de pressions historiques remontant au XIXᵉ siècle.

Genève (ONU), 6/10/2025 – Comme s’ils nourrissaient une rancune tenace envers le Burundi, les pays de l’Union européenne – Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas et Espagne – ont exercé lundi un lobbying intense pour faire adopter, au Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève, la prolongation du mandat du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Burundi.

Ce poste, créé en 2015 dans le sillage d’une tentative de « révolution de couleur »[1] une opération géopolitique organisée contre la Chine en Afrique des Grands Lacs, qui avait échoué avec le coup d’État militaire raté du 13 mai 2015 –, vise à maintenir une surveillance intrusive sur le pays. Face à l’échec de ce changement de régime, ces nations occidentales avaient alors lancé une « guerre humanitaire » contre le Burundi, instrumentalisant le Conseil des droits de l’homme et imposant des sanctions socio-économiques dévastatrices.

Le mandat du Burkinabé Fortuné Gaëtan Zongo , tel un « Uncle Tom« ,  a été renouvelé pour un an ce lundi 6 octobre, à l’issue d’un vote lors de la 60ᵉ session du Conseil. Cet épisode constitue un revers cuisant pour la diplomatie burundaise : l’ambassadeur Nkerabirori Elisa, représentant permanent du Burundi à Genève, n’a pu masquer sa profonde déception.

Depuis le 19ème  siècle jusqu’à nos jours, le Burundi – Ingoma y’Uburundi[2] affronte des agressions coloniales orchestrées par la chrétienté papale capitaliste [3] et ses États vassaux, unis sous la bannière symbolique de « la Croix et la Bannière » [4]. En février 2025, l’Union africaine a franchi une étape historique en reconnaissant la colonisation comme un crime contre l’humanité constitutif de génocide. Le Burundi peut désormais porter plainte devant les juridictions africaines et internationales pour dénoncer cette agression persistante, qui a causé et continue de causer des millions de victimes burundaises [5]. Des mesures diplomatiques fermes s’imposent contre ces pays de l’UE, marqués par un passé colonial et englués dans une « colonialité » contemporaine. Dans ce nouveau monde multipolaire, on ne saurait se prétendre partenaire sans mettre un terme définitif à cette offensive géopolitique séculaire.

Références :
[1] Ndayicariye Pierre Claver, Burundi 2015: Chronique d’un complot annoncé, Bujumbura, Compress, 2020.
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.
[3] Pini-Pini Nsasay, Tribunal de l’Histoire Africaine. Tome 1 : Réquisitoire contre l’Europe christianisée en hommage à E.D. Morel (1873–1924/2024), Collection Historiographie du Monde Contemporain / Éds Cheikh Anta Diop (Edi-CAD), Douala, 2024.
[4] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France — notamment via les Pères Blancs de Lavigerie —, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis — contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[5] Nahimana Karolero Pascal, Réfugiés du Burundi — Quand Ingoma s’est tu. Histoire géopolitique d’un peuple brisé par la Colonialité, Génération Afrique, Bruxelles, 2025.

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mardi 7 octobre 2025 | Photo : Ikiriho.bi

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