Une rencontre à Washington où le Burundi observe la signature d’un accord RDC–Rwanda, révélant les tensions anciennes et les ambitions géopolitiques américaines.
Washington DC (USA), 4/12/2025 — En l’absence de l’Ouganda et de la Tanzanie, mais en présence du Burundi, de l’Angola, et du Kenya, une rencontre exceptionnelle s’est tenue à l’Institut de la Paix. S.E. Ndayishimiye Evariste, Général-Major et Président du Burundi, avait été invité par S.E. le Président américain Donald Trump afin d’être témoin de la signature de l’accord historique de paix entre la RDC et le Rwanda.
Voici l’essentiel du discours prononcé par S.E. Ndayishimiye Evariste :
« Il y a un temps pour tout. Un temps pour la destruction et un temps pour la réparation. Un moment pour le désespoir et un moment pour l’espoir. Aujourd’hui, nous vivons un grand jour. Nous accueillons avec confiance cet accord, porteur d’espérance pour les peuples du Congo et pour toute la région. Je voudrais féliciter toutes celles et tous ceux qui ont rendu ce jour possible. Que Dieu continue de nous guider, ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté qui s’engageront dans sa mise en œuvre. S’engager est une chose ; appliquer en est une autre. J’en appelle donc à tous ceux qui prendront part à l’exécution de cet accord.
Pour ce qui est de l’intégration économique régionale, le Burundi et la RDC forment déjà une communauté économique au cœur des Grands Lacs. Le Burundi a un rôle essentiel à jouer dans l’application des accords de coopération entre nos trois États. Puissions-nous, ensemble, bâtir une paix durable et une stabilité réelle dans la région. Merci. »
Depuis 1994, dans un contexte géopolitique dominé par la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale (GUAN) [1], les États-Unis ont pris le contrôle stratégique du Rwanda, autrefois dans la sphère d’influence de la Belgique et de la France. Après le génocide rwandais, Washington a installé au Rwanda une nouvelle gouvernance s’inscrivant dans une logique de colonialité néolibérale prédatrice, provoquant l’instabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs et, en priorité, celle de la RDC. Cet environnement de chaos a ouvert la voie au vol et au pillage systématique des ressources congolaises au profit de multinationales américaines.
Ainsi, la signature de l’accord entre le Rwanda et la RDC doit être comprise comme un accord entre la RDC et les États-Unis eux-mêmes.
Nombreux sont ceux qui, en Afrique des Grands Lacs, espèrent que la politique de S.E. le Président Trump, qui se présente comme un homme de paix privilégiant les échanges commerciaux, marquera l’abandon de « la stratégie du chaos » [2] appliquée en RDC et dans la région depuis trois décennies, dans le cadre de la rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Chine au sein du nouvel ordre multipolaire. De 1994 à 2025, la prédation américaine (à travers le Rwanda) en RDC a provoqué plus de 20 millions de victimes congolaises [3], un drame désigné sous le nom de « GENCOST ».
Le Burundi, Ingoma y’Uburundi [4], est en guerre contre « la Croix et la Bannière » [5], une coalition qui, depuis 1881 à nos jours, rassemble le Vatican, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis , à travers la Colonialité, contre l’ordre traditionnel burundais.
Références :
[1] Nahimana Karolero Pascal, La guerre civile du Burundi (1993-2003). Face à la Globalisation Unipolaire Américaine Néolibérale, le CNDD-FDD, Bruxelles, Génération Afrique, 2024.| https://nahimanakarolero.com
[2] « Burundi – ONU / Guerre humanitaire : Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale », consulté le 5/12/2025.
[3] Nahimana Karolero Pascal, Réfugiés du Burundi — Quand Ingoma s’est tu. Histoire géopolitique d’un peuple brisé par la Colonialité, Bruxelles, Génération Afrique, 2025. | https://nahimanakarolero.com
[4] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Bruxelles, Génération Afrique, 2024. | https://nahimanakarolero.com
[5] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015.
(La « Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France — notamment via les Pères Blancs de Lavigerie —, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Vendredi 5 novembre 2025 | Photo : Ntare Rushatsi House