Wasili et Jimbere célèbrent l’autonomisation féminine contemporaine. Un rappel à l’héritage spirituel ancien porté par Mukakaryenda dans Ingoma y’Uburundi.
Bujumbura, 9/12/2025 – Dans une ambiance solennelle et chaleureuse, l’entreprise Wasili a décerné à Jimbere Magazine un certificat de reconnaissance pour son « Soutien à l’autonomisation de la femme ». Cette distinction, remise par Nahayo Raïssa, directrice de Wasili, célèbre cinq années de collaboration fructueuse entre les deux structures. Muco Ange Brielle, directrice du magazine Jimbere, a vivement remercié son partenaire et rappelé avec force : « Jimbere est et restera l’écho des jeunes et des femmes ». Cet engagement se concrétise aussi dans les actions de Wasili, qui met en œuvre une politique d’égalité des chances remarquable : sur 357 chauffeurs formés, 107 sont des femmes qui côtoient 250 hommes.
Cette célébration de la femme burundaise d’aujourd’hui résonne singulièrement avec un passé trop souvent occulté. En 1929, sous la pression de la « Croix et la Bannière » [1] – cette alliance coloniale du Vatican, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Belgique et des États-Unis –, Mukakaryenda fut contrainte de se convertir au christianisme, passant de Ruburisoni à Maria Ruburisoni [2]. Ce tournant marqua le début de la fin de deux fondements millénaires de la culture barundi : l’Ubungoma, cette cosmologie et spiritualité du Tambour Sacré Karyenda, qui signifie « penser à la manière du Tambour » ; et l’Ubumu, le système socio-économique des Barundi, « à la façon de Mukakaryenda, femme-Tambour Sacré » [3].
Entre 1929 et 1944, l’institution de Karyenda, le tambour sacré, disparut. Avec elle s’éteignit la dynastie des Mukakaryenda, ces femmes qui incarnaient la « Divinité Suprême » – cette Patronne du Monde non existant, mère de notre monde, celui d’Imana. Pendant des millénaires, elles avaient gouverné aux côtés des Bami au sein de la dyarchie ancestrale – Ingoma – qui structurait Ingoma y’Uburundi.
Car chez les Barundi, la femme est celle qui donne l’âme, qui porte l’âme d’Ingoma y’Uburundi. Divine et fondatrice, elle éduque et protège son peuple depuis toujours.
Références :
[1] Baranyanka Charles, Le Burundi face à la Croix et à la Bannière, Bruxelles, 2015. (« La Croix et la Bannière » désigne l’alliance historique entre le Vatican, la France – notamment via les Pères Blancs de Lavigerie –, l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique et les États-Unis contre l’ordre traditionnel burundais depuis le XIXᵉ siècle.)
[2] Nahimana Karolero Pascal, Histoire du Burundi : Les grandes dates de l’histoire des Barundi et de l’État millénaire africain – Ingoma y’Uburundi, Éd. Génération Afrique, 2024 | https://nahimanakarolero.com
[3] Nahimana Karolero Pascal, Réfugiés du Burundi — Quand Ingoma s’est tu. Histoire géopolitique d’un peuple brisé par la Colonialité, Bruxelles, Génération Afrique, 2025. Sur la création des fausses ethnies Hutu, Tutsi | https://nahimanakarolero.com
Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Jeudi 10 décembre 2025 | Photo : Jimbere