La capitale du Burundi a été le théâtre d’attaques « coordonnées »

La capitale du Burundi a été le théâtre d’attaques « coordonnées » source : @rib

RFI, 16-11-2015

Burundi : nuit de violences à Bujumbura

La capitale du Burundi a été le théâtre de scènes de violence dans la nuit de dimanche à lundi. Il y a eu plusieurs affrontements distincts, les premiers d’une telle ampleur depuis le début des opérations de désarmement lancées par la police dans les quartiers contestataires. Une source policière parle d’attaques « coordonnées » dans plusieurs lieux. Un bar de nuit a été attaqué, ainsi que la résidence du maire de Bujumbura. Au moins sept personnes ont été tuées.

Les évènements se sont produits entre 20 heures et minuit trente dans de nombreux endroits de la capitale, selon la police et des habitants. Et notamment dans des quartiers où les forces de l’ordre avaient effectué des opérations de désarmement la semaine dernière. Ces opérations s’étaient déroulées sans incident majeur, jusqu’à présent.

Dans les quartiers sud à Kinindo et Musaga, un policier a été tué et trois autres blessés lors d’attaques simultanées sur leurs positions. Non loin de là, deux civils ont également trouvé la mort à Kinanira et Kanyosha. Des personnes probablement victimes de balles perdues, selon une source policière qui souhaite garder l’anonymat.

Dans les quartiers nord, dont les habitants avaient massivement fui ces dernières semaines, une grenade aurait éclaté à Mutakura, faisant quatre blessés parmi les forces de l’ordre. Le porte-parole affirme également avoir saisi des armes. A Rohero, c’est la résidence du maire de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, qui a été visée par des tirs de grenades. Des véhicules sont endommagés, mais on ne déplore pas de victime.

Revendication des insurgés

Ces attaques ont été revendiquées par un ancien officier supérieur de l’armée au nom des insurgés. Mais ces derniers rejettent en revanche toute responsabilité dans l’attaque d’un bar de nuit dans le centre de Bujumbura. Bilan : quatre personnes ont été tuées par balle, trois dans le bar et une quatrième à proximité. Deux rues plus loin, un autre établissement avait déjà été pris pour cible la veille, faisant une victime.

Les violences se poursuivaient ce lundi à la mi-journée. Des grenades ont éclaté dans les quartiers de Kamenge (nord), Buyenzi (centre) et Musaga (sud). Pas plus de détails pour le moment, mais l’armée serait en cours d’intervention à Ngagara, dans le nord de la capitale burundaise.

■ Le directeur du dernier groupe de presse privé du pays convoqué par la justice

C’est dans ce contexte de violences que le directeur d’Iwacu, Antoine Kabuhare, a été entendu par la justice ce lundi matin. Il en est ressorti libre. Son organe de presse est le seul groupe de presse privé à être encore en activité, depuis la tentative de coup d’Etat du 13 mai dernier.

L’audition a débuté vers 9 h ce matin. Menée par le substitut du procureur, elle a duré plus de deux heures. Antoine Kabuhare est parti l’esprit serein et en est ressorti dans la même posture. « Le professionnalisme d’Iwacu n’est jamais remis en cause », assurait le journaliste juste avant sa convocation.

Par prudence, le journaliste et son conseil, l’avocat Me Lambert Nsabimana, ne livrent pas plus de détails sur le contenu de cette audition : « Il était très serein, car il ne s’accuse de rien, il n’a joué aucun rôle. Au niveau de l’interrogatoire, c’est difficile de savoir s’il a comparu pour des actes posés par le groupe Iwacu ou par Antoine Kaburahe. Visiblement, il n’y a rien qui le rattache à quoi que ce soit par rapport au coup d’Etat ».

Ce matin, plusieurs confrères s’étaient rassemblés devant la Cour suprême pour marquer leur solidarité. Plusieurs diplomates, représentant la France, l’Union européenne et les Etats-Unis, étaient aussi présents. Tous tiennent aussi à marquer leur inquiétude sur l’état de la presse.

Pour rappel, au moment de la tentative de coup d’Etat le 13 mai dernier, plusieurs radios burundaises avaient été ciblées. Le groupe Iwacu avait alors temporairement suspendu ses publications, par mesure de prévention. C’est aujourd’hui l’unique organe de presse privé encore en activité dans le pays.