L’autorisation du Vatican de persécuter les Barundi, en les assimilant à la dernière tribu perdue de « Cham » découverte dans les Grands Lacs africains.
Gitega, 04/10/2023 – Dans le rapport de la CVR Burundi, on peut constater que le Burundi a été affecté par l’implication du Vatican dans l’entreprise coloniale. En effet, c’est à partir de 1879 [1] que des missionnaires pères blancs du Français Mgr Lavigerie sont arrivés à Ingoma y’Uburundi, terre de l’Ubungoma,de l’Ubuntu, dans le but de s’accaparer des -amatongo- sacrés des Barundi, une pratique que l’Église catholique avait déjà entreprise depuis le 15ème siècle chez nos cousins amérindiens en Amérique.
Les Barundi, la dernière tribu de Cham …
En observant qu’ – Ingoma y’Uburundi – (l’état traditionnel des Barundi) était une société très organisée et difficile à conquérir militairement, certains missionnaires ont associé les Barundi à la dernière tribu de « Cham » (c’est-à-dire les rescapés du génocide des Cananéens) qu’ils prétendaient avoir trouvée caché dans les Grands Lacs Africains, aux sources du Nil.
Ainsi, selon certains érudits parmi les missionnaires, à Ingoma Y’Uburundi, ils auraient découvert les « Chamites », c’est-à-dire ces Égyptiens noirs qui avaient fui les diverses annexions des peuples blancs en Égypte noire, que les Israélites avaient désignés dans leur Bible [2] comme les enfants de « Cham ».
« Cham » est un nom tiré d’une histoire provenant des textes sacrés abrahamiques, notamment la Bible des Israélites (Bible hébraïque), la Bible des Romains (appelée Bibles des Chrétiens, catholiques, protestants, etc.) et le Coran (considéré comme la Bible des Arabes, tirée de la Bible des Sabéens). »
Dans les textes sacrés abrahamiques, l’un des fils de Noé, « Cham », a été maudit – c’est ce qu’on appelle la malédiction de Cham – en raison de son comportement indécent envers son père, Noé. Cette malédiction justifie, dans la Bible des Israélites, la colère divine et explique le massacre ou le génocide des descendants de « Cham », qui étaient les populations noires habitant Canaan.
À partir de l’ère chrétienne, cette histoire a contribué à propager la négrophobie à travers le monde jusqu’à nos jours. Les « Septante » ont associé cette malédiction à « Cham » en affirmant que ses descendants étaient les Cananéens. En effet, les ancêtres des Israélites (notamment les Hyksos) ont mené une campagne de massacres à partir de -1550, provoquant une épuration ethnique parmi les Cananéens, qui constituaient le peuple de Canaan, une colonie égyptienne ayant accueilli les Hyksos. À cette époque, tant l’Égypte que Canaan étaient habités par une population noire.
Le génocide des Cananéens à partir de -1550…
À une époque lointaine, Canaan était une colonie égyptienne où vivaient des citoyens noirs, comme c’était le cas en Égypte à cette période. Les Hyksos, un peuple sémitique originaire des régions actuelles de Syrie, de Jordanie, d’Irak et de Turquie, envahirent l’Égypte vers -1630 [3].
Puis, vers -1550, après l’expulsion des Hyksos de Basse-Égypte (la partie nord de l’Égypte actuelle) par le pharaon Yamasee (Senakhtenrê Iâhmes, alias Senakehetenre Yamese), ils se réfugièrent en masse à Canaan, transformant la région en une cité cosmopolite. Cette expulsion est devenue l’événement connu sous le nom « Exode d’Israël » dans la Bible des Israélites.
Cet exode est décrit par Manéthon, qui affirme que 480 000 Hyksos furent expulsés d’Avaris (Égypte) vers la Palestine (Canaan). Par la suite, une fois installés et bien accueillis à Canaan, les Hyksos y procédèrent à une purification ethnique contre les Cananéens, ce qui leur permit de conquérir Canaan et d’en faire leur propriété privée. Ils sont également crédités de la création de Jérusalem, comme le mentionne Manéthon. Aujourd’hui, Jérusalem est un lieu saint pour les peuples sémites.
Le lien entre les Égyptiens et les Barundi
Les Anou (voir Abantu), descendants des peuples des Grands Lacs (comme les Abarundi, …), ont été les premiers à entrer en contact avec des peuples « Blancs » qui les ont agressés vers -3200 avant notre ère. Dans l’histoire de l’Égypte ancienne, on peut les repérer sur la palette de Narmer. Ces peuples blancs étaient partis de Mésopotamie pour arriver en Égypte ancienne, connue sous le nom de Kemet.
Lorsque les « Blancs » sont arrivés à Ingoma y’Uburundi, après un accueil chaleureux de deux ans pour comprendre leurs intentions, les Barundi de Mwezi Gisabo Gisonga les ont traités de la même manière que Narmer a traité « les peuples blancs » sur la palette. C’est ce traitement qui a été observé par les missionnaires blancs, leur permettant d’établir un lien entre les Barundi et l’Égypte ancienne, qualifiant les Barundi comme « la dernière tribu de Cham », signifiant qu’ils devaient être éliminés au nom du « Dieu » de la Bible des Romains (voir Bible des Israélites).
À partir de 1881, les hostilités ont commencé car les Blancs étaient venus s’emparer des matongo sacrés des Barundi.
L’ethnicisation des Barundi
Ce sont les missionnaires (voir le Vatican) qui ont créé les catégories ethniques bahutu et batutsi parmi les Barundi. Bien que ces distinctions sociales aient existé auparavant pour désigner les acteurs socio-économiques au sein de la société burundaise, elles sont devenues des réalités sociologiques autres construites au 20e siècle pendant la colonisation dans le cadre du projet géopolitique occidental énoncé précédemment. Malheureusement, par la suite, elles ont été utilisées comme instruments dans des génocides [4] perpétrés contre le Burundi et les Barundi, notamment à Ingoma y’UBurundi, état traditionnel des Barundi devenu aujourd’hui le Burundi.
[1] Guerre coloniale Vatican – Allemagne contre iNGoMa Y’uBuRuNDi / BuRuNDi : Les batailles de 1879 à 1903 – https://burundi-agnews.org/ganwa/guerre-coloniale-vatican-allemagne-contre-ingoma-yuburundi-burundi-les-batailles-de-1879-a-1903/
[2] Burundi / Afrique : La Bible des Romains responsable de la négrophobie dans le monde – https://burundi-agnews.org/genocide/burundi-afrique-la-bible-des-romains-responsable-de-la-negrophobie-dans-le-monde/
[3] C’est à partir de cette date -1630 que le « blanchissement » de l’Afrique du Nord a débuté. Car après les Hyksos, viendront les perses (Daryus), les Grecs, les Romains,les Arabes, les Turcs … jusqu’à nos jours.
[4] Le Génocide Régicide du Burundi – https://burundi-agnews.org/le-genocide-regicide/
Sources : Nahimana P., http://burundi-agnews.org, Mercredi 4 octobre 2023 | Images : Deutsh Ost Afrika ; missionariesofafrica.eu ; Reproduction dans un ouvrage de Gaston Maspero et Agnes Johns, de 1914 ; fr.wikipedia.org/wiki/Palette_de_Narmer