Burundi : Défis du Chef d’État dans un contexte économique complex.

SOCIO-ECONOMIQUE

La stratégie économique du Chef d’État Ndayishimiye pour redynamiser le Burundi

Bujumbura, 14 novembre 2023 – S’alignant avec la planification socioéconomique des Barundi, dans une atmosphère détendue, ce mardi, Son Excellence Ndayishimiye Evariste, Général Major et Président du Burundi, a organisé une rencontre significative au Palais Présidentiel Ntare Rushatsi House. La réunion était destinée aux dirigeants des banques, des institutions de microfinance, des bureaux de change et aux grands entrepreneurs du pays. L’objectif principal de cet échange était de discuter des stratégies pour accompagner les réformes macroéconomiques en cours et pour stimuler l’économie du Burundi. Cette initiative présidentielle visait à redynamiser l’économie nationale, soulignant l’engagement du Président à renforcer la croissance économique et la prospérité dans le pays.

L’Ubumu, cœur de la planification socio-économique traditionnelle au Burundi …
Dans la société traditionnelle burundaise, une forme unique de planification socio-économique, connue sous le nom d’Ubumu, joue un rôle central. L’Ubumu est instauré par le Mwami, le Chef des Barundi, avec le concours de tous les représentants des différentes communautés, les imiryango Barundi. Chaque groupe révèle ses besoins spécifiques ainsi que les ressources produites par les membres des corps de métiers présents (les Bahutu) chez chacun. Ensuite, ces informations sont analysées et traitées par les savants, les Bapfumu Banyamabanga, qui sont responsables de la création ou de la régulation de l’Ubumu. Il s’agit donc d’une politique de redistribution des ressources, visant à satisfaire les besoins de l’ensemble des -imiryango- du Burundi.
Les représentants des -imiryango- reçoivent les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de leur communauté respective. Les Batutsi jouent un rôle crucial en aidant à effectuer cette redistribution de manière juste, équitable, au sein de chaque communauté.
Le Mwami, assisté par les Batware, les Baganwa et les Batwa, s’assure ensuite de l’harmonie sociale au sein des -imiryango-. Si une disharmonie se manifeste dans l’Ubumu, le Mwami intervient et demande aux Banyamabanga de réguler le système pour le rendre plus équitable et juste.
Ce système unique, l’Ubumu, ne repose pas sur l’usage de l’argent ou de la monnaie, mais plutôt sur un échange harmonieux, équilibré et juste de biens organisé par l’Etat – Ingoma y’Uburundi.

Les transformations socio-économiques au Burundi de 1920 à l’après-1973.
Entre 1920 et 1945, le Burundi a traversé une période tumultueuse marquée par le génocide contre les Banyamabanga, orchestré par la Belgique avec le soutien du Vatican, notamment des Pères Blancs. Cette tragédie a profondément bouleversé l’Ubumu, le système traditionnel de planification socio-économique des Barundi. Sans ses planificateurs et régulateurs clés, l’Ubumu s’est retrouvé en grande difficulté. Parallèlement, les colons belges ont modifié la structure sociale en transformant les Baganwa en des gestionnaires justes ( Batutsi), altérant ainsi leur rôle traditionnel de vérificateurs de l’harmonie sociale dans le cadre de l’Ubumu, un rôle essentiel pour soutenir le Mwami, le Chef des Barundi.
Le point culminant de cette période de bouleversements est survenu entre 1972 et 1973. Sous l’égide du régime de Micombero et avec le soutien des États-Unis, du Vatican, de la France et de la Belgique, un génocide dévastateur a été perpétré contre les Bahutu Barundi, les producteurs des ressources des Barundi. Ce génocide a coûté la vie à environ 500 000 personnes et a entraîné le déplacement de plus d’un million de réfugiés, dans un pays comptant alors environ 3 millions d’habitants.
Après 1973, l’Ubumu, détruite, a cédé la place à une économie de marché ( un système socio-économique de type occidental), marquant un tournant capitaliste dans l’histoire socio-économique du Burundi. Cette transition a débuté avec la création d’une banque en 1961, suivie de la fondation de la Banque Centrale du Burundi (BRB) en 1964. Cette nouvelle ère économique a vu l’émergence des banques, des entreprises et des coopératives, gérées principalement par des coopérants. Ces nouvelles structures économiques ont commencé à solliciter des financements pour développer des ressources destinées à l’exportation, marquant une transformation profonde de l’économie burundaise.

Changements économiques au Burundi et le défi de l’Ubumu traditionnel.
C’est à partir de cette période (1973) que le Burundi a commencé à être perçu comme l’un des pays les plus pauvres du monde. Cette transformation a été en grande partie due à l’orientation du plan socio-économique du pays, désormais financé par les institutions de Bretton Woods, comme la Banque Mondiale et le FMI. Cette dépendance financière a entraîné un endettement croissant pour le Burundi. Malheureusement, les besoins des Barundi ont été relégués au second plan, car le plan économique s’est principalement orienté vers l’exportation des ressources nationales, visant à satisfaire les besoins des pays occidentaux plutôt que ceux de la population locale.
Aujourd’hui, soit cinquante ans plus tard, le système économique du Burundi reste une économie de marché, axée sur les banques, les entreprises, les marchés et continue de se concentrer sur les exportations, toujours financées par les institutions de Bretton Woods. Dans ce contexte, le Chef d’État du Burundi, confronté à une économie de marché dominée par des marchés ou des intérêts extérieurs, notamment des familles occidentales ayant bâti leur richesse sur la colonisation et l’esclavage, se trouve dans une position délicate. Cette situation complexe représente un défi majeur pour Son Excellence Ndayishimiye Evariste.
Face à cette réalité, une réflexion émerge parmi les Barundi sur la nécessité de rétablir leur système traditionnel d’Ubumu, en parallèle de l’économie de marché actuelle. Le retour à l’Ubumu permettrait non seulement au Chef de l’État d’exercer une influence politique plus significative, mais garantirait également que chaque umuryango, dispose de ce qu’il faut pour répondre à ses besoins essentiels. Cette réintroduction de l’Ubumu pourrait ainsi offrir une voie vers un développement plus équilibré et plus juste pour le Burundi.

Sources : Nahimana P. , http://burundi-agnews.org, Mardi 14 novembre 2023 | Photo : Ntare Rushatsi House
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