Un ancien chef rebelle hutu rwandais, actif dans la province du Sud-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo, a été condamné à la prison à perpétuité pour crimes contre l’humanité, a annoncé lundi l’association Avocats sans frontières (ASF).
« Kizima Lenine Sabin, chef de guerre des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), a été reconnu coupable d’exactions commises entre fin 2009 et début 2012 » dans le territoire de Shabunda, et le tribunal a retenu « six chefs d’accusation : le meurtre, le viol, la torture, le pillage, l’incendie et l’extorsion » contre lui, souligne l’association dans un communiqué.
ASF « salue la décision de condamner Kizima Lenine Sabin ». « Cette décision démontre une réelle volonté de la justice congolaise de lutter contre l’impunité des crimes de guerre et des violations graves des droits de l’homme commis par des groupes armés sur son territoire », ajoute le texte. Ces groupes armés sont estimés à plusieurs dizaines et surtout disséminés dans l’est.
Kizima Lenine a été condamné le 27 février par le tribunal militaire de garnison de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, qui s’était délocalisé pour l’occasion dans le territoire de Shabunda, dans l’ouest de la province, afin de se rapprocher des victimes.
Il a pu être jugé en RDC car « la législation congolaise donne une compétence matérielle pour tous les faits commis sur le sol congolais » et « comme il s’agit de crimes graves, c’est la loi du lieu des faits qui s’applique », a expliqué à l’AFP Me Dominique Kamuandu, coordinateur du volet Justice internationale à ASF.
Pour ce procès, 487 personnes se sont constituées parties civiles avec l’aide de l’association, et 83 ont comparu à l’audience. Au final, « 454 ont bénéficié d’un prononcé condamnant K. Lenine à leur verser des dommages et intérêts sous la forme d’une réparation financière », indique le communiqué.
Les indemnités varient entre 3.000 et 10.000 dollars.
Pour assurer que les victimes reçoivent leur dû même si leurs bourreaux sont insolvables, Me Kamuandu estime dans le communiqué que le « gouvernement, avec l’appui de ses partenaires, devrait envisager une solution alternative, telle que la mise en place effective d’un fond de réparation spécifique ».
Des chefs des FDLR sont accusés d’avoir participé au génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda, qui fit 800.000 morts, selon l’ONU. Les rebelles sont aussi accusés de graves exactions contre les civils de l’est congolais (meurtres, viols, enrôlement d’enfants, pillages…).
L’armée mène actuellement, sans les Casques bleus de l’ONU, une offensive contre les FDLR dans les Nord et Sud-Kivu, ainsi que dans le nord de la province du Katanga (sud-est).