25 octobre 1965, la date de l’assassinat de MIREREKANO PAUL

25 octobre 1965, la date de l’assassinat de

MIREREKANO PAUL

MIREREKANO Paul, qui « serait le fondateur du parti UPRONA qui mena le Burundi à l’Indépendance », selon le Président de la République, Pierre NKURUNZIZA le 1er juillet 2019, a été fusillé par les militaires du Président de la République, le Capitaine MICOMBERO Michel le 25 octobre 1965. La date anniversaire de cet assassinat est donc aujourd’hui.

Né au début des années 1920 sur la colline Kavumu, zone Bugarama, commune et province Muramvya, MIREREKANO Paul est le fils de NTIBAHEBA et de NTAHORUTABA.

De 1928 à 1935 il a fréquenté l’école primaire à Bukeye.

De 1935 à 1942, il a poursuivi les humanités techniques en agronomie au Groupe Scolaire de Butare, Rwanda.

Aussitôt ses études secondaires terminées, il a été engagé en 1942 par l’Administration Coloniale comme responsable du boisement de la ville de Bujumbura, notamment le boisement derrière la Cathédrale Régina Mundi et les mangiers des Chaussées Rwagasore et Ngendandumwe.

En 1945, il se lance avec succès dans les cultures maraîchères à Bugarama. En effet, le Vice-Gouverneur Général du Ruanda-Urundi de cette époque » convoqua à son cabinet Paul MIREREKANO pour le dissuader de se lancer dans la lutte politique, et comme il refusa de se plier à cette injonction, son compte en banque fut bloqué dès le lendemain sur ordre du Gouverneur », selon l’Honorable Léonce NDARUBAGIYE dans le site web www.arib.info. Le Vice-Gouverneur Général du Ruanda-Urundi décida d’éloigner Paul MIREREKANO de la ville de Bujumbura pour le muter vers Ruhengeri au Rwanda. Comme réaction, MIREREKANO Paul démissionna de la fonction publique pour se consacrer à sa coopérative des cultures maraichères. Selon le Dr Pie MASUMBUKO, Vice-Premier Ministre et ministre de la Santé du Premier Ministre Pierre NGENDANDUMWE : « MIREREKANO Paul avait dû démissionner des services du Gouvernement colonial pour s’occuper de l’encadrement agro-horticoles des paysans de façon indépendante ». C’est ça qui a fait dire à de nombreux hommes politiques que « MIREREKANO Paul était un martyr de la lutte pour l’émancipation des masses paysannes ». En effet, il a longtemps lutté pour la justice sociale.

En1950, « Paul MIREREKANO entretenait la lutte pour l’indépendance avec les Swahilis dès le milieu des années 1950 », selon Christine Deslaurier. C’était dans le cadre d’une organisation appelée l’Union Nationale du Rwanda-Urundi (UNARU). Mise à part la date, l’Ambassadeur Herménégilde NIYONZIMA apporte de l’eau au moulin de Christine Deslaurier quand il affirme, dans son livre Burundi, Terre des Héros non chantés p.43, que « MIREREKANO Paul est entré dans l’histoire du Burundi en 1957 quand les indépendantistes Swahili de Buyenzi l’ont placé à la tête de leur mouvement, devenant ainsi le Président de l’Union Nationale du Ruanda-Urundi (UNARU) ». L’Ambassadeur NIYONZIMA de poursuivre en soulignant que « MIREREKANO a réussi à convaincre les membres de l’UNARU pour qu’ils changent l’appellation de l’UNARU en UPRONA, (Union pour le Progrès National) car il était au courant de l’intention des Belges qui envisageaient séparer le Rwanda du Burundi. C’est ainsi qu’est né l’UPRONA et que donc MIREREKANO Paul en était le premier président ». Ici, l’Ambassadeur NIYONZIMA rejoint l’Ancien Président NTIBANTUNGANYA sauf que ce dernier affirme que le changement en UPRONA s’est opéré de l’UPB ( l’Union des Progressistes Barundi) qui est ultérieur à UNARU. Quoi qu’il en soit, ces deux personnalités confirment les propos du Président de la République qui, faut-il le rappeler, a déclaré que « MIREREKANO Paul serait le fondateur de l’UPRONA ». L’Honorable feu Léon MANWANGARI soutenait lui aussi que « MIREREKANO Paul était le fondateur de l’UPRONA et en était le premier président ».

Dès 1954, MIREREKANO Paul « s’était intégré dans les mouvements indépendantistes des pétitionnaires NTUNGUKA, BIGIRANEZA et RUKEBA qui étaient déjà à la Commission des Tutelles des Nations Unies». selon le Dr Pie MASUMBUKO. Cette période correspond à la création de l’UPB par MIREREKANO Paul. Selon l’Ancien Président de la République, Sylvestre NTIBANTUNGANYA ,  » les militants de l’UPB présidé par MIREREKANO Paul s’appelaient les Abadasigana », un nom identique à celui des combattants du Roi Mwezi IV GISABO qui a combattu de 1896 à 1903 contre l’invasion coloniale des Allemands au Burundi. L’UPB fut une courte transition entre l’UNARU et l’UPRONA, MIREREKANO Paul ayant présidé successivement toutes ces trois organisations politiques. Ceci confirme, une fois de plus, les propos du Président de la République, Pierre NKURUNZIZA qui a déclaré le 1er juillet 2019 que “Paul MIREREKANO serait le fondateur du parti UPRONA qui mena le Burundi à l’Indépendance » et que « c’est lui qui a surnommé les militants de l’UPRONA, Abadasigana ». Ce jour, le Président de la République a fait appel aux chercheurs pour qu’ils contribuent à tirer au clair l’histoire sur MIREREKANO.

En 1955, dans sa lettre N°42/05057/CAB du 25 juillet 1955, 8è paragraphe, rédigée par le Vice-Gouverneur Général du Congo Belge et Gouverneur du Ruanda-Urundi, M. Jean-Paul HARROY (1952 à 1961), à son chef le Gouverneur Général du Congo Belge basé à Léopoldville (actuellement Kinshasa), le Vice-Gouverneur, disions-nous, rapporte que « Mr MIREREKANO apparaît à ceux qui le connaissent comme une forte tête prête à s’ériger en meneur nationaliste passablement illuminé. Son assurance a cru encore notablement depuis que, le 31 Mai dernier en notre présence, Sa Majesté le Roi s’est arrêté longuement à son kraal de légumes sur la route de Muramvya ». Il s’agissait du Roi des Belges, Sa Majesté Baudouin Ier. Selon Sylmpedia dans Google, « MIREREKANO va se distinguer lors de la visite du Roi des Belges en déjouant la vigilance de sa garde et en lui donnant lecture des conditions de vie des paysans. Impressionné, le Roi Baudoin lui enverra deux tracteurs modernes dont un qui sera détourné par l’administration coloniale. Très tôt, il se manifesta aux autorités coloniales par ses actions politiques pro-indépendantistes qui le mirent rapidement sous surveillance ». Le Dr Pie MASUMBUKO confirme cette déclaration de MIREREKANO Paul lors de la visite de Sa Majesté Baudouin Ier au Ruanda-Urundi le 31 Mai 1955. Il était membre de la délégation royale, comme médecin, lors de la visite du kraal de légumes de Paul MIREREKANO. Le Dr MASUMBUKO a confirmé plusieurs témoignages qui soutiennent que MIREREKANO Paul est entré dans l’histoire du Burundi dès le 31 mai 1955. Ceci explique pourquoi MIREREKANO Paul a obtenu « un siège dans le Conseil Supérieur du Burundi depuis 1955 », selon l’Ambassadeur Herménégilde NIYONZIMA dans son livre Burundi, Terre des Héros non chantés p.43.

1957 : “Cette année là, le Prince RWAGASORE et MIREREKANO Paul se mirent à créer des coopératives de commerce et de production Agricole » selon Christine Deslaurier.

En 1958, Jean Paul HARROY explique comment « les véritables affrontements débutèrent à propos des coopératives indigènes lancées, telles des machines de guerre, contre le pouvoir colonial. Concernant les coopératives, RWAGASORE et MIREREKANO se sont réparti les tâches. Le Prince RWAGASORE prit en charge la promotion des petites et moyennes entreprises avec comme épicentre, le quartier musulman de Buyenzi dans la capitale Bujumbura. Paul MIREREKANO se consacra à la promotion des paysans par les cultures maraichères avec comme épicentre Bugarama situé dans le fief royal de Muramvya».                                                        « L’administration des Colons mit tout en œuvre pour torpiller les coopératives commerciales et y parvint à la fin de l’année 1958; ce qui provoqua la désobéissance civile, des grèves fiscales et boycottage des commerces non africains », selon Christine Deslaurier. A ce propos, l’Hon. Léonce NDARUBAGIYE dans le site web www.arib.info signale : « Plus tard, le considérant avec RWAGASORE comme étant les vrais piliers du parti UPRONA, l’administration coloniale décida d’arrêter MIREREKANO. Il échappa à la prison grâce à RWAGASORE, averti par Alphonse BUSIGO.  MIREREKANO Paul mena, dès lors, une vie de clandestin ».

En mars 1960, lors du premier Congrès de l’UPRONA, RWAGASORE et MIREREKANO demandèrent l’indépendance complète et immédiate pour le Burundi. En outre, ils ont demandé et ont obtenu l’établissement d’une monarchie constitutionnelle. Ils lancèrent un appel à la désobéissance civile avec le boycott des produits belges et le refus de payer les taxes à l’Administration Belge.                                                                          « Le 30 juin 1960, le Prince LOUIS RWAGASORE ET PAUL MIREREKANO sont invités aux cérémonies d’indépendance du Congo. De là, ils apprennent que les Belges risquent de les emprisonner dès leur retour. Le Prince conseille à MIREREKANO de rester à KINSHASA», a souligné  l’Honorable feu Léon MANWANGARI. Le Premier Ministre Patrice LUMUMBA accorda le droit d’asile à MIREREKANO Paul.

Le 17 janvier 1961, « Après l’assassinat de Patrice Lumumba », indique l’Honorable NDARUBAGIYE dans le site web de l’ARIB, « Paul MIREREKANO changea de lieu de refuge et s’installa quelques temps en Tanzanie ». Le Président Julius Mwalimu Kambarage NYERERE le prit en charge.

Le 1er juillet 1962, MIREREKANO Paul est rentré très tôt le matin au Burundi clandestinement. La Sûreté Nationale, qui était dirigée par Boniface Fidel KIRARANGAYA démasqua MIREREKANO Paul au stade, enfouis dans un grand groupe de ses plus proches partisans, au milieu d’une foule compacte, hors tribune, en pleine cérémonie de la fête pour l’Indépendance. Le Chef de la Sûreté, Boniface Fidel KIRARANGAYA signala, discrètement au Roi MWAMBUTSA IV, la présence de MIREREKANO Paul dans la foule. Le Roi ordonna que MIREREKANO Paul soit amené à la tribune d’honneur sans hésitation ni crainte de la réaction du Gouverneur Paul HARROY. Le Protocole l’installa à une petite distance du Roi.      

Le 25 août 1962, lit-on à la p.151 du livre Histoire du Conflit politico-ethnique Burundais par le Professeur NGAYIMPENDA Evariste, signalant que «MIREREKANO convoqua un meeting au stade Prince RWAGASORE où il évoqua de nouveau la nécessité des élections avec une pointe critique à l’endroit du Gouvernement MUHIRWA. Arrêté sur le fait, MIREREKANO sera libéré dans la soirée par une cinquantaine de gendarmes qui l’escortèrent jusqu’à son habitation et assurèrent sa garde ».

Au cours des primaires du 14 septembre 1962 à Muramvya, le tandem MUHIRWA-NTIRUHWAMA organisa la fraude électorale au détriment de Paul MIREREKANO. « Les délégués des provinces de Rutana et Ruyigi qu’on savait acquis pour MIREREKANO Paul et pour SIRYUYUMUNSI Thaddée ne participassent pas au scrutin », indique le Pr NGAYIMPENDA. à la p. 153 du livre ci-haut cité, reprenant les propos de KIRARANGAYA dans son livre la Vérité sur le Burundi à la p.40. Ce dernier souligne que « les populations de ces deux provinces (Rutana et Ruyigi) étaient les partisans les plus farouches en faveur de MIREREKANO Paul et SIRYUYUMUSI Thaddée. C’est pour cette raison qu’ils étaient empêchés de voter ». Mr KIRARANGAYA avoue lui-même, en âme et conscience, à la p.40 du même livre : « en tant que Directeur de la Sûreté Nationale et Président du Bureau Politique de l’UPRONA, j’ai placé trois pelotons de policiers à l’entrée de Muramvya pour bloquer la voie aux électeurs venus de Ruyigi. Le ministre Pierre NGUNZU dona l’ordre à tous les propriétaires de véhicules de la région de ne pas bouger de Rutana ».

1963, MIREREKANO Paul, reprend le chemin de l’exil. Cette fois-ci, au Rwanda.

Élu député en mai 1965 dans la circonscription de Bujumbura, l’Honorable Paul MIREREKANO rentre d’exil après que son épouse SINIREMERA Catherine ait battu campagne pendant l’exil de son mari avec l’aide massif des Swahili de Buyenzi. Après quoi, l’Assemblée Nationale éleva MIREREKANO Paul au rang de 1er Vice-Président de l’Assemblée Nationale.

Le 25 octobre 1965, l’Honorable Paul MIREREKANO, le fondateur du parti l’UPRONA qui mena le Burundi à l’Indépendance, fut fusillé au stade Prince Louis RWAGASORE par les hommes du Hima, le Capitaine Michel MICOMBERO, Secrétaire d’Etat à la Défense de cette époque. Par la même occasion, presque tous les députés de l’ethnie Hutu furent fusillés. Au cours du même mois, 50 000 burundais furent massacrés par les hommes du même MICOMBERO.                                                   L’Honorable MIREREKANO Paul a été longtemps diabolisé puis sciemment ignoré par les régimes Hima de dictature militaire en affirmant que, MIREREKANO Paul aurait été impliqué  « dans les massacres de Busangana en 1965« . Le député feu Léon MANWANGARI a souligné, à plusieurs reprise, que « MIREREKANO a été assassiné le 25 octobre 1965, avant ces événements de Busangana. (….) La population s’est soulevée dès qu’elle a entendu l’exécution de son idole». Ce député a été confirmé par le témoignage solennel de la sœur du Prince Louis RWAGASORE, la Princesse Rose Paula IRIBAGIZA à l’occasion de la levée de deuil définitive de l’Hon. MIREREKANO Paul, le 27 juillet 2013 : « Moi tel que je m’en souviens ce massacre est survenu bien après l’assassinat de MIREREKANO Paul. En outre, les insurgés se sont révoltés à cause de l’assassinat de MIREREKANO Paul et du départ du Roi MWAMBUTSA IV en exil » a-t-elle déclaré.