Dans l’actualité sur le Rwanda, la semaine du 10 au 16 décembre 2017 aura été marquée par un certain nombre d’événements médiatiques, politico-diplomatiques et juridiques de portée nationale et internationale. La simultanéité de ces événements, comme par pure coïncidence, cache mal une vaste campagne savamment orchestrée pour faire taire les critiques de plus en plus vives envers le régime dictatorial de l’ancienne rébellion tutsi du FPR de Paul Kagame devenu parti-état depuis 1994, pour se dérober à la justice en usant du chantage diplomatique, pour revendiquer l’impunité en brandissant le « génocide » devenu un véritable fond de commerce et pour diaboliser et marginaliser ses opposants.
Avalanches événements
Il y a eu d’abord la présentation, le 11/12/2017, des conclusions du Comite des Nations Unies pour la prévention de la torture. Celui-ci appelle le Rwanda notamment à mettre un terme aux détentions et poursuites d’opposants, de journalistes ou d’activistes comme mesures d’intimidation.
Ensuite le journal parisien «Jeune Afrique », qui relaie les thèses de Paul Kagame en France, publiait le refus de comparaitre du général James Kabarebe qui avait été convoqué par un juge français dans l’affaire de l’attentat du 6 avril 1994. Ce n’est pas seulement un simple refus de comparaitre. L’annonce de « Jeune Afrique » est en fait une défense de James Kabarebe et de ses co-accusés comme devant un tribunal. Les arguments et les contre-arguments des uns et des autres sont exposés en détails, les pièces à conviction transmises aux juges d’instruction sont étalées, et même le verdict est prononcé : « James Kabarebe et consort seraient innocents ». Tout a été fait pour que le journal « Jeune Afrique » soit substitué à n’importe quelle cour ou tribunal qui devrait être saisi de cette affaire. Les défenseurs des proches de Kagame croient donc avoir soumis l’affaire devant un tribunal populaire à travers « Jeune Afrique » et que celui-ci aurait déjà tranché en leur faveur. Un peu comme devant les fameux « Gacaca » du Rwanda. Un pied-de- nez à la Justice française par des avocats pourtant européens, au grand mépris des toutes les règles de procédure.
Simultanément, Kigali annonçait triomphalement qu’un cabinet d’avocats américain, mandaté par le gouvernement rwandais, venait de publier un rapport sur l’implication de la France dans le génocide rwandais de 1994.
Ce rapport entend s’ajouter et corroborer celui dit « Mucyo » qui incrimine des personnalités françaises et conforter la plainte déposée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) de Kigali devant le pole génocide du Tribunal de Grande Instance de Paris contre une vingtaine d’officiers de l’armée française pour génocide.
Le 14 décembre 2017 est une date charnière dans cette saga politico-médiatique. C’est à cette date que devait comparaitre devant les juges Jean Marc Herbaut et Nathalie Poux le général James Kabarebe et Frank Nziza le seul tireur des missiles fatidiques encore en vie. Deux jours auparavant, leurs avocats ont présenté leur défense devant le « tribunal Gacaca de Paris » à savoir le journal « Jeune Afrique » estimant qu’ainsi leurs clients n’étaient plus obligés de se présenter aux juges français des tribunaux classiques. Cérise sur le gâteau : ils ont même prétendu qu’un général, de surcroît Ministre de la défense de son pays, jouissait de l’immunité devant n’importe quelle juridiction et ne pouvait surtout pas être confronté à un quelconque témoin de rang inferieur. Et on est en France !
Comme par hasard, le même 14 décembre s’ouvrait à Genève en Suisse au siège de la Commission des Droits de l’Homme, un colloque organisé par la Représentation Permanente du Rwanda sur le thème de « Prévention et répression du génocide ». On notera que les principaux intervenants furent le célèbre couple Alain et Daphoza Gauthier du Collectif pour les Parties Civiles pour le Rwanda dont les activités sont connues en France et la journaliste et Professeur anglaise Linda Melvern. Tous les trois viennent d’être décorés par Paul Kagame à Kigali pour « services éminents rendus au FPR ».
Arsenal classique de la dictature pour attaquer, se défendre et s’assurer de l’impunité pour ses crimes.
Quand il est acculé, le régime de Paul Kagame recourt à la diversion pour étendre un rideau de fumée sur un fait qui le met mal à l’aise. C’est dans ce sens qu’il faut considérer le rapport commandité aux Américains et publié en catastrophe à la veille de la comparution attendue à Paris de James Kabarebe et du tireur des missiles Frank Nziza. Parallèlement il use du chantage pour intimider et décourager les instances susceptibles de lui demander des comptes. En mettant en cause la France pour « génocide » et en inculpant plusieurs de ses vaillants soldats, le régime de Paul Kagame entend faire pression sur les instances françaises en les faisant chanter pour abandonner toute demande de justice venant des familles des citoyens français tués par Kagame au Rwanda les 06, 07 et 08 avril 1994. Comme toujours, le concept « génocide » est brandi comme pour exiger l’impunité et se réclamer d’une immunité non légale. De ce fait, le génocide est devenu un vrai fond de commerce du régime. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la tenue en urgence d’une table ronde sur le génocide à Genève comme par hasard le 14/12/2017.
Enfin, quand il est juridiquement acculé, le régime du FPR de Paul Kagame se lance dans une fuite en avant étant convaincu que les autres protagonistes beaucoup plus raisonnables et rationnels vont calmer le jeu en lui tendant la main comme à un enfant prodigue. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre les incessantes menaces de ruptures diplomatiques avec la France, les refus systématiques des ambassadeurs français désignés pour Kigali s’ils ne proviennent pas de la nébuleuse pro-tutsi de France et les rappels intempestifs de son représentant à Paris.
Comment réagir et quelle attitude adopte face a ce régime dictatorial d’essence irrationnelle ?
L’opinion publique ne doit pas être intoxiquée par les relais médiatiques en Occident en général et en France en particulier comme « Jeune Afrique », surtout quand ils osent même se substituer à la justice d’un pays démocratique pour tenter d’assurer l’impunité aux criminels de guerre comme James Kabarebe, Frank Nziza et consorts.
La justice française doit se montrer ferme et intraitable face aux pressions diverses quand il s’agit de défendre son indépendance dans sa façon de rendre justice. Les auxiliaires de justice que sont les avocats qui outrepassent leur rôle en sabotant le fonctionnement de la justice pour des raisons politiques jusqu’à violer les secrets de l’instruction comme le belge Bernard Maingain et son collègue qui défendent James Kabarebe dans la presse et non devant les juges, doivent être rappelés à l’ordre selon les procédures en vigueur.
Les décideurs politiques et diplomatiques français doivent se convaincre que depuis 1994, le Rwanda est sous la coupe d’une clique de bandits armés qui ont fait du Rwanda un état-voyou et qui doit être traité comme tel. Ce régime devrait recevoir de la France un message clair comme quoi il ne pourrait espérer faire chanter la France en agitant le génocide ou en menaçant de poursuites judiciaires envers ses soldats pour espérer jouir de l’impunité pour les crimes commis sur les citoyens français.
Les proches des victimes des crimes du FPR de Paul Kagame ainsi que les parties civiles dans des affaires pédantes devant la justice française comme l’affaire de l’attentat du 06/4/1994 ne doivent pas se décourager. Certes, ils ne disposent pas des moyens comme ceux que l’état-voyou du FPR consacrés aux manœuvres pour échapper à la justice, mais la persévérance et la justesse de leur cause suffiront pour annihiler les tentatives des criminels pour échapper à la justice.
Quant aux ONG et autres organisations de défense des Droits de l’Homme (les vraies ou ce qui en reste) maintenant qu’elles ont découvert la vraie nature du régime du FPR de Paul Kagame et connaissant ses méthodes pour faire taire toute voix critique venant des ONG – car les Rwandais qui osent le critiquer sont systématiquement réduits au silence c’est-à-dire tués ou jetés en prison- (refus de visas , expulsion, interdiction, insultes publiques des responsables…), nous osons espérer qu’elles vont encore, plus qu’avant, sonner l’alarme pour sauver le peuple qui ploie depuis 1994 sous le joug dictatorial du FPR « sans témoin ».
Enfin, l’opposition politique, tout en continuant à dénoncer les crimes du régime de Paul Kagame, devrait commencer à se positionner comme une alternative sérieuse et salutaire. Ceci consisterait à approcher les puissances ou lobbies qui soutiennent le dictateur rwandais (car il y en a !) pour leur faire comprendre qu’ils misent sur un mauvais cheval. En effet plusieurs de ces milieux soutiennent Kagame car ils sont convaincus à tord qu’il est le seul à pouvoir défendre leurs intérêts au Rwanda et surtout dans la région. Or, Paul Kagame, avec les crimes commis au Rwanda et dans la région, reste un boulet à traîner pour ces puissances car tôt ou tard il va tomber ou disparaître. S’il était démontré à ces puissances qui soutiennent un criminel comme Paul Kagame qu’elles misent sur un mauvais cheval, mais surtout si elles étaient convaincues que les démocrates que sont les opposants actuels peuvent aussi bien sinon mieux défendre leurs intérêts au Rwanda et dans la région qu’un dictateur criminel de guerre et contre l’humanité de la trempe de Paul Kagame, ces « souteneurs » changeraient leur fusil d’épaule.
Emmanuel Neretse
Bruxelles le 15/12/2017