Le Burundi compte un large réseau routier, mais certaines routes sont vétustes. Celles nouvellement bitumées se délabrent rapidement, d’autres sont en cours de goudronnage. Roger Ngendabanyikwa, directeur de l’exécution des travaux routiers à l’Agence Routière du Burundi (ARB), fait le point.
Qu’est-ce que l’Agence routière du Burundi ?
L’Agence routière du Burundi (ARB) est née du décret du 22 mai 2019 de la fusion de trois institutions à savoir l’Office des routes, l’Agence routière du Burundi et le Fonds routier national.
Et ses missions ?
Elle a quatre missions principales : assurer la planification pluriannuelle ; superviser et coordonner les activités de l’entretien routier ; construire les nouvelles routes et mobiliser les ressources financières en vue d’assurer le financement du réseau routier.
Est-ce que la voirie urbaine entre dans vos attributions ?
L’ARB s’occupe principalement du réseau routier classé, c’est-à-dire les routes nationales (RN), provinciales et communales. La voirie urbaine est du ressort de l’Office Burundais pour l’Urbanisme, l’Habitat et la Construction (OBUHA).
Quel est la longueur du réseau routier goudronné du Burundi ?
De façon globale, le réseau routier bitumeux au Burundi est estimé à 1647 km.
Certaines routes sont très veilles ou en mauvais état ?
Au niveau de la qualité ou le dimensionnement, ce n’est pas satisfaisant. On n’a pas bien suivi les travaux. Et le trafic a fortement augmenté. Le gouvernement en est conscient. C’est d’ailleurs pour cette raison que la RN5 est en cours de réhabilitation et que la RN3 le sera bientôt. Pour la RN7, les études seront bientôt entamées. Il y a aussi des projections pour la RN1. Il ne sera pas seulement question de réhabiliter mais aussi de moderniser afin que ces infrastructures s’adaptent à l’intensité du trafic.
Concrètement ?
Pour les travaux déjà en cours, il y a la phase I de la RN16 (Bururi-Gakuba pour 35 km) ; la phase II de la RN18 (Kibumbu-Gitega). Là, on est à plus de 85% de réalisation des travaux. En phase I de la RN3 (Gitaza-Rumonge), les travaux viennent de commencer; pour Rumonge-Nyanza-Lac, l’installation est en cours. Concernant la phase I de la RN5 (tronçon Nyamitanga-Bujumbura), les travaux sont à la phase finale avec le dédoublement entre le rond-point Chanic et l’Aéroport International Melchior Ndadaye.
Quel est l’état actuel des travaux sur la RN3 ?
Il y a un projet qui est en cours de montage pour Gitaza-Rumonge. L’entreprise attributaire a déjà installé sa base technique. Les travaux vont démarrer prochainement. Les plans d’exécution sont en cours d’élaboration. Pour le tronçon Rumonge-Nyanza-Lac, l’entreprise est en train de chercher des terrains pour s’installer. Et pour les deux tronçons, les missions de contrôle sont déjà sur le terrain.
Qu’en est-il du coût des travaux ?
Les coûts sont relatifs. Parce qu’il y a les coûts d’attribution mais aussi ceux d’exécution qui doivent varier. Pour Gitaza-Rumonge, le coût d’attribution est de 78 milliards BIF et 82 milliards BIF pour Rumonge-Nyanza-Lac. Mais, avec l’état des routes, ce sont les plans d’exécution qui vont déterminer plus ou moins le coût réel des travaux. Et ils sont élaborés par l’entreprise et approuvés par la mission de contrôle en collaboration avec l’administration.
Quid de la réhabilitation de la RN7 ?
Pour la RN7, il y a la Banque Africaine de Développement (BAD) qui nous a promis un financement pour l’étude en deux tronçons. D’abord pour Bujumbura-Nyakararo en vue de le relier avec la RN18, et un autre pour Nyakararo-Rutana jusqu’à la jonction avec la RN8.
Sur la RN7, il y a trop de défis. La réhabilitation totale sera plus avantageuse. Mais on le saura avec les études qui seront commanditées.
Ce qui implique aussi la réhabilitation du pont Kamesa?
En effet, c’est une stabilisation de ce pont. Les travaux sont déjà en cours. Et le coût s’élève à 1,4 milliards BIF. Nous espérons qu’au moins dans six mois, le trafic sera rétabli sur ce tronçon. Mais juste après ce pont, il y a un autre endroit à réparer.
A Bujumbura, des embouteillages s’observent en dehors des heures de pointe. Que préconisez-vous pour résoudre ce problème ?
Nous avons des projets qui manquent malheureusement encore de financement.
Lesquels ?
C’est le projet Bujumbura-Gitaza qui comprendra une rocade qui va partir de l’Avenue du Large jusqu’au Camp Chinois pour désengorger le côté sud. Mais aussi, côté nord, il y a une autre rocade qui partira de la Nonciature en passant par Mutanga-Sud- Mutanga-Nord jusqu’à la RN1 à l’endroit dit « Iwabo w’Abantu ».
Des projets pour bientôt ou à long terme ?
Je ne voudrais pas me prononcer là-dessus. Seulement, les études sont déjà faites pour les deux projets.
Les deux projets sont-ils suffisants pour réduire ces embouteillages ?
Non. Trois nouveaux ponts sont aussi en projection. Je cite le pont qui relierait le quartier Kigobe à Nyakabiga sur l’avenue Muyinga. Il y a un autre qui relierait le quartier industriel à Buyenzi via la 11e avenue. Et un dernier qui relierait le quartier Rweza à Gasekebuye. Si toutes ces infrastructures sont réalisées, je crois que les embouteillages seront vraiment réduits.
On parle aussi d’une probable déviation de la RN1…
Elle sera déviée pour être reliée à la RN9. C’est sur un tronçon de plus ou moins six kilomètres. Et c’est la coopération chinoise qui financera les travaux par un don.
Récemment, de hautes autorités ont déclaré que la route Bujumbura-Cibitoke a été mal construite. Qu’est ce qui est en train d’être fait pour y remédier?
C’est surtout sur le tronçon Nyamitanga-Ruhwa que l’on observe des dégradations importantes. Les autorités ont demandé à l’entreprise de corriger ces malfaçons. Et aujourd’hui, elle est à l’œuvre.
On voit que dans beaucoup de coins du pays, les routes ne sont pas entretenues. Comment organisez-vous l’entretien ?
Nous avions d’abord pensé à impliquer les administratifs en leur faisant un kit matériel. On pensait que via les travaux communautaires, ils pouvaient eux-mêmes entretenir ces routes provinciales, communales. Mais l’on a constaté qu’il faut un appui particulier, car il y a des éboulements qui nécessitent d’autres moyens. Nous avons alors trouvé une autre approche.
Laquelle ?
Nous comptons collaborer avec les coopératives collinaires sur chaque tronçon de route bitumée. Il y aura un contrat pour les intéresser.
Les poids-lourds sont cités parmi les causes de la destruction des routes…
Ce qui entraîne la destruction de nos routes est la surcharge des camions.
Avez-vous déjà pensé à une stratégie pour prévenir leur dégradation?
Pour protéger nos routes, en collaboration avec la police, nous voulons mettre des pèse-essieux sur certains axes, les points d’entrées.
C’est-à-dire ?
C’est un appareil mobile que l’on va installer. Le véhicule pourra être testé à tout moment pour déterminer si son tonnage est correct ou pas. On va établir la taxe y relative pour les contrevenants.
Propos recueillis par Rénovat Ndabashinze