
Depuis son accession à la présidence en juin 2020, Évariste NDAYISHIMIYE a affiché une volonté de promouvoir la transparence et de lutter contre la corruption. Des initiatives telles que l’adoption de politiques de bonne gouvernance et la mise en place de mécanismes de contrôle ont été entreprises.
Le 22 février 2025, lors d’une retraite consacrée à la lutte contre la corruption, Son Excellence le Président de la République du Burundi, Évariste NDAYISHIMIYE, a réitéré l’importance de la digitalisation des services publics pour instaurer plus de transparence et réduire les opportunités de corruption. Cet appel reflète une vision ambitieuse d’un Burundi moderne, où les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) serviraient de levier à une gouvernance efficace, responsable et intègre. Cependant, pour atteindre cet objectif, il est crucial de comprendre que la digitalisation ne peut réussir sans une infrastructure énergétique solide. En effet, digitalisation, énergie et bonne gouvernance forment un trépied indispensable à l’émergence d’un État moderne, transparent et efficace.
Digitalisation : Un rempart contre la corruption
La corruption prospère dans l’opacité et la complexité administrative. Or, la digitalisation des services publics permet d’automatiser les processus administratifs, de minimiser les contacts directs entre citoyens et fonctionnaires, et de réduire ainsi les risques de pots-de-vin et de favoritisme. Grâce aux plateformes numériques :
- Les citoyens peuvent effectuer des démarches en ligne (paiement d’impôts, obtention de documents administratifs, enregistrement des entreprises) sans avoir à négocier avec des intermédiaires.
- Les transactions deviennent traçables et transparentes, rendant la fraude plus difficile.
- Les budgets publics et les marchés de l’État sont suivis en temps réel, limitant ainsi le détournement des fonds publics.
L’expérience de l’Estonie, pays pionnier en matière de digitalisation, montre qu’une administration publique numérisée réduit considérablement les opportunités de corruption tout en facilitant le quotidien des citoyens et des entreprises.
Une digitalisation viable nécessite une énergie fiable
Si la digitalisation est un outil puissant, elle ne peut fonctionner sans une infrastructure énergétique stable. Aujourd’hui, le Burundi fait face à des défis énergétiques importants :
- Un taux d’accès à l’électricité avoisinant 10 %, limitant l’usage des technologies numériques.
- Une production énergétique encore insuffisante, largement dépendante de l’hydroélectricité et vulnérable aux aléas climatiques.
- Des infrastructures vieillissantes entraînant des coupures fréquentes, ce qui peut compromettre la fiabilité des services numériques.
Sans une énergie stable et accessible, les plateformes numériques risquent d’être intermittentes, peu fiables et inaccessibles pour une grande partie de la population. Il est donc impératif que l’État burundais accélère les investissements dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse) et les micro-réseaux électriques pour garantir une alimentation en électricité suffisante, notamment dans les zones rurales.
Bonne gouvernance : La clé pour un développement durable
Le lien entre digitalisation, énergie et bonne gouvernance est évident. Une administration modernisée et électrifiée ne portera ses fruits que si elle est gérée avec rigueur, responsabilité et transparence. Cela implique :
- Un engagement politique fort pour instaurer une gouvernance basée sur la performance et la redevabilité.
- Un contrôle strict des ressources publiques, notamment grâce aux technologies de suivi budgétaire et de gestion des marchés publics.
- Une participation citoyenne renforcée, où chaque burundais peut suivre et signaler les abus à travers des plateformes numériques.
L’appel du Président NDAYISHIMIYE à la digitalisation comme arme contre la corruption ne pourra être entendu que si une volonté politique inébranlable accompagne ces réformes. Il est essentiel de mettre en place un cadre réglementaire solide, garantissant la cybersécurité, la protection des données et la fiabilité des plateformes numériques.
Recommandations et perspectives
Pour réussir cette transformation numérique et énergétique, voici quelques recommandations clés :
- Accélérer les investissements dans les infrastructures énergétiques en diversifiant les sources d’énergie pour garantir une alimentation stable et continue des services numériques.
- Développer des plateformes numériques interconnectées entre les différentes institutions publiques pour renforcer la transparence et faciliter l’accès aux services.
- Former les citoyens et les fonctionnaires à l’utilisation des outils numériques pour une appropriation rapide de la digitalisation.
- Renforcer la cybersécurité et la protection des données, afin d’éviter les failles qui pourraient compromettre la confiance des citoyens.
- Instaurer des mécanismes de contrôle digitalisés pour suivre en temps réel l’utilisation des fonds publics et lutter efficacement contre la corruption.
En conclusion, l’appel du Président Évariste NDAYISHIMIYE à la digitalisation pour combattre la corruption est une initiative salutaire qui marque un tournant décisif dans la modernisation du Burundi. Toutefois, cette ambition ne pourra se concrétiser qu’en mettant en place une infrastructure énergétique adéquate et une gouvernance forte. Digitalisation, énergie et bonne gouvernance sont trois piliers indissociables pour bâtir un État transparent, efficace et au service de ses citoyens. L’heure est venue pour le Burundi d’embrasser pleinement cette transformation et d’investir massivement dans son avenir numérique et énergétique en vue de faire du peuple burundais, une véritable société tournée vers le développement intégral endogène avec le support d’une gestion transparente et d’une communication efficace.
Par Bazikwankana Edmond