ONU / Burundi :  Regret de la mise en oeuvre à caractère clandestin de la résolution 36/2
Photo : Ikiriho
Photo : Ikiriho

GEOPOLITIQUE, GUERRE HUMANITAIRE, DROIT DE L’HOMME – GENEVE, 11/09/2018 – M. TABU Rénovat,  Ambassadeur et Représentant permanent de la République du Burundi à Genève, participait au Dialogue Interactif avec le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur le rapport final concernant le Burundi, au Palais des Nations.
L’Amb.TABU Rénovat a regretté que  la mise en œuvre de la résolution 36/2 initiée par le Groupe Africain ait pris un « caractère clandestin ».

Voici sa déclaration :

DECLARATION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR TABU RENOVAT, AMBASSADEUR ET REPRESENTANT PERMANENT DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI A GENEVE

Dialogue Interactif avec le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme sur son rapport final sur le Burundi, Palais des Nations, le 11 septembre 2018

Merci Monsieur le Président

1 – Avant tout, je me réjouis de présenter à Madame le Haut-commissaire aux droits de l’homme, au nom du Burundi, les vives félicitations, et les miennes propres, suite à sa nomination au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Madame le Haut-Commissaire, le Burundi compte beaucoup sur votre sens aigu d’objectivité, de justice et d’impartialité.

2 – Concernant le rapport qui vient d’être présenté, le Burundi en prend note mais regrette le pessimisme qui y transparait et une narration des faits tronquée et dont l’essence n’est pas de nature à promouvoir la bonne coopération avec le Burundi.

3 – Le rapport accuse à tort le Burundi de refuser de coopérer avec le Haut-commissariat aux droits de l’homme dans la mise en œuvre de la résolution 36/2 du Conseil des droits de l’homme. Le Burundi reste préoccupé par une injuste accusation qui embellit l’acharnement habituel contre le Burundi depuis un certain temps.

4 – La résolution 36/2 a été initiée par le Groupe Africain avec la pleine coopération du Burundi. Depuis son adoption, le Burundi n’a cessé de manifester sa disponibilité à coopérer à sa mise en œuvre. Et pour preuve, le 06 mars 2018, lors de sa rencontre avec le Président du Conseil des droits de l’homme, le 21 mars 2018, au cours du dialogue interactif avec le Haut-commissariat aux droits de l’homme, qui présentait le premier rapport oral sur le Burundi, et même devant le Groupe africain, le Burundi n’a cessé de souligner son impatience dans la mise en œuvre de la résolution 36/2.

5 – Par sa Note Verbale du 27 mars 2018, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a informé, pour la première fois, la Mission Permanente du Burundi à Genève « du déploiement effectif » à Bujumbura de l’équipe d’experts mandatés par la Résolution 36/2, sans préciser quand ce déploiement avait eu lieu.

6 – D’après les informations fournies dans la suite par le Haut-commissariat, trois personnes avaient été déployées à Bujumbura successivement le 14 mars, le 16 mars et le 22 mars 2018.

7 – Il me doit de préciser ici que, dans les lettres de demande de visas d’entrée au Burundi pour ces personnes, lettres non adressées à son service consulaire à Genève, le Gouvernement du Burundi a constaté que le Haut-commissariat précisait qu’il s’agissait de « fonctionnaires internationaux qui rejoignaient l’Office du Haut-Commissariat aux droits de l’homme basé au Burundi, en qualité d’Experts de la Mission Coopération » et les visas étaient demandés juste pour un mois. Si le Burundi leur a accordé les visas, c’était à ce titre et c’était par ailleurs habituel.

8 – J’attire encore l’attention du Conseil des droits de l’homme sur le fait que, malgré la suspension temporaire de la coopération avec le Bureau du Haut-Commissaire à Bujumbura, le Burundi a continué à accorder des visas d’entrée aux personnels qui se rendaient au Burundi dans le cadre de ce Bureau.

9 – Profitant de cette situation, le Haut-Commissariat a alors changé la mission pour laquelle les visas étaient demandés. Vers l’expiration du délai des visas accordés, ces personnes ont demandé la prolongation de leurs visas pour trois mois.

10 – Cette demande a hélas coïncidé avec la révélation, par la note verbale du Haut-commissariat, de la vraie mission de ces personnes. Surpris de cette irrégularité, les services de la migration ont pris la mesure sage et douce d’annuler leurs visas pour plus de clarté.

11 – Ainsi, une lumière s’imposait sur les raisons et les mobiles qui sous-tendaient le caractère clandestin de la mise en œuvre de cette résolution 36/2, dès lors qu’elle avait été adoptée publiquement et officiellement par le Conseil des droits de l’homme et que les missions y contenues étaient différentes de celles du Bureau du Haut-Commissaire au Burundi.

12 – Malgré cette situation, le Burundi voudrait inviter le nouveau Haut-commissaire aux droits de l’homme à avoir sa propre grille de lecture sur la situation des droits de l’homme au Burundi et d’engager une nouvelle dynamique de coopération avec lui.

13 – Par ailleurs, la participation du Burundi, le 18 janvier 2018, au troisième cycle de l’Examen Périodique Universel et la présentation de rapports périodiques aux différents organes de traités prouvent l’existence de coopération du Burundi avec les organes onusiens.

14 – La situation au Burundi demeure calme et la population vaque normalement à ses activités quotidiennes. Les différents services publics assurent convenablement leurs fonctions régaliennes, n’en déplaise à ceux qui se battent becs et ongles pour prêcher le contraire.

15 – Du reste, après le processus référendaire de mai 2018 organisé avec grand succès, le Burundi est déjà en marche vers les élections de 2020 et une feuille de route est déjà signée par tous les acteurs politiques se trouvant au pays. Un appel est donc lancé aux Burundais qui sont encore à l’extérieur du pays, pour qu’ils regagnent le bercail et se préparent à cette importante activité civique et ainsi développer leur pays.

16 – Je lance également un appel pressant à certains partenaires pour qu’ils revoient leur politique sur le Burundi, mettent un terme aux sanctions économiques injustes infligées au Burundi et à son peuple, des sanctions qui ne font que violer les droits de celui-ci, engagent une coopération constructive avec le Burundi et apportent plutôt à son peuple l’assistance technique et le renforcement des capacités dont il a besoin.

Pour terminer, je voudrais rassurer que le Gouvernement du Burundi ne ménagera aucun effort pour protéger et promouvoir les droits de ses citoyens dans leur diversité.

Merci Monsieur le Président.

SOURCES : Amb.TABU Rénovat, NAHIMANA P.