La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, s’est déclarée « choquée » dimanche par les propos tenus la veille à Dakar par François Hollande invitant les dirigeants africains à ne pas chercher à s’accrocher au pouvoir.

Prenant l’exemple du Burkina Faso, où le président Blaise Compaoré a quitté le pouvoir le 31 octobre après 27 ans à la tête de son pays, le président français a parlé de « faire réfléchir ceux qui voudraient se maintenir à la tête de leur pays en violant l’ordre constitutionnel ».

Son message sonnait comme un avertissement à des dirigeants comme le Congolais Denis Sassou N’Guesso ou le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, soupçonnés de vouloir changer la loi fondamentale dans leurs pays respectifs.

Au Rwanda, un débat est lancé sur l’intention prêtée au président Paul Kagamé de vouloir rester au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats prévue dans la Constitution de 2003.

« Ce qui nous préoccupe au Rwanda, c’est de pouvoir préserver le gain que le pays a eu au cours des 20 dernières années. Le reste c’est procédural, c’est mécanique, ce n’est pas une préoccupation des Rwandais, d’autant que nous sommes à trois ans des prochaines échéances », a déclaré Louise Mushikiwabo à la chaîne France 24, en marge du Sommet de la Francophonie de Dakar.

La responsable de la diplomatie rwandaise a jugé « choquant » le propos de François Hollande « sur le fond et sur la forme ».

« Je trouve que ce n’est pas normal que ce soit le président français, François Hollande, qui décide ce qu’il va se passer dans les pays africains par rapport à leur avenir politique », a-t-elle dit.

« C’est une sorte de démocratie ‘Made in France’ et au Rwanda on trouve cela choquant », a-t-elle ajouté. « C’est du ressort des citoyens africains, ça ne peut pas venir de la France ».

Samedi, un membre de la délégation congolaise avait lui aussi protesté contre le point de vue français.

« Le Burkina n’est pas un modèle pour les autres pays. Chaque pays a sa propre réalité et ses nuances », a déclaré Collin Kandolo. « Le président français est le président de la France, pas du Congo, et cela doit être respecté ».