La réunion du comité central de l’Uprona a finalement eu lieu, et a adopté plusieurs résolutions. Un non événement pour les détracteurs du camp Charles Nditije qui l’a organisé.
Malgré l’interdiction du ministre de l’Intérieur, qui avait dit qu’il en appellerait même au ministre de la sécurité publique pour l’empêcher, la réunion du comité central de 2009 de l’Uprona a eu lieu, dimanche 11 janvier, organisée par l’aile de Charles Nditije. A Kumugumya où devait se tenir cette réunion, le camp de Concilie Nibigira y a organisé, en grandes pompes, une fête pour le nouvel an. « Gaston a imaginé cette cérémonie hâtivement et nous avons du casquer », s’est lamenté un conseiller a la 2e vice-présidence rencontré à Kumugumya. Aux alentours de Kumugumya, un important dispositif policier et des véhicules anti-émeute attendent de pied ferme le camp Nditije. « J’espère qu’ils viendront pour qu’on puisse roder ces véhicules », plaisante un policier.
Le comite central de 2009 de l’Uprona, qui a vu la présence de tous les représentants provinciaux, a reconduit à la tête du parti Charles Nditije et Evariste Ngayimpenda, lors de cette réunion, et pris une série de résolutions : rompre les relations avec le ministère de l’Intérieur pour toute question en rapport avec le parti, rompre avec le camp de Concilie Nibigira et aller en coalition dans les élections de 2015.
Tatien Sibomana, porte-parole de cette aile de l’Uprona, considère que le ministre de l’Intérieur n’a aucune volonté de laisser le parti Uprona fonctionner comme les autres formations politiques. « Le groupe ultra minoritaire de Concilie Nibigira ne nous concerne plus. Il a pris l’option de servir le parti au pouvoir, nous avons pris acte de cela et nous allons tout faire pour que ce groupe soit politiquement disqualifié. » Le camp Nditije veut que l’autre ne récolte rien en 2015. « A moins que le Cndd-Fdd ne vole des voix pour eux, ce qui m’étonnerait puisque lui-même risque de ne pas en avoir assez », renchérit Tatien Sibomana. Il ajoute qu’aucune démarche ne sera non plus faite vers le groupe qui se dit du milieu, accusé d’avoir fait pression sur les autorités pour que la réunion du comité central n’ait pas lieu.
Coupez les ponts !
« Le camp Nditije n’a jamais eu de contact ni avec le camp de Concilie Nibgira, ni avec nous. Comment peut-il alors couper des ponts qui n’ont jamais existé », s’interroge le député de l’Uprona Bonaventure Niyoyankana, du groupe du milieu. Il ajoute que son groupe n’a pas cherché à empêcher la réunion du comité central : « Nous croyons que seule cette réunion peut régler les problèmes du parti. » Pour lui, le problème du camp Nditije est qu’il ne veut pas reconnaître Concilie Nibigira comme représentante légale suppléante des organes de 2009. Pourtant, souligne-t-il, ce serait respecter les arrêts des deux cours. Les gens du milieu, souligne M. Niyoyankana, veulent conseiller les deux camps pour le bien du parti, mais personne ne veut les écouter.
« Ils ont commencé à couper les ponts en constituant un front commun avec le FNL d’Agathon Rwasa. Nous demandons toujours le retour au bercail des upronistes égarés, car le parti existe toujours et n’est pas la propriété d’un individu », indique Gaston Sindimwo. Mais, se demande-t-il, s’ils disent qu’ils coupent les ponts avec nous et le ministère de l’Intérieur, comment pourront-ils travailler. « Ils iront peut-être dans la Kibira, mais même cette forêt est contrôlée par le gouvernement. Il faut qu’ils reviennent dans le parti pour qu’ils se fassent élire car, après les élections, ils seront devenus des FNL »
Quant au ministère de l’Intérieur, il est catégorique. « Ce n’est plus un parti politique ni une association qui, eux, sont régis par des lois. Et s’ils violent ces lois, ils seront punis », réagit Thérence Ntahiraja, assistant du ministre de l’Intérieur, après la résolution du camp Nditije de ne plus s’adresser a ce ministère. Il ajoute que c’est leur droit de s’adresser à la Cour de l’EAC, mais que le ministère continuera à appliquer la loi.